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La justification du
bien
V. Soloviev
( notes de lecture)
◊ Une
seule voie mène à la plénitude de vie
à laquelle nous aspirons tous et en assure
l’éternité : c’est
celle du Bien. Elle trouve
son fondement dans la connaissance de la Vérité et
son accomplissement dans la Justice qui en
découle.
A ce titre, pour l’homme collectif comme pour
l’homme individuel, le choix de ses
‘Valeurs’ dans l’existence, loin
d’être indifférent, est vital.
◊ La Vérité n’est pas
discutable en elle-même. Par définition, elle est.
Certains disent : « Il n’y a pas de vérité.
Toute vérité est relative ».
En fait, ce n’est pas la Vérité qui est
relative, c’est la conscience, ou la connaissance que
l’on en a.
◊ La vie doit avoir un sens parce qu’elle est. Miracle
…
Pour Soloviev, ce sens ne peut être trouvé que
dans le Bien. Car en soi la vie est bonne. Or le Bien ne
s’impose pas de l’extérieur. Il se fait
rechercher, découvrir, connaître et choisir.
Les fondements de la vie qu’il établit
s’élaborent peu à peu et prennent des formes
différentes suivant les époques, au fur et
à mesure que s’élève le degré de
conscience de l’humanité.
Si les formes du Bien ont
évolué jusqu’ici avec le temps, on ne peut
penser qu’elles sont aujourd’hui définitives, et par
conséquent faire l’économie d’une
réflexion de philosophie morale : le sens de la vie, tel que le
conçoit Soloviev, requiert de l’homme qu’il le
recherche, qu’il le trouve, qu’il le
choisisse et qu’il se l’assimile librement, par la foi,
la raison et l’expérience.
◊ Dans cette recherche, il convient donc
de ne pas confondre le Bien, qui est absolu, avec ses
formes, qui, elles, sont relatives.
On ne peut faire de la
forme un absolu. Il peut arriver en effet qu’elle
trahisse le Bien. S’il est bon par exemple de se
soumettre à l’autorité, à la loi,
à l’ordre, c’est sous condition toutefois
que ceux-ci n’aillent pas à l’encontre de
la justice.
On ne peut non plus rejeter
la forme. La forme est nécessaire. Pour reprendre
l’exemple précédent, on convient
aisément que l’on ne peut pas vivre en
communauté sans loi ni sans
autorité.
◊ On ne peut jamais tenir pour absolument bon que ce qui est,
en soi, intrinsèquement
bon - et pareillement - on ne peut tenir pour
absolument mauvais que ce
qui est, en soi, intrinsèquement mauvais.
Tout en dehors est contingent.
Une seule voie mène à la
plénitude de la vie et en assure
l’éternité : celle du Bien.
Le sens moral de
l’existence consiste à servir le Bien - pur, absolu,
universel. |
◊ L’homme porte en
lui l’idée du bien, en tant que vision universelle
du sens de l’existence et conséquemment en tant que
norme universelle des comportements.
◊ Mais l’idée du bien, on l’observe,
est contingente quant à
son contenu. Celui-ci n’est pas le même en effet
à toutes les périodes de l’histoire, ni dans
toutes les nations. L’idée du bien doit par
conséquent – et on le constate - évoluer avec
le temps, au fur et à mesure qu’avance
l’histoire de l’humanité. Son exigence
d’universalité l’amène,
l’expérience aidant, à donner peu à peu
à la notion de ‘bien’ un contenu effectivement
universel parce que se révélant nécessaire : ce contenu fait
tout l’objet de la
philosophie morale ou de la science
éthique.
◊ La philosophie morale est par nature intimement liée avec la religion, et par méthode liée
aussi avec la philosophie
spéculative. Elle n’est toutefois
dépendante ni de l’une, ni de l’autre.
◊ L’autonomie de cette philosophie par rapport
à la religion se conçoit aisément.
La justesse de conduite n’est pas en effet le monopole
des croyants d’une religion quelconque, fussent-ils
chrétiens. Les ‘païens’ peuvent aussi bien
en faire montre. On l’observe. La raison en est que la loi morale est naturelle
– c. à d. inscrite dans le cœur de l’homme
qui, peu ou prou, la reconnaît. Elle est aussi que la
grâce de Dieu est donnée à qui Il veut, pas
seulement aux croyants.
Loin par conséquent que la religion soit en charge de
les concevoir et de les édicter, ce sont en fait les
règles morales qui s’imposent à elle.
◊ L’autonomie de la philosophie morale par rapport
à la philosophie spéculative est moins
évidente et pose trois questions :
- Le Bien est-il connaissable par
la raison ?
- Peut-on avoir une certitude
objective de la connaissance éventuelle acquise ?
- L’homme est-il libre de
ses actions ?
◊ Le Bien est-il
connaissable par la raison ? A cette question la
réponse est affirmative, parce que l’objet à
connaître, le Bien, nous est intérieur. Il a sa source
en nous.
◊ Peut-on avoir une
certitude objective de la connaissance éventuelle acquise
? La réponse est ici encore positive, parce que
nous faisons l’expérience de
l’objet, le Bien, dans ce que nous appelons la
‘conscience’.
◊ L’homme est-il
libre de ses actions ? Il n’y a pas en effet de
moralité à considérer dans des actes là
où il n’y a pas liberté d’être. La
réponse est toujours affirmative.
Nous constatons que si nous naissons avec un psychisme qui
pour une bonne part détermine nos choix et nos
comportements, en sorte que la loi morale est rarement la raison
suffisante d’une action quelconque, nous constatons aussi que
nous avons une certaine conscience de nous-mêmes et de nos
actes qui nous permet de dominer un tant soit peu et
nous-mêmes, et ces derniers : ainsi portons-nous
spontanément des jugements sur les actes que nous posons ou
sur ceux qui sont posés par autrui, sous entendant
toujours une responsabilité, et donc une part au moins de
liberté. Par ailleurs, l’éducation ou le
travail sur soi montre que le déterminisme psychique est
loin d’être absolu : on peut corriger la vue que
l’on a des choses, les comportements spontanés, les
fins que l’on poursuit.
C’est un fait d’expérience par ailleurs
que l’homme peut faire le bien au nom du bien lui-même,
par respect du devoir ou de la loi morale, en contradiction avec
son intérêt égoïste.
Il n’y a donc pas
déterminisme absolu.
Le libre arbitre concerne le seul positionnement par rapport à la loi
morale, en aucun cas le contenu de celle-ci. Si en effet, en
en ayant conscience, j’accepte la loi morale, si je la
respecte, la préfère à toute autre chose,
sa mise en pratique
s’impose à moi. C’est pour moi une
nécessité morale. L’activité qui en
découle est libre, au sens relatif où elle est affranchie
d’une nécessité mécanique ou
psychologique – c’est un choix que je fais – mais
non au sens de la nécessité interne du Bien absolu,
qui est, et qui m’est supérieur.
Première partie :
le Bien dans la nature humaine.
Ch. 1 : Les
données primordiales de la moralité.
Toute doctrine morale doit être en harmonie avec la
nature même de l’homme, avoir en cela un fondement
universel, à moins d’être arbitraire, par
là déviante, et un jour rejetée.
Cet ancrage dans la nature humaine, Soloviev le discerne dans
trois sentiments précisément naturels, innés,
qu’il observe universellement chez l’homme, même
si c’est à des degrés divers, qu’il
appelle la pudeur, la pitié et la
piété.
◊ La pudeur. L’homme éprouve de fait une
certaine honte à se montrer nu et tend à cacher
l’acte physiologique lié à sa reproduction. Il
éprouve également une certaine honte à se
montrer lâche, c'est-à-dire dominé par
l’instinct de sa conservation. Le sentiment de la honte,
connexe à celui de la pudeur, est spécifique de
l’homme. Par le fait qu’il l’éprouve,
l’homme manifeste qu’il ne s’assimile pas
à son animalité. La pudeur implique par essence une
certaine condamnation de l’objet auquel elle s’applique
: ce dont j’ai honte je le juge mauvais, indu ou
déplacé. Je le cache autant que possible.
◊ La pitié. C’est le second sentiment qui
caractérise l’être moral de l’homme. En
russe c’est le même mot qui exprime l’amour et la
pitié, un sentiment fait de sympathie, de solidarité,
de compassion spontanées envers son prochain, et plus
largement même, de tout être vivant 1 . L’amour des parents pour
leurs enfants et de ceux-ci pour les premiers en est une
manifestation privilégiée. Il peut croître, ou
au contraire décroître suivant
l’éducation reçue, les lois, les moeurs et les
choix de vie personnels, mais son essence foncière est une
dans tout le genre humain et demeure au fond des
cœurs.
◊ La piété. Ainsi donc, si la pudeur et la
pitié caractérisent l’attitude fondamentale de
l’homme vis-à-vis pour l’une de sa nature
matérielle et pour l’autre de tout être vivant,
il est un autre sentiment qu’il éprouve
spontanément, obscurément au moins, que Soloviev
appelle la piété : un sentiment de
révérence spontanée à
l’égard de quelque chose d’invisible qu’il
pressent, et ressent comme plus grand que lui, supérieur
à lui, sentiment à la base de l’ordre religieux
de sa vie 2 . Darwin, qui
l’évoque lui-même, en voit déjà
une manifestation rudimentaire dans le monde animal (par exemple
dans l’attachement et la soumission du chien à son
maître).
◊ Ainsi Soloviev voit-il dans la maîtrise de la
sensualité, la solidarité avec autrui et la
soumission intérieure à un principe transcendant, les
fondements universels et immuables, parce que naturels, de la vie
morale de l’humanité. Les vertus ne font qu’en
découler.
◊ On note que dans le jugement que l’on porte sur
les comportements ambiants, on trouve honteux ce qui a trait
à la volupté, à certains vices comme la
boisson, effectivement aussi la lâcheté, parce
qu’ils ternissent le visage de la personne, alors que
différemment, on trouve odieux ou révoltants
d’autres manières d’être comme
l’orgueil, la violence, la cupidité,
l’impiété …, qui concernent elles les
devoirs envers Dieu et le prochain.
◊ En passant de la pudeur à la pitié et
à la piété, on quitte le domaine de la
sensation pure et on entre dans un autre, qui nécessite une
certaine connaissance, par suite une certaine initiation et en
définitive une certaine conscience. Pudeur et conscience
parlent un langage différent, mais le message est le
même. La pudeur dit : ceci n’est pas digne. La
conscience ajoute : ceci est mauvais ou défendu, si tu le
fais tu commets une faute.
.
En outre de sa visible nature animale, l’homme a une
nature spirituelle.
Il est par là apte à concevoir et
respecter une norme de comportement absolue : le bien.
_________________________________________________________
1 Dans tout ce qui suit, le
mot "pitié" est
à comprendre dans ce sens large.
2 Dans tout ce qui suit, le
mot "piété" est
à comprendre dans ce sens large.
Ch. 2 : Le rôle du principe
ascétique dans la moralité.
◊ C’est un fait que
la nature animale cherche à dominer en
l’homme.
C’est un fait aussi que l’homme ressent la
nécessité de ne pas laisser
l’élément inférieur dominer en lui :
cette tendance innée vers la dignité
s’élève avec la raison à la hauteur
d’un principe d’ascétisme.
◊ L’ascétisme ne condamne pas la
chair.
Aucune religion sérieuse au monde du reste ne
considère objectivement la nature dans son essence ou ses
manifestations comme un mal. Mais toutes admettent le fait que du
mal existe dans la nature matérielle du monde et de
l’homme.
◊ L’homme normal n’a aucune honte à
être une entité corporelle ou matérielle, avec
une forme, des dimensions, un poids etc. C’est au moment
où il se trouve confronté avec la vie
matérielle du monde, avec laquelle il peut se confondre, que
survient la conscience de devoir en demeurer distinct et de se
tenir au dessus d’elle. En d’autres termes, c’est
l’empiètement de la vie « matérielle
» (dans laquelle la sensualité fait un poids
considérable) sur les sens spirituels qui provoque la
réaction de ceux-ci : la norme qui s’impose
d’elle-même est que la vie charnelle doit être
subordonnée à celle de l’esprit.
◊ L’animal participe à la vie de
l’univers.
Cependant la conscience du monde lui échappe. Il ne
sait rien de ses raisons et de ses fins. Sa participation au grand
mouvement de l’univers est purement passive,
instrumentale.
◊ L’homme participe aussi à la vie de
l’univers.
La conscience qu’il en a, la liberté
d’action qu’il y connaît, font de lui un
participant actif au même mouvement de l’univers. La
question est simplement pour lui celle de se positionner
positivement, en recherchant le but de ce mouvement, qui est le
bien.
◊ Or c’est un fait d’expérience intime
que deux courants se rencontrent en nous, l’un visant
à réaliser dans l’ensemble de notre vie
l’idée du bien, l’autre charnel (au sens
évangélique du terme) tendant à sa
satisfaction exclusive, ‘animalité’ qui sort de
ses limites, cesse de servir comme matière ou fondement de
la vie spirituelle et tend à absorber le principe
spirituel.
◊ Il est à remarquer à ce propos que si
dans leur essence l’esprit et la matière sont
hétérogènes, ils sont toutefois
inséparables, l’esprit étant manifesté
dans le corps de l’homme concret et se présentant
comme une sublimation de l’âme animale – on
pourrait dire, pour mieux comprendre, que l’être
spirituel et l’être de chair sont un peu comme deux
espèces d’énergies transformables l’une
dans l’autre.
◊ La chair, par elle-même, c’est une
existence qui ne se possède pas, une faim insatiable, une
tendance à se perdre qui s’achemine vers sa
dissolution.
Tout au contraire, l’esprit est une existence qui se
connaît, qui se possède et qui se tient.
Le corps humain n’a aucune importance morale propre.
Mais il est un enjeu, en tant qu’ « instrument
», tant pour la chair que pour l’esprit : le
problème de l’homme est l’opposition des deux
à laquelle il a affaire, quand les deux devraient être
naturellement ordonnés l’un à
l’autre.
◊ Comprenant donc les choses ainsi, on voit que la chair
est forte de la faiblesse de l’esprit et que sa
domination absolue est la mort de celui-ci 1 . Le fondement de tout
ascétisme moral est par conséquent la recherche de
l’harmonie entre la chair et l’esprit, la
première devant être soumise au second et à son
service. Ainsi le principe ascétique a-t-il une double fin
:
- la préservation de la vie spirituelle contre les
empiètements du principe charnel,
- la glorification de l’esprit au travers de la
chair.
Pratiquement, il est deux domaines dans lesquels le poids de
la chair se fait particulièrement sentir, celui de la
nutrition, et celui de la reproduction.
Soloviev signale en passant que la vigilance
nécessaire pour avoir la maîtrise dans ces deux
domaines est fortifiée par celle de deux autres fonctions de
l’organisme qui ne sont pas difficiles à dominer et
n’ont pas, elles, de répercussions morales : la
respiration et le sommeil.
Le contrôle de la respiration, comme l’enseignent
bien des religions et quantité de méthodes
appliquées à la recherche d’une excellence
quelconque, accroît la force de l’esprit.
_____________________________________
1 A ce propos, une
réflexion s’imposerait sur le sens de la boisson et
sur celui de la drogue, deux vices qui asservissent directement et
immédiatement l’esprit par la chair, séduisant
le premier et ruinant l’un et l’autre.
Le sommeil quant à lui, par le
fait qu’il est interruption temporaire de
l’activité du cerveau et du corps, affaiblit le lien
entre vie spirituelle et vie corporelle. Excessif ou mal conduit,
il fait le jeu de celle-ci au détriment de celle-là.
Sa discipline tonifie l’esprit.
◊ Quoiqu’il en soit,
l’abstinence et le jeûne sont des exigences à
quelque degré incontournables pour acquérir la
maîtrise des sens, aussi bien en matière de nutrition
que de vie sexuelle : il s’agit de préserver toujours
l’éveil, la lucidité et la force de
l’esprit, ainsi que la clarté de la conscience.
L’abstinence en particulier est la voie, l’unique voie,
qui amène à la chasteté, c'est-à-dire
à la maîtrise de la chair en matière de
sexualité et à la pureté de
l’esprit.
On note qu’il ne s’agit pas
de lutter contre des fonctions de l’organisme mais contre des
états psychiques.
Le procédé par lequel un
désir inopportun s’empare du moi comporte trois
étapes :
- surgit d’abord dans
l’esprit l’idée de quelqu’objet ou action
indésirable. A ce stade, un simple acte de volonté
repoussant cette pensée suffit 1.
- A défaut de cet acte de
volonté, l’imagination prend le relais et commence
à obliger l’esprit. A ce stade, un simple acte de
volonté visant à repousser l’idée ne
suffit plus. Il devient nécessaire d’abstraire
l’esprit par une pensée qui l’en
détourne, ayant un objet différent ou
opposé.
- A défaut de son
détournement, l’esprit cède. Quand on en est
là, un travail moral pratique est nécessaire pour
rétablir l’ordre intérieur
perdu.
Personne ne peut faire
honnêtement objection à l’ascétisme,
c'est-à-dire à l’abstinence
élevée en principe de vie. La domination de soi
qu’il permet d’acquérir, qui est sa seule
justification, peut toutefois être utilisée pour mal
faire : le diable ne mange pas, ne boit pas, ne dort pas, ne
fornique pas … qui pourtant s’emploie à mal
faire et y parvient puissamment.
On doit donc avoir conscience que
...
... la valeur morale de
l’ascétisme est incontestable,
à condition qu’il soit
subordonné au principe de
l’altruisme,
c’est à dire à une
attitude droite et bienveillante envers les
autres.
____________________________________
1. Il est intéressant
à ce propos de revenir aux premières lignes de la
Genèse. Dans l'esprit de la femme, qui représente
l'humanité, vient en effet d’abord l'idée de
manger du fruit défendu. C’est le premier temps. Elle
s'y arrête et visualise (elle vit que le fruit était
désirable, puisque ...). Deuxième temps. Elle
n'abstrait pas son esprit et elle cède. Troisième
temps.
Maintenant que l'humanité en est
là, elle n'a plus le choix : un travail moral pratique et un
secours extérieur lui sont nécessaires pour
rétablir l’ordre intérieur
perdu.
Il
est intéressant aussi de se remémorer la tentation de
Jésus au désert. L'idée vient à son
esprit. Premier temps. Il ne visualise ensuite apparemment pas:
c’est le démon qui, ayant échoué une
première fois, est obligé de lui faire voir les
choses - il le transporte au sommet du temple, une autre fois il
lui montre tous les royaumes de la terre. Second temps.
Jésus détourne alors sa pensée: Il se reporte
à la Parole de l'Ecriture. Abstraction de l'esprit. Il n'y a
pas de troisième temps.
Ch. 3 : Pitié et
altruisme.
◊ Tous les êtres vivants sont
liés entre eux, et avec tout ce qui est, par le fait de leur
existence simultanée dans un seul et même monde et par
l’unité de leur origine. C’est là
donnée d’observation. Ainsi peut-on comprendre le
sentiment de compassion, ou de pitié, comme expression
d’une solidarité naturelle et évidente avec
tout ce qui existe.
◊ Le sentiment spontané de
solidarité, de compréhension, de compassion, de
bonté qui porte à aider ou secourir qu’il
éprouve envers son semblable et envers toutes les
créatures, que Soloviev appelle la « pitié
», unit l’homme avec tous les être
vivants.
C’est ce sentiment qui est en
principe la base de toute relation bonne, parce que la
compassion est purement altruiste et que son champ
d’application est universel. Cela seul est
véritablement bon en effet qui l’est en soi, et qui
donc le demeure toujours. Avoir pitié pour tout ce qui
souffre, indéniablement, est toujours et
inconditionnellement bon. La conscience universelle reconnaît
que la pitié est un bien, et dit de l’homme qui en
fait preuve qu’il est
‘bon’.
◊ Cependant, si pitié ou
compassion constituent un fondement effectif de moralité,
c'est-à-dire de vie droite, ce sentiment n’est pas la
base unique de l’altruisme ni de toute
moralité.
En
effet, en outre des relations entre les personnes en
général et de celles-ci avec leur environnement, la
moralité affecte, on l’a vu, le domaine de la
personne en soi (cf. ce qui a été dit à propos
de l’ascétisme), celui encore des relations entre
elles de personnes particulières (comme celles de la
famille) et celui, essentiel, des relations de la personne avec ce
qui la transcende.
◊ La véritable essence de la
‘pitié’ ou de la ‘compassion’
n’est donc pas un sentiment, mais la reconnaissance de la
dignité inhérente à autrui, de son droit
à l’existence et de son droit à un bonheur
possible. ‘Pitié’ et ‘compassion’ ne
sont pas seulement des sentiments qui s’éprouvent,
d’ordre psychologique ; ce sont aussi des concepts
d’ordre logique, qui découlent des notions de
vérité et de justice.
La
vérité, c’est que d’autres êtres
sont semblables à moi.
Et
la justice, c’est que je me comporte avec eux comme je
voudrais qu’ils se comportent avec
moi-même.
Une
relation dans laquelle l’autre est considéré
pour autre chose que ce qu’il est en réalité
est négation de la vérité ; les actes qui
s’en suivront ne pourront être
qu’injustes.
Une
relation dans laquelle l’autre est considéré
pour ce qu’il est en réalité, un autre
moi-même, est, elle, conforme à la
vérité : les actes qui s’en suivront seront
justes.
La
pratique de l’altruisme peut se résumer en deux
règles distinctes mais non
séparables:
- ne
fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on
te fasse à toi-même, et
- ce
que tu voudrais que les autres fassent pour toi, fais-le
toi-même aux autres.
Ch. 4 : Le principe
religieux dans la
moralité.
◊ C’est encore un fait
d’observation que les sentiments qui se vivent en famille ne
découlent pas d’abord de la pitié ou de la
compassion.
L’enfant en effet reconnaît
spontanément la supériorité de ses parents sur
lui-même et sa dépendance vis-à-vis d’eux
; il éprouve envers eux de la révérence,
d’où découle pour lui l’obligation
naturelle de son obéissance. L’amour des parents pour
leurs enfants est marqué par la même
inégalité, mais en sens
opposé.
Les
uns et les autres dans la famille sont par nature inégaux et
cette inégalité est précisément le
fondement des relations particulières qui s’y vivent :
relations qui ne sont pas contraires à la justice, mais qui
contiennent quelque chose qui s’y
rajoute.
◊ Dans cette relation
particulière des enfants et des parents, Soloviev voit la
racine naturelle de la moralité religieuse 1 . Selon lui, les impressions
qu’un enfant reçoit à l’origine de ses
parents génèrent en lui l’idée
d’un être supérieur 2 , vis-à-vis duquel on
éprouve des sentiments d’amour
révérenciel mêlé de crainte :
l’idée de la divinité prend corps pour une
humanité encore dans l’enfance dans l’image
vivante des parents.
◊ L’enfant grandissant
recueille la mémoire des anciens et de ses ancêtres :
le culte des parents vivants est relayé par celui des
parents trépassés, revêtus d’une
majesté mystérieuse. La mort donne ainsi à
l’humanité ses premiers dieux. La puissance des
défunts n’est limitée par aucune des conditions
de l’existence matérielle et corporelle. Leur culte
comporte l’élément moral de respect et
d’amour filial, qui se différencie clairement du
simple altruisme. Avec le temps il acquiert un caractère
spécifiquement religieux, c'est-à-dire d’une
relation avec d’autre êtres que ceux qui appartiennent
au monde des ‘vivants’. Le prototype des esprits,
c’est l’âme des ancêtres. Les
fétiches, les idoles sont à comprendre comme les
sièges visibles de leurs esprits, ou d’autres esprits.
Par une évolution naturelle se forment les dieux des
communes, des tribus et, de proche en proche, la conscience
religieuse de
l’humanité.
____________________
1. En dehors du point de vue que
développe ici Soloviev, il est clair que les relations
familiales sont de même nature que les relations d'ordre
religieux, dont elles donnent par conséquent la clef, parce
qu'elles en sont l'image.
2. Peut-être. Mais on peut quand même se demander s'il
n'y a pas aussi en l'homme, naturellement, un sentiment, une
intuition ..., appelons cela comme on voudra, qui lui fait
pressentir naturellement l'existence d'un monde invisible, d'une
puissance cachée mais agissante, supérieure à
lui, vis-à-vis de laquelle il a des obligations, quelque
part dont il dépend ... ?
◊ Quoiqu’il en soit de
l’idée que les hommes se font de la divinité,
et des formes consécutives que peut prendre son culte, le
principe moral de la « piété » est
universel, qui traduit la reconnaissance d’un être
supérieur dont on est dépendant, dont on
désire, ou dont il faut, accomplir la volonté
par-dessus la sienne propre.
◊ Toute la question est de savoir
si cette dépendance a un sens, c’est à dire une
réalité ?
Car si elle n’en a pas, à
quoi bon des préoccupations rationnelles en matière
de morale ? Si ma nature spirituelle ne m’amène nulle
part, pourquoi me refuser les plaisirs de la chair ? Si
l’essence du monde est un hasard et l’existence une
souffrance, pourquoi aider les autres ? Pourquoi prolonger ma vie ?
ou celle d’autrui1
?
◊ Je ne puis faire le bien
consciemment et rationnellement que si je crois que le bien a une
signification objective dans le monde, c'est-à-dire
qu’il y a un ordre moral, une Providence dont il
procède, un ‘Dieu’. Cette foi, qui va avec la
vie, est antérieure à toute conception et
institution religieuse, comme à tout système
métaphysique : elle constitue ce que l’on appelle la
« religion naturelle ».
◊ La religion naturelle donne un
fondement rationnel aux exigences de la moralité. Elle
s’impose d’elle-même. Elle pose en principe que
puisque le monde est, il doit avoir un sens, et puisque je fais
partie de ce monde, ma vie aussi doit avoir un sens. Et
puisqu’il y a un sens à considérer, cela
signifie que tout doit dépendre d’un « Principe
» spirituel suprême agissant, qui le fonde et
mène toute chose vers son accomplissement. Et ainsi,
logiquement, la religion naturelle conduit-elle à
reconnaître en tout la main d’une Providence et
à lui soumettre toute action.
◊ L’idée que
l’humanité se fait du « divin », de sa
façon de correspondre avec lui et de sa façon de le
servir ne cesse d’évoluer, au fur et à mesure
de sa croissance spirituelle, mais l’attitude religieuse et
morale de soumission libre est, elle, universelle et
intemporelle.
◊ On note que si
l’idée d’une Providence universelle et celle de
la subordination de toute chose à ses vues s’offrent
naturellement à la raison,
- elles ne s’imposent toutefois
pas et requièrent de chacun une libre
réponse,
- et leur acceptation va naturellement
de pair avec une attitude morale juste de chacun envers son
semblable et envers la Création.
__________________
1. C'est bien logiquement la
question de l'avortement et de l'euthanasie, et par ailleurs du
suicide.
Ch. 5 : Les
vertus.
◊ On peut voir dans les fondements
de l’ordre moral que sont la pudeur, la pitié et le
sentiment religieux à la fois 1) des vertus, 2) des
règles de comportement et 3) la condition d’un certain
bien.
La pudeur par exemple, est reconnue
comme une qualité naturelle, une
vertu.
Elle se traduit par une façon
d’être, concrète. Elle induit une norme
d’action, de jugement. Et cette norme mise en pratique
apporte un bien inaccessible sans elle – le contrôle de
soi, la liberté de l’esprit, le pouvoir de celui-ci
sur l’existence matérielle, en bref une satisfaction
qui est un bien, à l’évidence
moral.
On peut expliciter les choses de
manière analogue pour la pitié et pour la
piété et généraliser : Il y a une
liaison intime et indissoluble entre une vertu - les
règles d’action qui lui correspondent - le bien moral
qui en résulte.
◊ Une vertu est donc une
qualité d’être qui conditionne la relation
normale (et due) envers tout.
Son exercice est appelé à
prendre des formes différentes selon l’objet auquel
elle s’applique, qui relève obligatoirement des trois
niveaux : inférieur (monde matériel), égal
(domaine de l’humain) ou supérieur (domaine du
divin).
◊ La vertu ne porte toutefois pas
en elle-même sa justification ; elle la trouve dans sa
conformité avec les normes fondamentales de la
moralité : elle est ordonnée au bien, mais elle
n’est pas le bien. Elle n’est vertu que si elle est
conforme aux normes du devoir.
La sagesse et la justice, par exemple,
vertus par excellence, qui font partie, avec la tempérance
et la bravoure, des vertus cardinales (cf. Platon), ne sont pas des
vertus indépendantes de l’objet auquel elles
s’appliquent. La sagesse par exemple, en lui attirant le
succès auprès des femmes, a détourné
Salomon de sa route. Et la justice appliquée sans
compréhension ni miséricorde est une brutalité
qui révolte.
Les vertus théologales
relèvent aussi de la même observation : toute
espèce de foi n’est pas vertu, non plus que toute
espèce d’espérance ni toute espèce de
charité, mais seulement celles qui sont conformes à
la Vérité, c'est-à-dire à
l’être de Dieu.
◊ Si donc la vertu est
ordonnée au Bien, la question est de savoir ce qui fonde
celui-ci.
Les normes de la morale ne peuvent
s’appuyer uniquement sur un sentiment, fût-ce un des
trois fondamentaux. Elles doivent aussi trouver une justification
logique, qui se déduise d’un donné
incontestable.
Ce donné est celui de la
Vérité. On ne peut nier par exemple que
…
- La Vérité nous oblige
à subordonner notre nature physique à notre nature
spirituelle (si nous ne le faisons pas, c’est à notre
détriment).
- La Vérité nous oblige
à traiter nos semblables comme tels (si nous ne le faisons
pas, nous sapons le fondement de notre propre
respectabilité).
- Si nous avons conscience de
l’existence d’un principe supérieur, la
Vérité nous oblige à nous comporter
vis-à-vis de lui avec la révérence qui lui
revient.
◊ Quand donc la raison, mue par le
sentiment, a donné un centre éthique à
celui-ci et l’a compris comme un devoir, celui-ci
devient un principe indépendant de conduite morale. Sans
lui, les impulsions naturelles que sont nos sentiments, instables
par nature, ne peuvent avoir une importance décisive en cas
de conflit avec des motifs opposés.
◊ Mais la conscience de ce qui se
doit, de ce qui est juste, a rarement une force suffisante dans la
réalité des faits. Il conviendrait donc de trouver un
principe pratique qui serait certes moralement obligatoire, mais
qui serait aussi, en même temps, hautement désirable :
un principe inné, compréhensible et
efficace.
Une question importante se pose :
existe-t-il un Bien suprême désirable par tous
?
Ch. 6 : Les faux principes fondamentaux de la
philosophie morale.
◊ On peut définit le bien
moral comme l’attitude qui s’impose à
l’égard de tout.
Mais ce bien, entendu comme norme
idéale de la volonté, ne coïncide pas, on le
constate, avec celui entendu comme objet effectif du désir
:
- Tous n’en ont pas conscience en
effet ou ne le désirent pas – de leur point de vue, le
bien n’en est pas un.
- Parmi ceux qui le désirent,
tous ne sont pas capables de surmonter pour lui les tendances
opposées qu’ils ressentent, en sorte qu’en fait
le bien est pour eux plutôt une idée qu’un bien
réel.
- Ceux enfin qui le poursuivent se
voient impuissants à y convertir le monde dans son ensemble,
en sorte qu’en fait le bien n’est pas pour eux comme
tel suffisant.
◊ Du fait de cette divergence entre
la ‘norme’ et le désir, le bien entendu comme
bonheur (objet universel de désir) tend à se
distinguer du bien moral (ce qui est juste et bon, et qui
s’impose à tous) et à s’imposer, sous une
forme ou sous une autre, puisque naturel, comme norme
générale de comportement. De là de faux
principes, comme le plaisir en soi (ou hédonisme),
l’eudémonisme, l’indifférence ou
l’utilitarisme.
◊ Du bien et de
l’hédonisme.
Lorsque au lieu de ‘ce qui doit
être’ on met ‘ce qui est désirable’,
le bien se ramène au plaisir.
Ce point de vue s’avère
dans la pratique totalement insuffisant :
- Il n’y a pas de plaisirs
uniques, universels, qui s’imposent à tous ; chacun
fait en la matière ce qui lui plaît, en sorte que
l’ensemble ne peut être cohérent ni
viable.
- Avec le temps les plaisirs
évoluent, changent ou disparaissent et la vie
même finit par perdre son prix, en sorte que le bien ainsi
entendu à un certain stade ne peut plus être
satisfaisant.
- Il est chez l’homme des
tendances antinaturelles, voire perverses, qui, bien que donnant du
plaisir ou procurant des satisfactions, conduisent
inévitablement à la ruine et à la
destruction.
- Il est également chez
l’homme une raison qui le porte à émettre des
jugements sur ce qu’il vit ou sur les conséquences de
ce qu’il vit, de sorte qu’il ne peut s’abandonner
comme il le voudrait au plaisir pour en être comblé et
qu’il ne peut non plus y attacher raisonnablement
l’ordonnancement de sa vie.
- De l’idée de plaisir ne
se dégage aucune règle de conduite qui permette
d’en optimiser l’obtention et la
jouissance.
- La recherche du plaisir
s’effectue à l’occasion contre la raison 1 , par le simple fait
d’une impulsion aveugle.
◊ Du bien et de
l’eudémonisme.
On peut considérer le bien
suprême comme la possession de biens qui, en leur
totalité ou en leur résultat final, maximise les
satisfactions et minimise les souffrances.
Dans ce cas, le plaisir immédiat
n’est plus le principe actif de toute action, mais la
prudence : l’eudémonisme est un hédonisme
prudent. Mais cet hédonisme est illusoire, parce qu’il
exclue l’aspect qualitatif de nos états mentaux. Il
n’est pas douteux par exemple, que les jouissances les plus
fortes sont le fruit de passions sauvages que ne recommande pas la
prudence.
La prudence elle-même ne
délivre pas de la ruine.
Or que vaut-il mieux ? Une vie
brève, agrémentée de satisfactions fortes, ou
une vie plus longue collectionnant des plaisirs mesurés,
avec le regret peut-être un jour des plaisirs
conséquents dont il a fallu pour eux se priver
?
Les plaisirs de l’esprit ont
aussi sur ce point leurs limitations :
- Ils ne sont accessibles qu’au
petit nombre.
- Ils ne peuvent remplir toute la
vie.
- Ils ne sont accessibles que
jusqu’à un certain seuil : le savoir en ternit la
possession.
- Un jour vient pour chacun où
ces plaisirs ne lui sont plus non plus
accessibles.
______________________________
1.
... et contre la dignité personnelle. Il est bien des
circonstances où nous agissons dans le secret, entendant
n'être pas vus.
◊ Du bien et de l’absence de
désir.
Si donc le plaisir ou la possession de
biens extérieurs ne peut apporter le bonheur et se
révèle au contraire, au travers du désir, un
tourment continuel ou même une cause d’avilissement ou
d’asservissement, on peut penser que, peut-être, le
bonheur pourrait être trouvé en soi-même, dans
l’affranchissement de tout
désir.
Mais cela ne tient pas non
plus.
Tout d’abord en effet, il
n’est donné qu’à peu de gens de pouvoir
suivre une telle voie. Le grand nombre en est exclu. Mais
également, si cet affranchissement est en effet
libération, et s’il peut procurer la satisfaction
d’une victoire sur soi-même, au bout du compte
qu’apporte-t-il vraiment ? Car que trouve-t-on en soi une
fois affranchi de tout désir ?
Il apparaît ainsi, en y
réfléchissant, que l’affranchissement des biens
inférieurs est sans doute une condition pour
l’obtention du bien suprême, mais qu’il
n’est pas ce bien lui-même : le temple
débarrassé de ses idoles est un endroit
vide.
◊ Du bien et de
l’utilitarisme.
Considérant alors que
l’homme est fondamentalement un être
‘social’, de relation, on peut légitimement se
demander si son bien ou son bonheur ne seraient pas
dépendants de son attitude vis à vis d’autrui
et s’ils ne se trouveraient pas dans le service du bien
commun ou du bonheur collectif : c’est le principe de
l’utilitarisme – chacun veut son propre bien ; or le
bien de chacun, c’est de servir le bien de tous ; par
conséquent chacun doit servir le bien
commun.
Cette façon de voir est elle
aussi insuffisante à
l’analyse.
Elle est tout d’abord contredite
par la réalité : chacun trouve en effet plus
profitable de séparer son intérêt propre de
l’intérêt commun et se comporte
généralement en
conséquence.
Ensuite, le bien que chacun
désire pour soi ne se rapporte pas nécessairement au
bonheur général, et le bien qui consiste dans le
bonheur général n’est pas forcément
celui que chacun désire pour soi 1.
L’idée vraie contenue dans
le principe de l’utilitarisme c’est l’idée
de solidarité de toute l’humanité. Mais il
s’agit là d’une loi naturelle, qui existe
indépendamment de la volonté et de la conduite de
chacun.
◊ On en reste donc toujours avec
deux exigences apparemment sans lien entre elles et très
souvent en contradiction, celle, rationnelle, du devoir, et celle,
naturelle, du bonheur, celui-ci entendu comme une satisfaction
assurée et durable.
___________________
1. L’auteur développe une
réflexion critique solide sur ce qui serait pour
l’utilitarisme son fondement naturel en l’homme : un
égoïsme fondamental. Celui-ci, bien compris, trouverait
son compte dans le soin du bien commun.
décembre 2007
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