ECARTS DE LANGAGE ET AUTRES


Chapitre 1  L'outil de la communication

Le langage est l'outil de la communication entre les êtres vivants. On connaît le langage des signes, de la danse, des molécules odorantes, des sons ...
Nous ne traiterons ici que du langage articulé complexe - celui qui est le propre de l'espèce humaine - et de sa notation sur des supports pérennes par l'écriture et plus récemment par l'enregistrement sonore.

Sans entrer dans les subtilités de la linguistique, constatons que ce langage est composé de syllabes qui constituent des mots. Mots qui sont organisés en phrases, séparées par une pause de la voix et dans l'écriture par des signes de ponctuation. Les mots de la phrase ont diverses fonctions grammaticales : sujet, verbe, compléments divers ...

Des populations séparées par des barrières géographiques, naturelles ou arbitraires, utilisent généralement des langues différentes et ne se comprennent pas directement. La traduction d'une langue dans une autre est une opération plus délicate qu'on ne pourrait croire.

C'est vrai pour les langues usuelles, mais c'est également vrai entre les divers styles dans lesquels les locuteurs d'une même langue peuvent s'exprimer.

Prenons le Français, on peut distinguer de nombreux styles : normal, familier, vulgaire, grossier ... mais aussi administratif, poétique, argotique, médical, religieux ...

Chaque style est consacré par l'usage et devient un jargon parlé couramment par une partie de la population et plus ou moins incompréhensible au reste.

De plus on constate que les jargons varient plus ou moins rapidement dans le temps. Non seulement les mots les plus usités peuvent changer, mais le sens d'un même mot a pu évoluer. Les jargons naissent, se répandent et meurent.

Maîtriser une langue permet de maîtriser notre pensée. Il faut être capable d'expliquer, à nous-mêmes et aux autres, la signification de ce que nous voulons dire. On rentre alors dans le distingo des divers sens d'un mot : sens littéral, sans figuré, avec souvent des variantes éloignées du sens grammatical ...

Comment peut-on espérer que les hommes vivent en paix s'ils ne sont pas capables de communiquer entre eux ? pas capables de résoudre leurs conflits d'intérêts par la négociation avant de recourir à la force. La balkanisation des langages, de leurs styles, de leurs codes est un terrain propice à la prolifération de la violence.

Même si ces causes semblent perdues d'avance, les bénévoles de l'alphabétisation et les enseignants du soutien personnalisé aux élèves en échec scolaire sont des artisans de paix.



Chapitre 2    Le moteur du développement de la pensée

Le langage, parce qu'il est l'outil privilégié de la communication entre les hommes, est aussi un puissant moteur de développement de la pensée abstraite.

La communication, c'est en effet le rapprochement de deux personnes, avec leurs intérêts convergents ou divergents. Tout naturellement, chacun essaye de convaincre l'autre du bien fondé ou de la suprématie de son point de vue.

Il lui faut donc plaider, expliquer, se mettre à portée de l'autre. La recherche d'arguments est une gymnastique intellectuelle qui assouplit la pensée et l'oblige à être plus rationnelle. C'est à dire, s'éloigner du détail des choses pour se placer sur un terrain ayant portée générale, ce qui est une des caractéristiques de l'abstraction.

Le nouveau-né  prend conscience de lui-même en écoutant les discours de sa maman. Il s'essaye à attirer l'attention de son entourage par divers cris.

Au stade de la petite enfance, le bébé imite les adultes et enrichit son stock de représentations mentales. Vers deux ans, c'est l'explosion du langage.

Plus tard, le milieu familial, le groupe social, la zone de résidence auront une influence importante non seulement sur l'accent et la syntaxe, mais la capacité à raisonner correctement.

Au stade de la scolarisation, l'apprentissage plus ou moins réussi de la langue, parlée et écrite, va conditionner lourdement l'avenir du futur adulte.

On disait à l'époque "faire ses humanités" et l'on mettait l'accent sur l'apprentissage de l'art du discours. Bien sûr, il y a des exceptions et quelques individus s'en sortent à force de volonté après avoir fait un scolarité médiocre.
Si l'on examine ces cas de réussite, atteinte en dépit d'un milieu familial peu propice et de relatifs échecs scolaires, on constate que la gymnastique du langage ne fait pas défaut, même si elle n'est pas académique.

Depuis de nombreuses décennies, la croyance aux bienfaits du progrès technique a poussé les programmes scolaires vers les sciences dites exactes et la technologie.

Il n'est pas sûr que la formation de la pensée, individuelle et collective, y ait gagné.

Parvenu à l'âge adulte, il nous faut faire des efforts constants pour ne pas succomber à la guimauve que nous dispensent les médias, et tout particulièrement la télévision. Et je ne parle pas des jeux vidéos, des téléphones portables de toute génération présente et à venir, qui sont des ersatz de pensée.

Dans ce siècle où tout doit aller vite, un quidam qui a une opinion ou seulement une idée fumeuse va la lancer sur les ondes sans aucune vérification. Au spectateur ou à l'auditeur de se débrouiller pour évaluer le contexte. Avec quels moyens ? Faibles, car l'air du temps fait que les soi-disant experts prolifèrent et profèrent les discours les plus contradictoires.



Chapitre 3  Les racines profondes du langage

Pour le profane, l’analyse du langage religieux est intéressante car il remonte des racines profondes de l’humanité et évolue lentement jusqu’à nos jours.
Au début, les clercs, les seuls qui savaient lire et écrire, ceux qui se chargeaient de propager le parole de Dieu, ont utilisé les langues les plus universelles de leur époque, latin, grec, sanscrit.

Plusieurs étapes marquées par des querelles d’experts, par des schismes, ont vu la traduction des textes sacrés dans les langues populaires faire en quelque sorte évoluer le dogme.

Commençons par le plus simple : la prière du Notre Père qui découle des récits de Luc et de Matthieu, invoque Dieu Père et tout de suite précise « qui êtes aux cieux ». Le chrétien le plus convaincu et pratiquant ne peut pas réciter cette formule avec la même conviction que le reste de la prière qui est plus universel. « Que ton règne vienne » est marqué de la conception monarchique du pouvoir sur terre, mais garde son utilité. Que ta volonté soit faite sur la terre « comme au ciel » repose la question du ciel considéré comme un lieu, ce qui correspond à un état ancien de la théosophie. Heureusement la suite « donne nous aujourd’hui notre pain quotidien, ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre nous du mal » garde une puissante actualité.

On remarque que le latin ne nos inducas in tentationem a  été diversement traduit : "ne nous induis pas" des protestants, "ne nous laisse pas succomber" quand nous allions au catéchisme, "ne nous soumets pas" actuellement. La nuance est subtile et sous-entend  que si nous rencontrons la tentation nous avons de grandes chances de succomber sans le secours de la grâce divine. En nos temps imprégnés de  productivité, le plus efficace est que Dieu nous épargne cette épreuve. C’est  le règne de la facilité.
 
Examinons maintenant le «Je vous salue Marie». Je n’y trouve rien à redire. C’est un texte intemporel. Il célèbre l’humanité de Jésus et son caractère divin dans la ligne des conciles patristiques. La deuxième partie donne à Marie un rôle éminent d’intercession : mère de Dieu elle est aussi mère de toute l’humanité. On relève au passage la puissance créatrice du langage : bénir c’est bene dicere faire exister, vouer au Bien, son contraire maudire c’est faire exister, vouer au Mal .

Plus complexe, examinons le « Je crois en Dieu ».
«Le Père tout puissant » : pas de problème pour le croyant moderne.
«Créateur du ciel et de la terre » : à part les nouveaux intégristes américains, la plupart des croyants ne prennent plus cette affirmation au sens littéral.
«De l’univers visible et invisible » : que de chemin parcouru depuis ce que pensaient les Pères de l’Eglise. L’expression univers visible et invisible faisait référence à des contextes cosmologiques compliqués, à une eschatologie liée à l’existence d’un royaume des morts, aux âmes errantes du spiritisme, aux fantômes … Depuis Galilée et sa lunette astronomique on sait que le Ciel contient beaucoup plus d'étoiles que ce qui était visible à l'œil nu. Le Ciel n'est plus immuable comme on le pensait, mais corruptible, imparfait, de même nature que la terre. Le scientifique moderne précisera donc la notion de visibilité en mentionnant  de quels appareils il se sert pour observer : microscopes, accélérateurs de particules, télescopes divers qui permettent d'appréhender des couches d'univers. Les astrophysiciens parlent même d'un horizon de visibilité des objets célestes  depuis la terre qui serait  lié à l'âge et à l'expansion de l'univers.
La suite de la profession de foi relative à Jésus se rapporte aux querelles byzantines sur la nature du Christ et par voie de conséquence la nature de Dieu.
Elle dogmatise une nature trinitaire de Dieu et précise de manière assez floue la place du Saint Esprit.
Un bref paragraphe rappelle les prérogatives de l'Eglise. Le suivant combat certaines  prises de positions sur la nature du baptême. Tout ceci reflète les péripéties qui ont jalonné la fixation du dogme chrétien.
Au final, un message eschatologique qui reprend la conception précitée du royaume des morts et évoque une autre vie dans un futur que les premiers chrétiens pensaient assez proche.
Sur cette notion du royaume des morts, on remarquera qu'en principe le Concile de Nicée a supprimé la phrase "est descendu aux enfers"  qui figurait au Symbole des Apôtres. Il  me semble pourtant avoir appris cette formulation.

Bref, le chrétien moderne peut difficilement prendre au pied de la lettre ce qu'il récite. Il lui faut un certain effort intellectuel pour passer au commentaire qu'en donne Wikipedia :

Le Symbole de Nicée (appelé communément "Credo") est une expression privilégiée de la foi des chrétiens. On peut y repérer une triple structure qui exprime de manière condensée l’essentiel du message chrétien et, à la fois, montre l’émergence du croyant comme être de communication.

La première structure du Credo est trinitaire. Dieu, en lui-même, est reconnu comme unité de communication entre trois personnes divines, distinctes et égales en divinité. C’est la communication en Dieu.

La deuxième structure est narrative. Le Credo, en effet, raconte l’histoire du salut depuis la première création jusqu’au don de la vie éternelle, en passant par l’évocation centrale du mystère pascal : la mort et la résurrection du Christ. C’est la communication de Dieu dans l’histoire.

Et la troisième structure est appropriative. Dans son énonciation même, en effet, le Credo manifeste l’émergence d’un « je » à la première personne qui s’approprie la foi, grâce à la communauté de l’Eglise qui en témoigne, et cela en étroite solidarité avec toute l’humanité à qui est destiné et proclamé de salut : « Pour nous les hommes et pour notre salut », confesse le Credo. Ainsi, est-ce toujours à la première personne que l’on confesse la foi, non pas en solitaire, mais au sein de la communauté particulière des chrétiens ainsi que dans une fraternité qui s’étend à tous les êtres humains, sans exception. C’est la communication dans l’Esprit de Dieu.

Ainsi la vie chrétienne, telle qu’elle se dessine dans le Credo, est-elle essentiellement la reconnaissance de Dieu qui est en lui-même communication, qui se communique et ordonne de vivre en communication.

On consultera avec intérêt la nouvelle version du cathéchisme catholique sur le site du Vatican.       

On est loin des textes antérieurs à Vatican II et du catéchisme de notre enfance et même du "Compendium de l’Eglise Catholique"



En Dieu créateur …de l’univers visible et invisible …
 
Même pour un croyant qui accepte que, dans un sens ou dans un autre, Dieu ait créé toutes choses en premier et ait dit "cela est bien", force est de constater que l’homme a créé et crée encore, en second, des foules d’objets, matériels ou immatériels, visibles ou invisibles.
Peut-il dire "cela est bien " ? C’est une toute autre question.

Prenons les ondes électro-magnétiques, même en suivant l’opinion de ceux qui pensent que la matière est faite d’ondes, il est clair qu’en ce début  du XXIème siècle l’homme en rajoute des quantités dans son environnement immédiat. Les conséquences à long terme, tant physiologiques que psychologiques, sont mal connues. On ne peut pas dire si cette création sera un bien ou un mal.

Finalement, le moins illogique serait de reconnaître que Dieu a suscité le Vivant et la Nature. Que Dieu a donné au Vivant - donc à l'Homme - la capacité de créer des formes nouvelles.
On voit ce processus à l'œuvre dans la reproduction des êtres vivants qui meurent mais se perpétuent et, le cas échéant, se multiplient. On le voit encore dans l'évolution des espèces, où une multitude de combinaisons de formes ont été créées. On le voit dans les inventions techniques faites par l'Homme (et par beaucoup d'espèces animales). On le voit enfin dans la création intellectuelle et artistique.
La question « est-ce bien est-ce mal  ? » ne se pose pas, car Dieu a donné à la Nature une deuxième loi, celle de ne pas propager toutes ses inventions de façon égalitaire et à l'infini. Dieu a permis les prédateurs, la rareté de l'eau potable, les pénuries alimentaires, toutes choses qui régulent la prolifération des formes exubérantes de la Vie. Nous devinons qu'il a permis l'empoisonnement de l'air que nous respirons.

Après avoir été le plus grand prédateur de la Nature, l'Homme sera son propre prédateur.


Une approche spiritualiste    extrait du texte « Le fossile pensant »


La réflexion ci-après fait suite à la lecture du recueil des conférences données de 1977 à 1985 par Claude Tresmontant, "L'histoire de l'univers et le sens de la création" dont on trouvera un résumé en annexe.


Quand on observe, avec le recul de l'Histoire, l'accumulation des connaissances techniques de l'Homme sur le monde environnant, sur l'intimité de la matière et de l'énergie, sur une certaine intimité avec le vivant, il apparaît comme une évidence que la Nature se révèle infiniment complexe. Plus nous augmentons notre pouvoir sur de nouvelles choses, inertes ou vivantes, plus leur nature profonde se dérobe à nous, plus la Nature globale semble se défendre contre nos ingérences là où on ne l'attend pas.

Dans le domaine du vivant, même si le "hasard et le nécessité" des plus purs tenants de l'évolutionnisme, ont fait leur œuvre au cours des ères passées, l'observateur logique ne peut s'empêcher de croire que quelque principe sous-jacent a présidé et préside encore à toutes ces merveilles.

Dans le domaine de l'inerte, la propriété d'auto-organisation observée dans nombre de systèmes ouverts ( Prigogine) est proprement stupéfiante.

La capacité à maintenir l'intégrité d'un ensemble complexe et à faire coopérer tous ses éléments est admirable.

Certains vont l'appeler Grand horloger, Dieu ... un de mes amis a dit avec des majuscules Réalité, Cause, Principe, Père ... d'autres parlent de Nature profonde des choses, Etre, Esprit du monde ... Pour ma part, écartant le vocable Réalité, qui peut faire confusion avec (affreux jargon) chosalité , je préfère Principe Fondateur, Principe Universel.

Nous sommes en bonne compagnie, puisque beaucoup d'esprits éclairés, chacun avec les connaissances de son époque, ont admis et admettent encore que le monde est régi par un Principe Universel.

Mais quel est ce Principe ? Pouvons nous le connaître ou au moins en avoir l'intuition ?
Il me semble que bien des textes relatifs à ce sujet sont trop anthropocentriques, voire anthropomorphiques, et attribuent à ce Principe Universel des qualités qu'il n'a peut être pas, ou pas comme le croit le commun des mortels.

Par exemple, la toute-puissance. Le croyant de base, depuis les temps les plus reculés et dans pratiquement toutes les religions, interprète ce terme comme la capacité, attribuée à la Divinité, d'intervenir favorablement pour celui qui l'adore et défavorablement dans le cas contraire.
De punir les sacrilèges, on passe rapidement à punir les infidèles, puis tout simplement les ennemis ordinaires du croyant. Nombre d'invocations et de psaumes attestent cette vision de la toute-puissance de Dieu.

Une toute-puissance qui s'exercerait seulement par le maintien jaloux des lois de l'universalité et de la complexité impénétrable ne frappe pas les esprits. Et pourtant des générations de chercheurs en font l'expérience, ce qui permet de croire qu'il y a non seulement une Cause Première mais un Principe Universel Permanent agissant "hic et nunc" sur le Réel.

On pourra lire le petit conte, plus profond qu'il n'y parait, "Le naturel et le Surnaturel" relevé sur le site de Serge Carfantan.

"Ici et maintenant". Mais "maintenant" c'est aussi demain. L'Homme si sensible au temps qui passe se pose sans cesse la question.
Les tenants de la thèse darwinienne parlent des accidents de parcours aléatoires, perpétués et propagés par la sélection naturelle des formes les plus aptes. Mais la survie des formes les plus aptes, n'est ce pas le Principe Universel de conservation qui couvre ainsi l'avenir?
D'autres thèses disent qu'il y a une finalité dans l'évolution de l'Univers ou tout au moins dans le monde vivant. Ce qui revient à dire que le futur oriente, au moins pour partie, le présent. On pressent que le Principe Universel doit être intemporel.

Si le monde réel, en particulier le vivant, a deux attributs : l'étendue et la durée, on pourrait admettre que le Principe Universel n'a pas de dimension temporelle, ce qui correspond à l'attribut d'éternité.

Ceci étant dit, certaines observations débouchent sur une cosmologie dans laquelle l'univers réel se comporte comme un système où les distances entre îlots de matière s'accroissent constamment, cependant que la matière des îlots se densifie et se complexifie. Les atomes de matière élémentaire se constituent par étapes, de l'hydrogène aux atomes lourds.

Examinons de plus près. Un noyau d'uranium est plus complexe qu'un noyau d'hydrogène. Mais l'observation et le calcul des éléments transuraniens semblent montrer qu'il y a des limites à cette complexification, qui se paye en terme de stabilité. C'est une piste pour approcher l'attribut "étendue" du Principe Universel. Au delà d'un certain seuil, il ne complexifie plus, il dissocie, il détruit l'étendue. La fusion compose les noyaux légers en noyaux plus lourds, la fission résout les atomes lourds en atomes légers.

On rejoint les philosophies hindouistes. Le Principe Universel serait à la fois créateur, conservateur et destructeur.

L'attribut "étendue", dont nous autres humains avons une conscience immédiate, est-il alors pertinent pour approcher le Principe Universel ?

Peut-être devrait-on plutôt retenir la capacité à maintenir non pas l'intégrité du Tout, mais la relation entre les parties qui constituent le Tout. Ce serait un attribut d'information (capacité de connaître) et d'énergie (capacité d'agir). Au commencement était le Verbe, le Verbe était avec Dieu, le Verbe était Dieu...

En conclusion, qu'ils proviennent des traditions hindouiste, hébraïque, chrétienne et Johanique, on ne peut qu'être en admiration devant les témoignages qu'a reçus l'humanité. Et si nous faisions partie de deux tiers des hommes qui suivent d'autres traditions, nous ajouterions ceux du Taoïsme, du Bouddhisme et de l'Islam.

Comme dit si bien Théodore Monod << Il est une montagne unique. Nous la gravissons les uns et les autres par des sentiers différents avec l'espoir de nous retrouver un jour au sommet, dans la Lumière et au-dessus des nuages. >>


Etymologie imaginaire

Tout le monde sait que le dieu de la Bible  est désigné par la syllabe EL. Plus tardivement il le sera par le tétragramme YHWH.

Curieusement la syllabe EL son homophone IL  sont aussi l’article défini dans diverses langues espagnol, arabe, italien …ou pronom personnel en français.
Le dieu d’Abraham était si terrible qu’on ne pouvait lui donner un nom. En effet, donner un nom c’est faire exister, c’est créer. Ce sera plus tard l’origine du tétragramme YHWH qui signifie celui qui est, celui qui fait exister. Les commentateurs du Moyen-Age étaient expert dans cette antinomie : nul ne doit créer Dieu, sinon ce ne serait pas Dieu.

Les juifs ne prononcent pas YHWH yeweh, ils utilisent par respect une périphrase "Adonaï elohim" le seigneur des anges. Ce qui tend à confirmer que le graphisme YHWH remonte bien avant la rédaction de la Torah, à Moïse selon la tradition.

Le Coran a transformé EL en ALLAH, qui provient  de EL YLON ce qui littéralement signifie le un dieu, d’où la connotation Allah = le dieu unique.

Nous trouvons trace de cette étymologie dans le mot Babylone BAB YLON littéralement la porte de Dieu et dans le mot Babel qui signifie la même chose.

A ce stade, on se rappelle que l’épisode de la tour de Babel est la construction d’une tour si haute qu’elle atteindrait le ciel.

D’où vient donc le mot ciel ? et ses homologues Himmel en allemand, heaven en anglais  . Ces langues nous donnent une clé : Himmel c’est Heim El c’est à dire la maison de dieu, là où dieu réside. En français, nous ne retiendrons pas l’étymologie fantaisite ‘ici EL’, mais nous nous rappelerons que ciel dérive du latin coelis qui se décompose en ‘co EL’ avec dieu. De ce ‘avec dieu’ à ‘comme dieu’, il n’y a qu’un pas.
  O.E. heofon "home of God," earlier "sky," possibly from P.Gmc. *khemina- (cf. Low Ger. heben, O.N. himinn, Goth. himins, O.Fris. himul, Du. hemel, Ger. Himmel "heaven, sky"), from PIE base *kem-/*kam- "to cover" (cf. chemise). Plural use in sense of "sky" is probably from Ptolemaic theory of space composed of many spheres, but it was also formerly used in the same sense as the singular in Biblical language, as a translation of Heb. pl. shamayim. Heavenly "beautiful, divine" is from 1460, often (though not originally) with reference to the celestial "music of the spheres;" weakened sense of "excellent, enjoyable" is first recorded 1874.
Admettons donc que les Babyloniens avaient la prétention de construire une tour pour franchir les portes du domaine de dieu.

D’ailleurs la cosmologie de l’époque considérait le ciel comme le domaine des fixes, le domaine des étoiles considérées comme des objets éternels. Le domaine de ce qui dure, de ce qui reste immuable, domaine organisé en sphères géoconcentriques.

Depuis le récit inspiré de la Genèse, tant dans l’épisode du serpent au jardin d’Eden que dans celui de la tour de Babel, nous savons que la tentation première de l’Homme c’est d’être comme dieu.

Quand je dis « nous savons », cela se rapporte aux descendants d’Abraham.
Cet Abraham a-t-il existé ou est-ce un nom mythique ? Il faut remonter aux racines des croyances sumériennes pour le deviner. L’étymologie traditionnelle nous dit  que c’est dieu lui-même qui a dit : tu ne t’appelleras plus Abram (le père est grand) mais Abraham (le père des nations). Une autre interprétation non avérée serait une pieuse erreur de transcription entre la tradition verbale et écrite : ibr le père au lieu de ibn le fils, ibn M le fils de M, le fils de la déesse Mère. Ce genre de pieuse falsification  pourrait se retrouver pour le prénom Abel que l’on fait dériver de hevel buée, vanité, al
ors qu’on pourrait imaginer abba EL le père de dieu, ce qui serait un blasphème.
Voir Histoires de mystifications universelles par Iva Usen

Les mots hébreux de la Bible, mis  par écrit au temps de la captivité à Babylone, sont à replacer dans un contexte de résistance à l’oppresseur, mais sans trop prendre le risque d’une répression massive, d’où le recours au langage codé.

On pense que les Sumériens et les Babyloniens adoraient des divinités plus ou moins hermaphrodites : les luminaires, NANNA dieu Lune, INANA ou ISHTAR planète Vénus, UTU  ou SHAMASH dieu soleil. Le mot BEL, repris en BAAL par les hébreux, est un titre de déférence qui signifie Seigneur. Il nous reste des traces de cette prédominance du calendrier lunaire, plus tangible que le cycle annuel des saisons : dans les langues germaniques le mot soleil “die Sonne” est du genre féminin et la lune “der Mond” du genre masculin.

Arrêtons la plongée dans les racines de l’inconscient collectif, pour conclure simplement que dieu est caché partout dans notre vocabulaire, tout particulièrement dans les noms propres. Pensons à Daniel, Raphael, Emmanuel qui respectivement signifient jugement de dieu , dieu guérit, dieu avec nous. Pensons à Aladin et à Abdallah qui signifient religion de dieu et serviteur de dieu. Pensons aussi à Jean, à Matthieu, à Joël, à Elie qui signifient Yaweh a été miséricordieux, don de Yaweh, mon dieu est Yaweh, Yaweh est dieu.
Pensons au mot Noël et dépassons l’etymologie latine traditionnelle ( natalis ). Examinons comment cette fête est désignée dans les diverses langues du monde, remontons au grec helios, au celtique yul, au vieil anglais nowell. Le dieu soleil païen n’est pas loin.
Voir un commentaire maçonnique sur l'étymologie du mot Noël


L'océan des mots

Je me noie dans l’océan des mots
Aux racines de la pensée.
Génitrice du langage,
La mer m’est une mère,
Océan de signes que je ne sais pas lire,
Lettres arabes, alphabet hébreu,
Hébreu ancien et archaïque,
Chaldéen, Ugarit …
Idéogrammes, pictogrammes …
Soleils et bâtons …
Encore des bâtons …
Remonter le temps jusqu’au grand commencement.
Je découvre la drogue des Kabbalistes,
Transmuteurs de syllabes en pensée,
Langage chiffré et chiffres du langage.

Doux anéantissement du moi.



PJMB
Janvier 2009


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