Vladimir Soloviev

 
par

 

Eugène TAVERNIER

 

 

 

Partie 3 

Extraits de la correspondance de Vladimir Soloviev

(suivis du commentaire d'Eugène Tavernier)

 

 Lettre I

 

(Non datée. De Petrograd, 1894 ;
probablement du commencement d’avril.)

 

Inappréciable ami et frère de mon âme, je profite d’une occasion favorable pour vous « mettre sur la piste ». Mon ami M. Cavos, demi-italien franco-russe et homme excellent sous tous les rapports, s’est chargé de vous remettre cette lettre, que je n’aurais pas voulu confier à la poste.

Il s’agit d’un grave mouvement parmi les dissidents russes (ceux que l’on considère comme protestants et nationalistes, mais qui ne le sont pas en réalité) vers lacatholicité (je ne dis pas encore catholicisme ). Ils tiennent, entre autres, à avoir une hiérarchie valable, c’est-à-dire possédant la succession apostolique. Puisqu’il n’y a aucune possibilité pratique d’obtenir la chose voulue d’une source orientale, il s’ensuit…

La seconde éventualité – la seule qui reste – serait d’autant plus à désirer qu’elle réunirait à l’avantage de la valabilité relui de la régularité. – Vous comprenez l’impression personnelle que produisent sur moi ces horizons nouveaux, ouverts d’une manière si inattendue. J’ai vu que je me suis préparé pendant ces douze dernières années (sans y penser et sans le prévoir) un rôle pratique et indispensable ; que je ne me suis pas trompé et que je n’ai pas travaillé en vain, même au point de vue purement pratique. Il ne s’agit plus de « jeter la bonne graine », mais de préparer et de réaliser un acte historique d’un caractère tout à fait déterminé et d’une importance incalculable.

Je ne puis pas vous communiquer ces détails à présent. En automne, vous aurez des nouvelles plus précises, de vive voix, je l’espère. Je vous prie de ne communiquer à personne le contenu de cette lettre, excepté à Lorin9 et Menard10, ainsi qu’à votre excellente femme, qui me fait l’effet d’être exempte de certaines faiblesses de son sexe.

Bientôt, j’espère vous envoyer le manuscrit très refait de ma conférence, sous le titre « Quelques pensées sur notre avenir à propos de l’amitié franco-russe. »

Je voudrais bien qu’avec votre aide M. Cavos apprenne quelque chose sur la destinée des papiers laissés par notre amie défunte à mon nom, d’après ce que m’a écrit M. Onéguine11.

Mille amitiés à M. Desquers12 et à votre excellente femme. J’embrasse Lorin et Menard. Je vous embrasse de tout mon coeur.

Votre V. S.

Je me porte pas mal et travaille à de petites choses publiquement et à de grandes en secret.

 

 

 

 

Lettre II

Tsarskoïe-Sélo, mai-juin 96.

 

Dimidium animae meae, le plus cher et le plus excellent de tous les Eugènes ! Vraiment, votre lettre a été une grande joie pour moi, elle m’a transporté dans un monde de souvenirs agréables mêlés à des pressentiments plus agréables encore. Je soufre de nostalgie cosmopolitique. Le patriotisme n’empêche pas d’être gêné par les frontières. C’est pour cela que j’adore la mer, qui n’en a pas.

Il faut cependant que je vous explique ma lenteur à répondre, ainsi que l’insuffisance de ma lettre.

En dehors des préoccupations qui ne sont pas faites pour une communication postale et des travaux littéraires accidentels, j’ai deux travaux quotidiens, qui m’absorbent plus qu’il ne faut peut-être.

1º Je publie un gros volume sur la philosophie morale, qui sera suivi par deux pareils sur la métaphysique et l’esthétique, dont une moitié est sous presse tandis que les derniers chapitres sont encorein statu nascenti.

2º Je rédige la section philosophique et en partie théologique d’une énorme encyclopédie russe (lettres A-L) parue en trente-cinq volumes, deux mille feuilles d’impression, trente-deux mille pages ; la plupart des articles de ma section sont écrits par moi-même, et la lettre M, à laquelle nous sommes arrivés, est infernale : matière, matérialisme, manichéisme, métaphysique, mystique, morale, monisme, monothéisme, monophysite, monothélite, mandéens, Maimonide, Malebranche, Mill, et un tas de termes russes que je vous épargne. Maintenant, je profite de deux ou trois jours un peu plus libres, entre Malebranche et Matière, pour vous répondre d’une manière très incomplète.

Je savais déjà quelque chose sur le mouvement anglo-romain par la Quinzaine, que l’on m’envoie quelquefois. Je trouve ce mouvement non seulement très désirable en lui-même, mais encore très tempestif, au moment où certaine partie de Right Reverends commence à jeter des oeillades du côté Nord-Est ; ces oeillades platoniquement adultérines ne peuvent avoir qu’un seul résultat, celui d’embêter les bons et d’encourager les méchants ; mais grâce au mouvement anglo-romain, ce triste effet sera quasi manqué13.

Vous savez que, selon mon avis, tant que la Chrétienté orientale est dans l’état où elle est, tout succès extérieur pour elle ne peut être qu’un malheur pour la cause du Christianisme universel et, partant, pour les vrais intérêts de tout pays chrétien, la Russie et la France comprises. Par contre, dans l’état actuel des choses, tout ce qui est succès pour la chrétienté occidentale dans le sens de son unification est un bonheur pour tout le monde.

Quant à votre demande de vous fournir des données pour un article concernant ma très maigre personne, je dois, pour des raisons que vous devinerez peut-être, me borner à une courte exposition de mes principes religieux. Si les remarques qui suivent sont inutiles pour l’article en question, acceptez-les tout de même comme une manifestation amicale.

Et, pour commencer, je commence par la fin.

Respice finem. Sur ce sujet, il n’y a que trois choses certaines attestées par la parole de Dieu :

1º L’Évangile sera prêché par toute la terre, c’est-à-dire que la vérité sera proposée à tout le genre humain, ou à toutes les nations.

2º Le Fils de l’Homme ne trouvera que peu de foi sur la terre, c’est-à-dire que les vrais croyants ne formeront à la fin qu’une minorité numériquement insignifiante et que la plus grande partie de l’humanité suivra l’Antéchrist.

3º Néanmoins, après une lutte courte et acharnés, le parti du mal sera vaincu et la minorité des vrais croyants triomphera complètement.

De ces trois vérités tout aussi simples qu’incontestables pour tout croyant, je déduis tout le plan de la politique chrétienne.

Et d’abord la prédication de l’Évangile par toute la terre, pour avoir cette importance eschatologique qui lui a valu une mention spéciale de la part de Notre-Seigneur lui-même, ne peut pas, être limitée à l’acte extérieur de répandre la Bible ou des livres de prières et de sermons parmi les Nègres et les Papous. Ce n’est là qu’un moyen pour le vrai but, qui est de mettre l’humanité devant le dilemme : d’accepter ou de rejeter la vérité en connaissance de cause, c’est-à-dire lavérité bien exposée et bien comprise. Car il est évident que le fait d’une vérité acceptée ou rejetée par malentendu ne peut pas décider du sort d’un être raisonnable. Il s’agit donc d’écarter non seulement l’ignorance matérielle de la révélation passée, mais aussi l’ignorance formelle concernant les vérités éternelles, c’est-à-dire d’écarter toutes les erreurs intellectuelles qui empêchent actuellement les hommes de bien comprendre la vérité révélée. Il faut que la question d’être ou de ne pas être vrai croyant ne dépende plus des circonstances secondaires et des conditions accidentelles, mais qu’elle soit réduite à ses termes définitifs et inconditionnés, qu’elle puisse être décidée par un pur acte volitif ou par une détermination complète de soi-même, absolument morale, ou absolument immorale. Maintenant, vous conviendrez sans doute que la doctrine chrétienne n’a pas atteint actuellement l’état voulu, et qu’elle peut encore être rejetée par des hommes de bonne foi à cause de réels malentendus théoriques. Il s’agit donc :

1º D’une instauration générale de la philosophie chrétienne, sans quoi la prédication de l’Évangile ne peut pas être effectuée ;

2° S’il est certain que la vérité ne sera définitivement acceptée que par une minorité plus ou moins persécutée, il faut pour tout de bon abandonner l’idée de la puissance et de la grandeur extérieures de la théocratie comme but direct et immédiat de la politique chrétienne. Ce but est la justice ; et la gloire n’est qu’une conséquence qui viendra de soi-même.

3º Enfin, la certitude du triomphe définitif pour la minorité des vrais croyants ne doit pas nous mener à l’attente passive. Ce triomphe ne peut pas être un miracle pur et simple, un acte absolu de la toute-puissance divine de Jésus-christ, car s’il en était ainsi toute l’histoire du christianisme serait superflue. Il est évident que Jésus-Christ, pour triompher justement et raisonnablement de l’Antéchrist, a besoin de notre collaboration ; et puisque les vrais croyants ne sont et ne seront qu’une minorité, ils doivent d’autant plus satisfaire aux conditions de leur force qualitative et intrinsèque ; la première de ces conditions est l’unité morale et religieuse qui ne peut pas être arbitrairement établie, mais doit avoir une base légitime et traditionnelle, – c’est une obligation imposée par la piété. Et, commeil n’y a dans le monde chrétien qu’un seul centre d’unité légitime et traditionnel, il s’ensuit que les vrais croyants doivent se rallier autour de lui  ; ce qui est d’autant plus idoine qu’il n’a plus de pouvoir extérieur compulsif et que, partant, chacun peut s’y rallier dans la mesure indiquée par sa conscience. Je sais qu’il y a des prêtres et des moines qui pensent autrement et qui demandent qu’on s’abandonne à l’autorité ecclésiastique sans réserve, comme à Dieu. C’est une erreur qu’il faudra nommer hérésie, quand elle sera nettement formulée. Il faut s’attendre à ce que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des prêtres et moines se déclareront pour l’A-C. C’est leur bon droit et c’est leur affaire.

Quand on parle du loup on en voit la queue. Voici que j’ai dû interrompre cette lettre pour en recevoir une autre venant d’un moine galicien, qui veut m’imposer à tout prix le dogme... de la peine de mort. Il parait que c’est là le point le plus important de sa « doctrine chrétienne ». Bien qu’il appartienne à la Galicie d’Autriche et non pas à celle de l’Espagne, sa lettre n’a pas manqué de me rappeler qu’il y a des Espagnols qui se disent Espagnols mais qui ne sont pas de vrais Espagnols.

Pour revenir à nos propres affaires, dans quel sens doit-on agir pour la vraie concentration chrétienne ?

Je crois qu’avant tout il s’agit d’être pénétré par l’Esprit du Christ à un degré suffisant pour pouvoir dire, en bonne conscience, que telle ou telle action ou entreprise est une collaboration positive avec Jésus-Christ. C’est le critérium définitif. Quant au côté pratique et purement humain de l’action, son exposition (en tant qu’il s’agit de la Russie) n’est pas faite, dans les conditions données, ni pour la publicité, ni même pour la poste. Nous en parlerons donc à Paris. Quand ? Je commence vraiment à croire que le nombre cinq est fatal pour mes visites en France et que j’y viendrai en 1898.

Ah ! combien de choses aurons-nous à nous dire ? Et en attendant pourquoi ne me donnez-vous aucun détail de votre vie privée ? Monsieur votre beau-père est-il en bonne santé ? Je vous prie de remettre mes salutations les plus cordiales à Mme Tavernier. S’il y a des amis à Paris qui se souviennent de moi (ce qui serait une preuve d’une très bonne mémoire et d’un coeur généreux, vu mon silence absolu), embrassez-les de ma part. Je vous embrasse mille fois, mon ami sans pareil.

Tout à vous,

Vladimir Soloviev.

 Commentaire d'Eugène Tavernier

 

On voit que, dans ses propos intimes, de même que dans ses déclarations publiques, Soloviev désignait la Papauté comme le centre nécessaire de l’union des Églises.

Ce qui a varié chez lui, ce n’est pas la doctrine sur la nécessité ou sur les conditions de l’union des Églises, mais c’est, selon les circonstances, l’espoir qu’il avait de voir se réaliser le commencement d’un si grand dessein.

Peut-être faudrait-il dire qu’une autre chose encore a subi des variations : l’injuste sévérité avec laquelle il appréciait certaines périodes de la politique religieuse occidentale ou ce qu’il appelait le papisme. Or, vers la fin, cette injuste sévérité diminua d’une manière sensible et continue. Ainsi, en 1881, parlant du Moyen Âge devant un auditoire de jeunes filles, il avait encore reproduit l’une des fausses accusations les plus répétées à propos de la croisade contre les Albigeois. Tout le monde connaît la parole attribuée au légat du Pape : « Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens. » Or, la parole atroce et fameuse n’a été rapportée par personne qui l’ait entendue ni même par aucun écrivain contemporain digne de créance. Elle n’apparut que soixante ans plus tard, sous la plume d’un Allemand, Césaire de Heisterbach, qui n’avait ni probité ni culture historique et qui ne racontait que des commérages. Comme beaucoup d’autres analogues, le mensonger récit de Heisterbach a été cru pendant des siècles. Mais aujourd’hui les vrais historiens, même libres penseurs, le dédaignent et le repoussent. Soloviev eut l’occasion de s’en apercevoir, lui qui continuait d’étudier lorsqu’il était reconnu pour un maître. Dans l’ensemble de ses derniers travaux, sa science historique, comme sa philosophie et sa théologie, est de plus en plus impartiale et sereine. On peut, sans faire tort à Soloviev, se souvenir des erreurs où il tomba. Elles ne sont pas nombreuses ; et il savait, si humblement, si aisément, les avouer et s’en corriger !

Outre l’humilité et la droiture, admirables chez lui, il était aidé à se rectifier par la doctrine même, vaste et complète, qu’il possédait pleinement et qui lui assurait le don et le sens de l’équilibre.

C’est tout à fait l’opposé de ce qui se remarquait chez Léon Tolstoï, dont il fut toujours, et de plus en plus, l’adversaire. Ces deux génies, si différents d’allure et de nature, se rencontraient, et se heurtaient, sur le terrain de la morale, comme de la religion. Le célèbre romancier, on le sait, avait au suprême degré la prétention d’être un moraliste et même le plus grand des moralistes En réalité, il n’y entendait rien. Ce qu’il comprenait ou croyait comprendre, il le saisissait par un instinct fantaisiste, aveugle, emporté, à la fois obstiné et mobile. Tolstoï était à peu près incapable d’une argumentation digne de ce nom. En outre, il ne possédait qu’une science confuse et vulgaire. Soloviev, au contraire, personnifiait la pensée méthodique, équilibrée jusque dans les efforts les plus ardents et les plus audacieux, habituée à utiliser les ressources d’un savoir immense. Tolstoï, qui invoquait si souvent l’autorité du Christ, manquait complètement de foi chrétienne et n’en avait ni la notion, ni le sens, ni le goût. Ses commentaires sur l’Évangile, et aussi sur la morale, sont souvent d’une prétention et d’une naïveté puériles. Son génie consistait à observer et à peindre les sentiments et les passions des individus. Cela, il le faisait avec une pénétration et une adresse merveilleuses, mais instinctives. Tolstoï était tout instinct, tout caprice ; tandis que Soloviev soumettait aux règles de la logique, de la science et de la foi ses plus vives aspirations. Pendant quelque temps, l’un et l’autre avaient semblé unis pour le même combat en faveur de la liberté, de la justice et de la charité – (je dois rappeler ici que Soloviev se montra toujours radicalement opposé à la peine de mort) – ; mais, assez vite, Tolstoï s’enfonça dans les voies de l’impiété et de l’anarchie ; et, alors, l’hostilité des deux grands écrivains russes devint inévitable et sans remède. Il y avait eu, entre eux, des relations personnelles, dans lesquelles Soloviev s’était efforcé d’introduire de l’amitié. Tolstoï, passionnément désireux de faire le prophète, ne supportait la contradiction que lorsqu’elle venait d’hommes qui ne pouvaient lui porter ombrage. Soloviev dut prendre le parti de le contredire et, entre autres exemples, à maint endroit du gros volume intitulé la Justification du Bien, mais sans nommer une seule fois son rival. Comme le note M. Radlov, cet ouvrage renferme « une constante polémique contre les opinions de Tolstoï ». Dans le dernier livre de Soloviev, les Trois Entretiens, qui m’a donné l’occasion de publier la présente étude, la doctrine de Tolstoï est encore longuement et vigoureusement combattue, sous une forme originale, spirituelle, élégante, où le grand art littéraire se met au service de la philosophie supérieure, de la foi religieuse et de la mystique. Là, encore, le nom de l’adversaire n’est pas prononcé.

Tolstoï ou Soloviev, lequel des deux durera le plus longtemps et exercera la plus profonde influence ? Ce n’est pas difficile à deviner ; ou plutôt rien n’a besoin d’être deviné. Tolstoï a prodigué l’exemple des égarements où petit tomber un génie déséquilibré ; et, comme penseur, il a découragé la confiance et l’indulgence.

Au contraire, la renommée et l’autorité de Soloviev ne cessent de grandir, même dans des milieux très divers. Les littérateurs et les artistes le lisent avec attention, avec émotion bien souvent. Sa pensée, vraiment universelle, les attire et les impressionne. Il y a de lui, sur la critique et sur l’esthétique, une série d’études qui sont pleines de lumières.

J’ai dit qu’il était poète. On lui reconnaît tous les droits à ce titre. Récemment a paru la sixième édition de son oeuvre poétique. Brillante et puissante, cette oeuvre est très variée. Elle est riche de pensée, de lyrisme, de tendresse et d’amour. La poésie de Soloviev a le plus évident caractère de spontanéité. Aussi traduit-elle abondamment les différents états d’une âme très forte et très sensible. Maintes fois, ce sont les impressions de la vie courante qui inspirent le poète philosophe. Il console un ami, ou même un inconnu ; il célèbre un souvenir soudainement réveillé ; il chante sa mélancolie, comme son enthousiasme. Des lointains et splendides horizons de la pensée humaine il revient aisément à la contemplation des choses terrestres, à l’analyse et à la peinture des sentiments généreux, délicats, tendres, amoureux, d’où il fait jaillir le charme et aussi la splendeur. Il a composé en vers un récit autobiographique. Ces poèmes, dont plusieurs sont parfaits, Soloviev les écrivait sans prétention et plutôt en manière de délassement.

Sa correspondance (la publication est loin d’en être terminée) remplit aujourd’hui quatre volumes. Elle est très expressive, très intéressante, souvent très importante. On la lit avec l’attrait que présente l’intimité d’un génie original et délicieux.

Est-ce sa théorie morale, ou sa philosophie, ou sa doctrine religieuse, ou son enseignement mystique qui conservera le plus de prestige ?

M. Radlov se pose la question en achevant la belle étude biographique et critique jointe au dixième volume des Oeuvres. L’éminent écrivain, éditeur de ces Oeuvres, estime que « la pensée russe puisera souvent l’inspiration et le soutien » dans l’enseignement moral institué par Soloviev ; mais, selon M. Radlov encore, il est très possible aussi que la partie mystique de la philosophie de Soloviev trouve le terrain favorable à un entier développement.

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