Communication de Mona et Pierre R.

ISLAM et FINANCE ISLAMIQUE



Introduction sur l’Islam


La société dans laquelle vit le prophète et où s’élabore l’Islam  est une société marchande dans un pays de nomades. Le travail de la terre n’est pas valorisé. Dans l’Islam, selon le Coran dont le texte canonique est établi au 7è siècle, l’argent est un don de Dieu car tout appartient à Dieu et ne saurait donc faire l’objet d’échange en soi. L’homme est l’héritier de Dieu et responsable devant Dieu des richesses dont il dispose. La propriété individuelle est souhaitable et le profit est légitime.

Que signifie le CORAN ?

En arabe il signifie : lecture ou récitation. La Coran est présenté comme la parole même de Dieu, par le biais d’une révélation qui s’étendrait sur une période de 23 ans, transmise par l’archange Gabriel.
Composé de 114 chapitres ou sourates, le Coran a été compilé par les disciples du prophète après sa mort, à partir de transcrptions sur divers supports.

L’Islam à l’instar des autres monothéismes est une religion du verbe avec une prédilection pour la voix, d’où la place majeure donnée au texte psalmodié.
Dans la langue arabe ancienne « lire » a aussi l’extraordinaire signification de « concevoir ». Lis donc conçois.

Si le Cora, est le fondement de l’Islam, il convient aussi  de mentionner les paroles et les actions du prohète, rapportées sous forme de « hadiths » , rassemblés dans les recueils soigneusement codifiés , et qui constituent un précédent jurisprudentiel. Ce code a pris le nom de Suuna ( habitude ou pratique) . Il est devenu la seconde référence du Coran.


Cela dit on trouve dans le Coran, le tout et son contraire, à l’instar de tous les grands textes religieux. : la paix et la guerre, la promesse et la menace, la pardon et la vengeance.

Le Coran est tissé de contradictions par ce que «  telle est la réalité humaine ».On peut en exalter la vertu pacifiante comme on peut en faire un instrument de guerre ; tout dépend des croyants et de leur état d’esprit.

Il faut noter que le texte arabe du Coran est ciselé dans une langue aux effets hypnotiques ( cf : les derviches tourneurs).


Questions économiques

La deuxième sourate du  Coran , intitulée la Génisse ( al baqara), qui est la plus longue du Coran, comporte de très nombreux versets consacrés souvent de façon très techniques aux questions économiques. 

 . N’oublions pas qu’on est au 7è siècle dans une société marchande bien organisée et que le prophète lui-même a épousé une riche commerçante et a une activité de marchand. L’enrichissement est licite mais la thésaurisation est interdite parce que l’argent, ainsi retiré du circuit économique réduit la croissance des richesses de la communauté. L’argent doit toujours être utilisé afin de créer de la valeur réelle. La logique sociale repose sur une logique participative. Le concept de capitaux à risque  est donc apparu comme légitime avec celui de partage équitable des risques et des gains pour la légitimité d’un revenu. L’Islam comme les deux autres monothéismes apporte une très grande attention à la solidarité et à la justice sociale.


Le prêt à intérêt ou usure   ( rappel des 3 monothéismes)

La question du prêt à intérêt va très tôt focaliser l’attention des théologiens et des hommes d’affaires des trois monothéismes, dans la mesure où il s’avère nécessaire au développement de l’économie et des finances. Les trois monothéismes n’ont cependant pas connu une évolution historique simultanée sur cette question.

Moise dit au peuple juif : tu ne feras à ton frère aucun prêt à intérêt, ni prêt de quoi que ce soit qui puisse rapporter des intérêts, ni d’argent ni de nourriture. A un étranger tu feras des prêts à  intérêts mais pas à ton frère,  pour que le Seigneur te bénisse dans toutes des entreprises.
Or c’est le droit d’être usurier des autres qui a permis aux juifs, dispersés après la destruction du Temple en 70 de survivre pendant des siècles dans les royaumes musulmans et chrétiens et de contribuer au développement économique de ces derniers.
Leur compétence dans les techniques du prêt assurera ensuite leur place dans le monde de la finance contemporaine.
Les théologiens notamment St Thomas d’Aquin, ont maintenu le prêt à intérêt considéré comme usure, qui était donc réservé aux juifs de toute façon condamnés pour avoir tué  le Christ.
A la fin du 12é siècle, par exemple, les  chrétiens coupables du prêt à intérêt sont privés de la communion et de l’enterrement dans un cimetière.

Au  16è siècle , Calvin pour établir un pouvoir spitituel et politique sur la ville marchande de Genève, accepte le prêt à intérêt  tout en rappelant que dans un monde idéal, l’usure doit être bannie. Désormais l’usure est cachée dans le cours de change entre deux  places monétaires, les marchands jouent sur l’espace et le temps. La richesse n’est pas condamnabler en elle-même. Tout capital doit être rsiqué

En Islam, selon le Coran, l’argent ne produit pas l’argent. L’usure est interdite  par Dieu même : «Allah a déclaré licite le troc mais illicite l’usure » ( dixit la sourate 2 , 277) ; De même l’enrichissement sans cause est interdit, la « Riba » , qui se rapproche de la notion d’intérêt.
La « Riba » n’est pas à proprement parler l’usure, elle est un supplément donné en sus du principal. 
Sont interdits également le « Maysir », le pari, le jeu de hasard, et le « Gharar », la spéculation dans l’incertitude  Toute spéculation est donc condamnée..
Le gharar, c’est l’aléa. Comment le gère-t-on en finance ? En anglo-saxon, c’est la « lemon theory » (théorie du vice caché) : le marchand de la voiture usagée a un avantage sur  l’acheteur, il connaît les défauts cachés
Cette idée est vraie du monde de la finance : quand on vend un produit financier on a un avantage sur l’acheteur. D’où risque de publicité mensongère. C’est une explication du « gharar » ; il ne faut pas tricher, ni mentir .

Le « Zakat » ou aumone est une  obligation par ce qu’elle purifie la richesse. Elle est un instrument de redistribution et de justice sociale ; elle devient une technique financière.
L ’Islam incite également au règlement des dettes à bonne échéance, ou au report des dettes pour les débiteurs en difficulté.
A noter que, dans les premiers temps de l’Islam, les mosquées ont servi de cours de justice ;  l’idée d’économie islamique dérive donc d’une certaine conception de l’islam comme fondement d’un système politique social et économique  et juridique soucieux de partage équitable.


La légitimité religieuse de la Finance islamique


L’actuel développement d’une économie islamique de marché et de la finance islamique, en prenant en compte l’interdit fondateur avec toutes ses implications de solidarité et de responsabilité, est relativement récente. Elle est née dans les années 50 comme possibilité de financement alternatif à l’économie de la finance traditionnelle en conformité aux préceptes du coran : l’objectif : assurer la bancarisation des populations défavorisées  et aider à leur développement selon les préceptes du Coran, même si les moyens et les résultats se sont avérés différents. En fait les préceptes de la Charia  qui interdisent de percevoir ou de verser des intérêts, impliquent que toute transaction financière DOIT ÊTRE ADOSSEE SUR UN ACTIF TANGIBLE. Il prohibe tout investissement dans des activités considérées comme non éthiques, comme le tabac, l’alcool, le jeu, l’armement.

Charia compatible

Mis en place dans les années 70,  LES CONSEILS DE CONFORMTE à la Charia, qui sont composés de théologiens les Oulémas, valident la conformité religieuse des produits financiers. Toutefois on observe des divergences dans l’interprétation du Coran au sein du monde musulman. L’Arabie Saoudite par exemple se montre nettement plus stricte que des pays d’Asie du Sud Est ; le Sultanat d’Oman interdit la finance islamique et la célèbre université d’Al Azhar du Caire a émis une fatwa autorisant les taux d’intérêt à certaines conditions.

Dans tous les cas, les conseils de conformité à la Charia servent de garants pour les investisseurs musulmans.

DPUIS LE 11 SEPTEMBRE, la croissance de la finance islamique s’est accélérée avec le phénomène d’accumulation de l’épargne dans les pays musulmans , en particulier les exportateurs de pétrole. Il y avait 1 banque islamique en 1975, il y en a plus de 300 aujourd’hui, auxquelles il faut ajouter les guichets islamiques dont se sont dotées certaines grandes banques nationales et internationales.
Le marché des produits financiers respectant les préceptes de la Charia  a atteint plus de 300 Milliards de dollars en 2006 et augmente de 12%  par an en moyenne. Quant aux dépôts des banques islamiques, ils sont estimés fin 2011, à 3000 milliards de $ .. Les créations d’entités de finance islamique se multiplient à  Londres et désormais en Europe ; Paris a annoncé ( en  2011)  son intention de concurrencer Londres comme plateforme sur le monde de la finance islamique  et cela ne semble plus être un sujet tabou. La deuxième Banque française spécialisée dans le financement aéronautique, NATIXIS, a apporté son expertise dans ce type de financement.
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( D’après certains, la crise des « subprimes » de l’été 2007 n’aurait pas existé en régime de finance islamique fondé sur des instruments participatifs la MUDHARABA ou  commandite  ( association du capital et de l’effort, incluant le partage des profits) , , qui aurait été pratiqué par le prophète lui-même et la MOUCHARAKA ou association, avec donc partage des pertes et profits..
 Idem pour les pertes de la SG en 2008, les activités du fameux trader n’auraient pu avoir lieu  vu l’interdiction de mener des opérations déconnectées du réel ou à des fins purement spéculatives.
Les banquiers islamiques utilisent cet argument marketing pour attirer les capitaux des non-musulmans.,,

S’agissant des produits financiers « islamiques », ils sont compliqués à élaborer, puisque toute transaction financière, selon les préceptes de la Charia, doit être fondée sur des actifs tangibles ( terrain immeuble etc), et il y a nécessité à recourir à des techniques de titrisation pour les concevoir ; On peut se demander quelle est la légitimité d’un organisme non islamique à lancer de tels produits « religieux » .

S’agissant des FONDS SOUVERAINS  islamiques, qui  cherchent  des opportunités d’investissement pour leurs immenses ressources ( en particulier les pays du Golfe),  ils provoquent à la fois peur et convoitise des occidentaux. Pour Sarkozy, «  la France est ouverte aux fonds souverains, à  condition que leurs intentions soient sans « ambiguité » et leur gouvernance transparente.

 Le futur de la finance islamique ?


Le prix du pétrole suit depuis près de 30 ans une tendance haussière et il est vraisemblable que face à la demande des pays émergents en énergie fossile et au tarissement des réserves, le prix du pétrole se maintienne à un niveau élevé.
Les pays du Moyen Orient sont donc assurés d’une rente pétrolière confortable . Par conséquent ces liquidités viendront alimenter le marché de la finance islamique tant que leurs propriétaires considèreront la préférence religieuse comme un élément structurant de leur choix.
La France, dixit Ch. Lagarde en Mars 2012, souhaite favoriser le développement de la Finance islamique et devenir comme d’autres places d’Europe un point d’accueil privilégié des capitaux d’origine islamique.


                                                            
Les Islamistes

Aujourd’hui, pour ce livre si complexe, le Coran, on voit l’émergence de mouvements islamistes qui prospèrent. Leurs dirigeants sont quasi analphabètes de leur propre tradition qu’ils prétendrent défendre, alors qu’ils en sont les destructeurs.
Le problème des musulmans aujourd'hui est  de faire le tri dans leur héritage.
L’Islamisme a ressurgi dès lors que les dictatures ont fait régner l’obscurantisme politique : le règne par la force dans l’intérêt d’une petite minorité qui détruit ainsi le politique.

Ce malheur se perpétuera s’il n’y a pas une restitution du Politique éclairé par les droits.