Introduction sur
l’Islam
La société dans laquelle vit le
prophète et où s’élabore
l’Islam est une société
marchande dans un
pays de nomades. Le travail de la terre n’est pas
valorisé. Dans
l’Islam, selon le Coran dont le texte canonique est
établi au 7è
siècle, l’argent est un don de Dieu car tout
appartient à Dieu et ne
saurait donc faire l’objet d’échange en
soi. L’homme est l’héritier de
Dieu et responsable devant Dieu des richesses dont il dispose. La
propriété individuelle est souhaitable et le
profit est légitime.
Que signifie le CORAN ?
En
arabe il signifie : lecture ou récitation. La Coran est
présenté comme
la parole même de Dieu, par le biais d’une
révélation qui s’étendrait
sur une période de 23 ans, transmise par
l’archange Gabriel.
Composé
de 114 chapitres ou sourates, le Coran a été
compilé par les
disciples du prophète après sa mort, à
partir de transcrptions sur
divers supports.
L’Islam à l’instar des autres
monothéismes
est une religion du verbe avec une prédilection pour la
voix, d’où la
place majeure donnée au texte psalmodié.
Dans la langue arabe ancienne « lire »
a aussi l’extraordinaire signification de «
concevoir ». Lis donc conçois.
Si
le Cora, est le fondement de l’Islam, il convient
aussi de mentionner
les paroles et les actions du prohète, rapportées
sous forme de «
hadiths » , rassemblés dans les recueils
soigneusement codifiés , et
qui constituent un précédent jurisprudentiel. Ce
code a pris
le nom de
Suuna ( habitude ou pratique) . Il est devenu la seconde
référence du
Coran.
Cela dit on trouve dans le Coran, le tout et son
contraire, à l’instar de tous les grands textes
religieux. : la paix et
la guerre, la promesse et la menace, la pardon et la vengeance.
Le
Coran est tissé de contradictions par ce que
« telle est la réalité
humaine ».On peut en exalter la vertu pacifiante comme on
peut en faire
un instrument de guerre ; tout dépend des croyants et de
leur état
d’esprit.
Il faut noter que le texte arabe du Coran est ciselé dans
une langue aux effets hypnotiques ( cf : les derviches tourneurs).
Questions
économiques
La
deuxième sourate du Coran , intitulée
la Génisse ( al baqara), qui est
la plus longue du Coran, comporte de très nombreux versets
consacrés
souvent de façon très techniques aux questions
économiques.
.
N’oublions pas qu’on est au 7è
siècle dans une société marchande bien
organisée et que le prophète lui-même a
épousé une riche commerçante et
a une activité de marchand. L’enrichissement est
licite mais la
thésaurisation est interdite parce que l’argent,
ainsi retiré du
circuit économique réduit la croissance des
richesses de la
communauté. L’argent doit toujours
être
utilisé afin de créer de la
valeur réelle. La logique sociale repose sur une logique
participative.
Le concept de capitaux à risque est donc apparu
comme légitime avec
celui de partage équitable des risques et des gains pour la
légitimité
d’un revenu. L’Islam comme les deux autres
monothéismes apporte une très
grande attention à la solidarité et à
la justice sociale.
Le
prêt à intérêt ou
usure ( rappel des 3 monothéismes)
La
question du prêt à intérêt va
très tôt focaliser l’attention des
théologiens et des hommes d’affaires des trois
monothéismes, dans la mesure
où il s’avère nécessaire au
développement de l’économie et des
finances. Les trois monothéismes n’ont cependant
pas
connu une évolution
historique simultanée sur cette question.
Moise dit au peuple
juif : tu ne feras à ton frère aucun
prêt à intérêt, ni
prêt de quoi que
ce soit qui puisse rapporter des intérêts, ni
d’argent ni de
nourriture. A un étranger tu feras des prêts
à intérêts mais pas
à
ton frère, pour que le Seigneur te
bénisse dans toutes des entreprises.
Or
c’est le droit d’être usurier des autres
qui a permis aux juifs,
dispersés après la destruction du Temple en 70 de
survivre pendant des
siècles dans les royaumes musulmans et chrétiens
et de contribuer au
développement économique de ces derniers.
Leur compétence dans les techniques du prêt
assurera ensuite leur place dans le monde de la finance contemporaine.
Les
théologiens notamment St Thomas d’Aquin, ont
maintenu le prêt à intérêt
considéré comme usure, qui était donc
réservé aux juifs de toute façon
condamnés pour avoir tué le Christ.
A la fin du 12é siècle, par
exemple, les chrétiens coupables du prêt
à
intérêt sont privés de la
communion et de l’enterrement dans un cimetière.
Au 16è siècle
, Calvin pour établir un pouvoir spitituel et politique sur
la ville
marchande de Genève, accepte le prêt à
intérêt tout en rappelant que
dans un monde idéal, l’usure doit être
bannie. Désormais l’usure est
cachée dans le cours de change entre deux places
monétaires, les marchands
jouent sur l’espace et le temps. La richesse n’est
pas condamnabler en
elle-même. Tout capital doit être rsiqué
En Islam, selon le
Coran, l’argent ne produit pas l’argent.
L’usure est interdite par
Dieu même : «Allah a déclaré
licite le troc mais illicite l’usure » (
dixit la sourate 2 , 277) ; De même
l’enrichissement
sans cause est
interdit, la « Riba » , qui se
rapproche de la notion d’intérêt.
La « Riba » n’est pas à
proprement parler l’usure, elle est un supplément
donné en sus du principal.
Sont
interdits également le « Maysir », le
pari, le jeu de hasard, et le «
Gharar », la spéculation dans
l’incertitude Toute spéculation est donc
condamnée..
Le gharar, c’est l’aléa. Comment le
gère-t-on en finance
? En anglo-saxon, c’est la « lemon theory
» (théorie du vice caché) : le
marchand de la voiture usagée a un avantage sur
l’acheteur, il connaît
les défauts cachés
Cette idée est vraie du monde de la finance :
quand on vend un produit financier on a un avantage sur
l’acheteur.
D’où risque de publicité
mensongère. C’est une explication du «
gharar
» ; il ne faut pas tricher, ni mentir .
Le « Zakat » ou aumone
est une obligation par ce qu’elle purifie la
richesse. Elle est un
instrument de redistribution et de justice sociale ; elle devient une
technique financière.
L ’Islam incite également au
règlement des dettes à bonne
échéance, ou au report des dettes pour les
débiteurs en difficulté.
A
noter que, dans les premiers temps de l’Islam, les
mosquées ont servi de
cours de justice ; l’idée
d’économie islamique dérive donc
d’une
certaine conception de l’islam comme fondement d’un
système politique
social et économique et juridique soucieux de
partage équitable.
La
légitimité religieuse de la Finance islamique
L’actuel
développement d’une économie islamique
de marché et de la finance
islamique, en prenant en compte l’interdit fondateur avec
toutes ses
implications de solidarité et de responsabilité,
est relativement
récente. Elle est née dans les années
50 comme possibilité de
financement alternatif à l’économie de
la finance traditionnelle en
conformité aux préceptes du coran :
l’objectif :
assurer la bancarisation
des populations défavorisées et aider
à leur développement selon les
préceptes du Coran, même si les moyens et les
résultats se sont
avérés différents. En fait
les
préceptes de la Charia qui interdisent
de percevoir ou de verser des intérêts, impliquent
que toute
transaction financière DOIT ÊTRE ADOSSEE SUR UN
ACTIF TANGIBLE. Il
prohibe tout investissement dans des activités
considérées comme non
éthiques, comme le tabac, l’alcool, le jeu,
l’armement.
Charia compatible
Mis
en place dans les années 70, LES CONSEILS DE
CONFORMTE à la Charia, qui
sont composés de théologiens les
Oulémas, valident la conformité
religieuse des produits financiers. Toutefois on observe des
divergences dans l’interprétation du Coran au sein
du monde musulman.
L’Arabie Saoudite par exemple se montre nettement plus
stricte que
des pays
d’Asie du Sud Est ; le Sultanat d’Oman interdit la
finance islamique et
la célèbre université d’Al
Azhar du Caire a émis une fatwa autorisant les taux
d’intérêt à certaines
conditions.
Dans tous les cas, les conseils de conformité à
la Charia servent de garants pour les investisseurs musulmans.
DPUIS
LE 11 SEPTEMBRE, la croissance de la finance islamique s’est
accélérée
avec le phénomène d’accumulation de
l’épargne dans les pays musulmans ,
en particulier les exportateurs de pétrole. Il y avait 1
banque
islamique en 1975, il y en a plus de 300 aujourd’hui,
auxquelles il faut
ajouter les guichets islamiques dont se sont dotées
certaines grandes
banques nationales et internationales.
Le marché des produits
financiers respectant les préceptes de la Charia a
atteint plus de 300
Milliards de dollars en 2006 et augmente de 12% par an en
moyenne. Quant aux
dépôts des banques islamiques, ils sont
estimés fin 2011, à 3000 milliards de $
.. Les créations d’entités de finance
islamique se multiplient à
Londres et désormais en Europe ; Paris a annoncé
( en 2011) son intention
de concurrencer Londres comme plateforme sur le monde de la finance
islamique et cela ne semble plus être un
sujet tabou. La deuxième Banque
française spécialisée dans le
financement aéronautique, NATIXIS, a
apporté son expertise dans ce type de financement.
.
( D’après
certains, la crise des « subprimes » de
l’été 2007 n’aurait pas
existé
en régime de finance islamique fondé sur des
instruments participatifs
la MUDHARABA ou commandite ( association du capital
et de l’effort,
incluant le partage des profits) , , qui aurait
été pratiqué par le
prophète lui-même et la MOUCHARAKA ou association,
avec donc partage des
pertes et profits..
Idem pour les pertes de la SG en 2008, les
activités du fameux trader n’auraient pu avoir
lieu vu l’interdiction
de mener des opérations déconnectées
du réel ou à des fins purement
spéculatives.
Les banquiers islamiques utilisent cet argument marketing pour attirer
les capitaux des non-musulmans.,,
S’agissant
des produits financiers « islamiques », ils sont
compliqués à élaborer,
puisque toute transaction financière, selon les
préceptes de la Charia,
doit être fondée sur des actifs tangibles (
terrain immeuble etc), et
il y a nécessité à recourir
à des
techniques de titrisation pour les
concevoir ; On peut se demander quelle est la
légitimité d’un
organisme non islamique à lancer de tels produits
« religieux » .
S’agissant
des FONDS SOUVERAINS islamiques, qui
cherchent des opportunités
d’investissement pour leurs immenses ressources ( en
particulier les
pays du Golfe), ils provoquent à la fois peur et
convoitise des
occidentaux. Pour Sarkozy, « la France est ouverte
aux fonds
souverains, à condition que leurs intentions
soient sans « ambiguité »
et leur gouvernance transparente.
Le
futur de la finance islamique ?
Le
prix du pétrole suit depuis près de 30 ans une
tendance haussière et il
est vraisemblable que face à la demande des pays
émergents en énergie
fossile et au tarissement des réserves, le prix du
pétrole se maintienne
à un niveau élevé.
Les pays du Moyen Orient sont donc assurés d’une
rente
pétrolière confortable . Par
conséquent ces liquidités viendront
alimenter le marché de la finance islamique tant que leurs
propriétaires considèreront la
préférence religieuse comme un
élément
structurant de leur choix.
La France, dixit Ch. Lagarde en Mars 2012,
souhaite favoriser le développement de la Finance islamique
et devenir
comme d’autres places d’Europe un point
d’accueil privilégié des
capitaux d’origine islamique.
Les
Islamistes
Aujourd’hui,
pour ce livre si complexe, le Coran, on voit
l’émergence de mouvements islamistes
qui prospèrent. Leurs dirigeants sont quasi
analphabètes de leur propre
tradition qu’ils prétendrent défendre,
alors qu’ils en sont les
destructeurs.
Le problème des musulmans aujourd'hui est de faire
le tri dans leur héritage.
L’Islamisme
a ressurgi dès lors que les dictatures ont fait
régner l’obscurantisme
politique : le règne par la force dans
l’intérêt d’une petite
minorité
qui détruit ainsi le politique.
Ce malheur se perpétuera s’il n’y a pas
une restitution du Politique éclairé par les
droits.