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LA JUSTIFICATION DU BIEN
Vladimir Soloviev
(Notes de lecture de Jean-François)





Seconde partie

Le Bien vient de Dieu.

Ch 1. L’unité des principes moraux.

◊ Lorsque nous prenons conscience d’avoir offensé quelqu’un,  nous en éprouvons un sentiment de ‘pitié’ pour la personne, de regret par rapport à soi-même et surtout de honte.
Ce dernier sentiment est très profond, si profond qu’au lieu de dire : ‘Ma conscience me reproche de  ...’, on dit ‘J’ai honte de …’ 1.
On peut donc dire que le sentiment de pudeur, vitalement lié à la vie sexuelle, déborde les limites de l’existence matérielle et accompagne, comme expression de la désapprobation morale, la violation de toute norme éthique, à quelque domaine qu’elle appartienne.  

◊ L’essence de la vie animale est la perpétuation de l’espèce ; à ce titre, l’instinct sexuel est chez lui très puissant. Le même instinct est également fort chez l’homme, mais pour Soloviev, à la différence de l’animal, l’homme aurait honte d’être asservi à la loi naturelle de la reproduction considérée comme une fin en soi et éprouverait spontanément le désir de durer par lui-même, pas seulement au travers de l’espèce : il manifesterait ainsi une essence supranaturelle.

◊ Allant plus loin, Soloviev avance que nous avons fondamentalement honte de l’acte sexuel, parce que nous nous y livrons à une force aveugle qui nous maîtrise et, pis, qui est mauvaise, parce que sa fin est elle-même mauvaise : le renouvellement des générations s’effectue pour lui en effet au détriment des anciens et se trouve directement opposé au principe de la solidarité humaine …
Il y a ainsi pour lui une contradiction fatale entre le fait que la procréation est un bien pour la mère, pour le père, pour l’enfant et est en même temps une voie honteuse, impitoyable et impie. Sortir de cette contradiction est, affirme-t-il, ce que nous espérons de nos enfants, attendant qu’ils soient meilleurs que  nous. Mais, fait-il observer, comment peut-on l’espérer sérieusement quand on ne s’emploie pas soi-même à changer de vie ?

◊ Soloviev voit toutefois dans la relation sexuelle humaine un côté positif lorsqu’il s’agit de ce qu’il appelle un ‘état amoureux’. Alors, l’acte transcende le physique parce qu’il a un caractère individuel (il s’agit d’une union avec telle personne) et qu’il tend à la durée (c’est cette personne pour toujours). L’exaltation de l’amour est par conséquent une référence : il montre la voie dans laquelle il faut marcher et le but à atteindre, qui est l’universalité de l’amour.
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 1.  Le difficile aveu en confession de certaines fautes illustre la proposition.


◊ Au lieu d’une interpénétration et communion à la fois corporelle et spirituelle, qui est l’objet de l’amour véritable, pur, dominée par la pulsion physique des sens, l’union des sexes, dans la pratique, tend pour notre auteur à confirmer, renforcer et perpétuer la division de l’être humain.
Le sentiment de pudeur s’oppose à cette tendance au fractionnement. Il tend lui-même à l’exultation d’un amour chaste.

◊ On retrouve dans la vie sociale la même opposition entre l’égoïsme de chacun, l’antagonisme de tous, et le sentiment de la pitié qui s’y oppose.
Tout comme il y a un matérialisme naturel (soumission aux forces de l’animalité) et un égoïsme naturel (ce qui m’est propre passe au dessus de ce qui revient aux autres et m’en sépare), il y a un athéisme pratique naturel, qui est la tendance à faire de soi-même le principe inconditionnel et indépendant de sa vie.
Cette dernière tendance est la plus grave, car elle engendre une séparation mortelle d’avec le cœur de l’univers et interdit de ce fait à l’homme l’entrée dans la plénitude de sa vie, qu’il ne peut à l’évidence trouver en dehors de sa communion avec l’essence de toute chose.

Il est singulier de noter à cet égard que cette séparation ne se traduit pas spontanément comme pour les deux autres tendances par un sentiment de honte (on ne dit pas en effet dans ce cas ‘j’ai honte de …’) mais plutôt par un sentiment de crainte. On pourrait parler ici de pudeur religieuse. On ne peut en effet sans crainte être en contradiction avec la Divinité ou être en porte à faux vis-à-vis d’elle.
A cette dernière tendance s’oppose le sentiment religieux de la piété, qui est reconnaissance du rapport juste avec la Divinité et désir de participer à sa perfection.

◊ Comme les racines de toute réalité vivante se cachent dans les profondeurs de la terre, ainsi en est-il pour celles de la moralité : elles se développent à partir du sentiment de la pudeur, qui tend à faire grandir, s’épanouir l’homme intérieur, et par conséquent à révéler (manifester) la gloire de l’homme intégral (corps, esprit et âme établis dans une parfaite relation).

◊ La continence est donc une nécessité. Mais en premier ordre seulement, s’agissant de garantir d’abord l’intégralité de la personne, c. à d. l’unité ordinaire de son être.
Elle n’est en effet qu’un commencement, car l’homme est un être personnel et social, donc dépendant, solidaire et appelé à une unité d’ensemble, pas seulement à une unité personnelle.
Le sentiment de pudeur se manifeste en ce domaine dans la conscience des actes posés susceptibles d’un retentissement social. On ressent toujours ici (et on emploie le mot) ‘honte’, quand on va à l’encontre du bien commun par le fait de l’égoïsme.
La réaction morale face à ce nouveau mal est le sentiment de ‘pitié’, que l’on peut comprendre comme une ‘pudeur sociale’.

◊ Cependant, l’oeuvre de son unité personnelle et sociale n’est pas au pouvoir de l’homme. L’ordre normal des choses lui demeure caché et se révèle inaccessible lorsqu’il se découvre. C’est contre cette infirmité que réagit le sentiment religieux.  « Ta force est en Dieu ... », dit ce dernier, « tu peux t’abandonner à Lui ... et par Lui entrer dans ta perfection ... l’anomalie de ta vie est que tu n’es pas en communion avec le principe divin ... en rétablissant ton union avec Lui, tu dois, et tu peux corriger cette anomalie. »
Le bien moral est donc un moyen d’atteindre en réalité le bien véritable ou béatitude : le bonheur est un aspect du bien. Il faut vouloir ce qui est bon pour le bon lui-même.

◊ Comment se fait-il alors que l’accomplissement du devoir ne donne pas satisfaction complète et même que la vertu ne donne jamais complète satisfaction? 1
La raison en est que personne n’accomplit jamais son devoir en perfection, parce qu’il ne le veut jamais effectivement tel. Nul n’a la volonté effective de ne vouloir que le bien, et le bien pour le bien lui-même. La volonté de l’homme n’est pas autonome, libre : elle est astreinte à la loi de l’existence matérielle, limitée à ce titre2 .

◊ Le bien est donc séparé du bonheur non par l’essence de ses exigences, mais par les obstacles intérieurs qui s’opposent à leur accomplissement : le Bien parfait, pur, autonome, donne satisfaction parfaite. Il n’est par conséquent pas de contradiction entre l’eudémonisme (morale qui a pour but le bonheur de l’homme) et la moralité pure.
Des sentiments ou des principes moraux sont un bien relatif.
La raison et le sentiment nous poussent à passer au-delà, c'est-à-dire au Bien suprême en son essence absolue, qui n’est soumis à rien d’accidentel, à aucune limitation extérieure.

◊ La conscience nous demande de prendre l’attitude qui convient à l’égard de toute chose. Présente en chacun, elle témoigne de l’ordre moral de l’univers, et par conséquent d’un « législateur » absolu : Dieu et l’âme ne sont pas des postulats, mais des forces agissantes dans la réalité morale.
Ainsi le Bien existe-t-il en soi, et on peut dire que sa mesure va croissant dans l’humanité, non qu’il y ait plus de vertu dans l’humanité, mais en ce sens que le niveau des exigences morales reconnues comme universellement obligatoires s’élève. Comment l’expliquer autrement, selon Soloviev, que par l’effet général positif du milieu moral ou spirituel dans lequel vit l’humanité ? Nous devons admettre la réalité d’un milieu surhumain qui alimente la vie collective de l’humanité et conditionne son progrès moral. Et cette réalité du Bien surhumain s’exerce sur tout ce qui est capable de l’accepter, par conséquent sur la vie morale personnelle de l’homme (pas seulement collective).
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1. Bien des gens peuvent quand même témoigner du contraire ...

2. C’est vrai bien souvent, mais là encore il y a des témoins du contraire.
Ce n’enlève rien à l’affirmation selon laquelle devoir ou vertu et satisfaction ne font pas facilement bon ménage.




 Ch. 2 : Le principe absolu de la moralité.

◊ La nature morale de l’homme, qui s’exprime au travers des sentiments de pudeur et de pitié, lesquels ne sont pas que des phénomènes psychiques mais bien la révélation d’une vérité universelle, est la manifestation d’un principe qui lui est supérieur : celui de son essence spirituelle, supra-matérielle, et celui de son unité essentielle ou de sa solidarité avec tous les êtres.

◊ Tout argument est sans force devant une réalité que nous vivons.
Le fait de la pudeur manifeste que nous ne sommes pas des animaux.
Le fait de la pitié témoigne de l’existence d’autrui comme de soi-même.
La conscience religieuse, témoigne de l’existence d’un être transcendant, dont nous reconnaissons les traits en approfondissant – un être dont nous dépendons, nous et tout ce qui existe, bon, tout puissant, éternel, présent, agissant …

◊ La réalité de la Divinité n’est pas une déduction 1  mais un fait d’expérience.
Cette réalité, perçue dans notre existence temporelle, terrestre, se traduit psychologiquement par un sentiment d’amour révérant qui est comme une triple reconnaissance : celle de notre imperfection (ou indignité), celle de la perfection divine, et celle de la nécessité de nous perfectionner, ce qui est la tâche de notre vie.

◊ D’un point de vue strictement moral, il est clair aussi que la conscience d’un idéal supérieur avec lequel nous ne sommes visiblement pas en  harmonie nous oblige à un incessant effort de perfectionnement.

◊ La plénitude du bien, qui est sa perfection et son unité avec le bonheur, peut être considérée sous trois angles :
- l’absolue et éternelle perfection de Dieu,
- la perfection potentielle de l’homme, dont il a l’idée, dont il conçoit l’idéal,
- l’effort, ou l’œuvre de perfectionnement.
Tout le développement historique du monde, physique autant qu’humain, est un cheminement vers la perfection, son but étant la justification finale du bien reçu pas notre conscience et notre volonté.


◊ Tout comme, dans la nature, l’esprit humain a exigé pour apparaître le plus parfait des organismes physiques, l’Esprit divin, pour s’établir dans l’humanité (le Royaume de Dieu) exige la plus parfaite des organisations sociales 2 .


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 1. Quoique …
 2.  Il faudrait à mon avis ici nuancer l'affirmation, sans lui enlever rien de sa force. Car si en effet il a été possible dans le cours de l'évolution d'aller sans cesse du plus simple au plus complexe sans accident de parcours, les choses étant toujours, à tous les stades, en parfaite correspondance avec le projet sous-jacent, il n'en est pas de même pour l'humanité, qui, dans l'exercice de sa liberté, a introduit et introduit sans cesse l'imperfection dans le dispositif. La perfection sociale vers laquelle s'achemine l'humanité est de ce fait impossible à atteindre naturellement. Elle ne peut advenir un jour que par une action extérieure à l'humanité, qui apparaîtra en temps voulu et dont l'histoire prépare la venue. Il en sera alors comme  au temps de l'incarnation du Fils de Dieu, dont l'humanité n'avait ni mérité ni conquis la venue - et dont la suite a montré du reste qu'elle n'en voulait pas. Quand les temps seront mûrs, le Royaume de Dieu adviendra. Il appartient d'ici là à chacun de se positionner, tous étant appelés à oeuvrer dans le sens voulu, mais personne n'y étant obligé.
A titre personnel, cette remarque est importante. Car ce qui importe d'abord, pour connaître la perfection au moins dans ses prémices dans le temps de notre vie, c'est d'être réceptif à l'annonce du Royaume - ce qui suppose en conséquence l'écoute, la confiance, la foi et la correspondance à celle-ci par les oeuvres.

◊ A la différence de l’évolution cosmique, l’évolution historique s’effectue avec une participation croissante des agents individuels, en sorte qu’à un certain degré de développement intellectuel et moral, l’homme individuel doit inévitablement prendre position par rapport aux grandes questions de l’existence.
Le développement historique se présente donc comme une long et difficile passage de l’état zoo-humain à l’état théo-humain.

◊ Le fait que le monde soit donne à penser qu’il doit y avoir en lui une activité positive de Dieu, qu’il doit donc constituer un moyen, être un passage, et comme les choses ne se font jamais toutes seules, que l’homme y est appelé par Dieu à être un collaborateur volontaire, prenant part à son projet. Ainsi chaque personne a-t-elle en principe vocation à s’unir à Lui, à vivre dans son intimité, en communion, et ainsi encore, l’histoire universelle apparaît-elle comme la réalisation progressive de cette vocation par  tous.

◊ La perfection est un état intérieur que l’on n’atteint que par son expérience propre, qui requiert une purification, c'est-à-dire un effort pour se débarrasser de tout ce qui n’est pas compatible avec un état parfait, et plus que cela, ou autrement dit, une préférence volontaire et constante du bien au mal en chaque chose.

◊ L’objet de la religion est d’unir notre volonté à la volonté de Dieu.
La volonté de Dieu est bonne et elle embrasse tout.
S’unir à elle constitue par conséquent une règle d’or, une règle absolue et universelle d’action.

◊ Avant tout, Dieu nous veut à son image.
En correspondance, nous sommes appelés à manifester notre affinité avec Lui, notre détermination d’atteindre la perfection, à considérer toutes choses à sa manière.
Voir par exemple le mal comme Dieu …
Dieu nie le mal à titre définitif, et en vertu de cette dénégation, le mal est condamné.
Mais il le permet à titre transitoire, comme nécessité pour l’obtention du Bien suprême.

◊ Exigeant de l’homme sa conformité avec Dieu, le principe absolu de la moralité n’abolit pas mais confirme et éclaire toutes les exigences morales particulières qui découlent des sentiments de pudeur et de pitié.
La pitié prend son plein sens quand nous voyons en tout être humain l’image de Dieu, pas seulement un autre nous-mêmes. Nous reconnaissons alors sa dignité absolue, le considérant parce que Dieu le considère, comme Dieu le considère, et au-delà des devoirs naturels d’altruisme à son égard, soucieux de son devenir intérieur, c'est-à-dire de sa ressemblance effective avec Dieu. Logiquement, nous sommes alors amenés à servir dans ce sens les institutions civiles et d’Eglise, qui sont des moyens de vie indispensables, des moyens dont Dieu se sert.
La pudeur aussi prend son plein sens lorsque nous étendons au domaine matériel le souci de la perfection et finissons par voir dans le corps de l’homme la demeure prédestinée de l’Esprit saint et dans la nature l’œuvre de Dieu.
 
Ch. 3 La réalité de l’ordre moral.

◊ Au principe absolu de la moralité correspond en l’homme une aptitude à s’y conformer, personnellement et socialement, sans quoi ce principe n’aurait pas de sens, puisqu’il serait sans effet sur la réalité.

◊ Nous éprouvons Dieu comme un être parfait et absolu.
Notre âme se révèle à nous comme quelque chose de distinct des éléments et des faits matériels, en butte bien souvent à ceux-ci dans la nécessité où elle se trouve de les dominer.
Mais l’expérience nous montre que l’âme et la matière, quoique distincts, ne sont pas séparées : leurs essences sont liées et en interaction constante, et de plus elles ont un sens, qui est la manifestation universelle de Dieu en elles.

◊ La réalisation progressive de cette manifestation correspond à ce que nous appelons du terme de « règne » : règne minéral, règne végétal, règne animal, règne humain, règne de Dieu, autant de plans ascendants d’existence, auxquels on peut associer une signification morale, par exemple :
- Appui solide, fondement, satisfaction de soi, conservatisme … au premier degré. On est, mais on ne vit pas.
- Tension vers la lumière, la chaleur, l’humidité, enracinement dans le minéral, accommodation au temps, au rythme de l’univers, reproduction, abnégation, don de soi … au second degré. La plante existe, vit et meurt.
- Recherche d’une plénitude sensible, distinction du monde environnant, participation active (aux portes de l’amour) à la reproduction, soumission à l’état des choses … , au degré de l’animal.
- Conscience des choses, distinction par rapport à elles, capacité de raisonnement, d’échange, d’abstraction, de bien, de mal et d’amour, perception de l’invisible …, au niveau suivant de l’homme.
Chaque degré n’a pas une fin en soi, mais, tout en demeurant lui-même, participe, en s’y transformant, à l’élaboration et au maintien du degré supérieur, entrant ainsi dans un plan de vie organisé, jusqu’à faire qu’en arrivant à l’homme celui-ci cesse d’être purement homme (au sens charnel du terme) pour participer à son tour au plan de vie de Dieu.

◊ Jésus est l’icône vivante, historique, de l’homme parfait.
Toute la création tend vers la manifestation de cet homme nouveau dans l’humanité :
- En passant du monde minéral à celui du végétal, qui est déjà celui de la vie, apparaît quelque chose d’autre et de plus grand, qui ne s’en déduit pas 1 .
- En passant du végétal à l’animal, apparaît à nouveau quelque chose d’autre et de plus grand encore, qui ne s’en déduit pas plus.
- Ainsi en est-il du  plan humain, qui présente un plus certain par rapport à celui de l’animal, ne serait-ce que parce que son perfectionnement dépend pour une part de lui-même, dans l’exercice de ses facultés de raison et de volonté.
- On conçoit alors que le règne de l’homme spirituel, concevable en Jésus, qui est l’établissement  du Royaume de Dieu, ne puisse advenir comme le résultat ininterrompu d’un monde purement humain.

◊ L’évolution est un fait.
Mais un type inférieur d’existence ne peut créer par lui-même un type supérieur : il assure simplement les conditions préalables nécessaires à sa manifestation. Le contenu positif du type supérieur ne surgit pas tout à coup de rien mais existe de toute éternité : quand il apparaît, il ne fait qu’entrer à un moment de l’évolution dans un autre ordre d’existence, le monde des phénomènes. Les conditions d’apparition du phénomène proviennent de l’évolution naturelle du monde matériel, ce qui y apparaît vient de Dieu 2 .

◊ Les plans fondamentaux d’existence ont entre eux une relation, qui donne à l’ensemble du développement une unité. En effet
- Chaque type d’existence présente une condition nouvelle, nécessaire à la réalisation du but suprême, qui est la révélation de la liberté et de la gloire des enfants de Dieu. De fait, pour en arriver là, un être doit d’abord exister, puis être vivant, ensuite encore raisonnable, enfin parfait : les règnes inférieurs font partie de l’ordre moral, comme conditions nécessaires à sa réalisation.
- En outre, chaque type d’existence tend vers le supérieur, dans lequel il trouve sa justification, manifestant ainsi le caractère finaliste de tout le développement.

◊ Ainsi, le Royaume divin ne supprime rien des types inférieurs d’existence, mais il les met à leur vraie place, comme des organes à la fois spirituels et physiques d’un univers ayant retrouvé son centre.
En l’homme, toute la nature est récapitulée, présente, concentrée.
Et en lui aussi, se trouve la capacité du divin, qui en fait le prêtre de la création, celui qui y retourne tout à Dieu. Mais pour que cette capacité devienne réalité, il a besoin d’être fertilisé par un acte extérieur créateur, qu’on appelle « la grâce  ».  

◊ Entre la perfection absolue et le bien relatif, plus qu’une différence de degré, c’en est une d’essence ou de qualité : la perfection est autre chose que l’aboutissement du bien dans sa tendance vers elle.
Jésus en ce sens n’est pas le dernier mot du règne humain, mais le premier de celui de Dieu en l’homme : il apparaît dans l’histoire, et non à sa fin. La première partie de cette histoire préparait les conditions nécessaires de la révélation du Dieu - Homme dans l’humanité toute entière – la révélation n’est pas encore la réalisation.

◊ Comme il a fallu l’acceptation d’une femme pour l’incarnation personnelle du Christ, il faut que l’humanité accepte l’incarnation universelle du Christ en elle. Sa tâche essentielle est d’accepter le Christ et de considérer toute chose dans son esprit. L’esprit du Christ est pour elle, à la fois le principe absolu du bien et sa plénitude. « Soyez  parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Soyez, pas ‘Sois’ …
Ceci introduit à la question des conditions qui déterminent la réalisation concrète, historique, de la Société parfaite (ou de l’homme collectif parfait).

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1.  Il serait absurde en effet de penser que le plus puisse être une production du moins, que quelque chose puisse provenir de rien.

2.  A noter toutefois que ce qui est ne cesse jamais de provenir de Dieu, en qui tout est dans un éternel présent

Et en lui aussi, se trouve la capacité du divin, qui en fait le prêtre de la création, celui qui y retourne tout à Dieu. Mais pour que cette capacité devienne réalité, il a besoin d’être fertilisé par un acte extérieur créateur, qu’on appelle « la grâce 1  ». 

◊ Entre la perfection absolue et le bien relatif, plus qu’une différence de degré, c’en est une d’essence ou de qualité : la perfection est autre chose que l’aboutissement du bien dans sa tendance vers elle.
Jésus en ce sens n’est pas le dernier mot du règne humain, mais le premier de celui de Dieu en l’homme : il apparaît dans l’histoire, et non à sa fin. La première partie de cette histoire préparait les conditions nécessaires de la révélation du Dieu - Homme dans l’humanité toute entière – la révélation n’est pas encore la réalisation.

◊ Comme il a fallu l’acceptation d’une femme pour l’incarnation personnelle du Christ, il faut que l’humanité accepte l’incarnation universelle du Christ en elle. Sa tâche essentielle est d’accepter le Christ et de considérer toute chose dans son esprit. L’esprit du Christ est pour elle, à la fois le principe absolu du bien et sa plénitude. « Soyez  parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Soyez, pas ‘Sois’ …
Ceci introduit à la question des conditions qui déterminent la réalisation concrète, historique, de la Société parfaite (ou de l’homme collectif parfait).


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1.  Soloviev n'aborde pas ici la question "du salut" qui, me semble-t-il, fait question. Car si l'homme a sans doute besoin d'être "fertilisé", il a d'abord besoin d'être sauvé, ce qu'il est par grâce justement. Son salut est un préalable, qui n'a pas à voir avec l'évolution. C'est peut-on dire un rattrapage de celle-ci. Soloviev souligne toutefois que Jésus n'est pas le produit de l'évolution historique, mais la manifestation de Dieu Lui-même et l'incarnation de la Perfection


décembre 2007


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