
(Echanges. Contribution Gisèle. janvier 2008)
Le
système de santé en Allemagne en 2007
Mes informations concernant le
système de santé en Allemagne proviennent de
Marie CHENE et du CERFA (Comité
d’études des relations franco-allemandes).
Les informations de Marie
sont touchantes et sont les suivantes :
« Il y a deux systèmes parallèles en
Allemagne, en fonction du revenu (en dessous d’un certain
revenu, on appartient automatiquement au système public, au
dessus on a le choix, mais on ne peut pas revenir au public une fois
qu’on était inséré dans le
système privé). Le système
privé, est plus cher. Les assurés
privés ont des droits supplémentaires suivant
leur contrat (être traité par le chef de service,
moins d’attente,etc) mais ils le paient. »
Selon Marie toujours : « Les médecins augmentent
les prestations accordées aux assurés
privés et certains refusent les patients publics et ont une
clientèle exclusivement privée »
médecine à deux vitesses tellement
décriée en France !
« Les assurés privés avancent leurs
frais médicaux et se font rembourser à
postériori. A l’inverse, les assurés du
public n’ont aucune idée de ce que les
médecins et les soins qu’ils reçoivent
coûtent à la caisse d’assurance (par
exemple, je n’avance pas les frais médicaux, les
médecins sont payés directement par les caisses
publiques, je ne sais pas combien je coûte au
système).»
« Depuis deux ou trois ans, chaque
patient doit payer 10 € par trimestre (sauf les enfants) la
première fois qu’il consulte un médecin
dans le trimestre. Il y a aussi un système de
médecin référent qui a
été mis en place, je dois consulter un
médecin généraliste pour
qu’il m’envoie chez le gynéco, je
n’ai pas le droit d’aller directement chez le
gynéco même si je connais les symptômes.
»
A la question des frais de pharmacie : « on ne fait pas
l’avance des frais de pharmacie, on paie seulement la part du
médicament qui nous revient (tiers payant). Les
assurés privés avancent le prix du
médicament et se font rembourser à
postériori .»
« En ce qui concerne les frais d’hospitalisation,
il n’y a rien à payer sauf si on souhaite
bénéficier d’un meilleur service,
chambre seule, accès au chef de service,etc…les
assurés privés ont automatiquement droit au
meilleur service »
La conclusion de Marie est nostalgique : « Je me sens mieux
traitée en France, pour des raisons probablement plus
humaines que techniques. La médecine allemande est
extrêmement technique, chaque cabinet est très
équipé, avec une pression pour rentabiliser les
équipements et donc faire des examens inutiles. Personne ne
se plaint puisque les assurés publics n’ont pas
d’argent à mettre de leur poche. Il y a un lobby
très puissant des médecins. Par exemple
j’ai eu une échographie à toutes mes
visites prénatales quand j’étais
enceinte et régulièrement un
électrocardiogramme. Il n’y a pas de visite
à domicile, le temps d’attente est très
long dans les cabinets même pour les enfants qui ont
40° de fièvre. Je me sens techniquement prise en
charge, pas humainement. »
°
° °
Au cours du
XXème siècle tous les pays européens
ont étendu à la quasi-totalité des
citoyens la couverture des risques sociaux, celle-ci
s’effectue de façon variable selon les pays.
Traditionnellement on distingue en effet :
- d’une
part, les systèmes d’inspiration bismarckienne,
où prévaut le principe d’assurance
liée au travail ;
- d’autre
part les systèmes d’inspiration beveridgienne,
où la protection
généralisée est fondée sur
la solidarité, indépendamment de toute
activité professionnelle.
1) La conception
bismarckienne : les assurances sociales sont
nées en Allemagne à la fin du 19ème
siècle, à l’époque du
Chancelier Bismarck. En contrepartie de sa lutte contre les syndicats
et la montée du parti socialiste, l’Etat a pris la
responsabilité d’institutionnaliser la protection
sociale en 1883 sous forme d’assurances sociales obligatoires
qui remplaçaient les « caisses de secours
».
L’assurance sociale est une protection sociale
accordée en contre partie d’une
activité professionnelle.
Quatre principes fondamentaux définissent le
système bismarckien :
-une protection exclusivement fondée sur le travail,
-une protection obligatoire pour les seuls salariés dont le
salaire est inférieur à un certain montant, donc
ceux qui ne peuvent recourir à la prévoyance
individuelle,
-une protection fondée sur la technique de
l’assurance qui instaure une proportionnalité des
cotisations aux salaires et une proportionnalité des
prestations aux cotisations,
-une protection gérée par les employeurs et les
salariés eux-mêmes.
Dans tous les pays qui ont adopté le modèle
bismarckien, la protection s’est étendue aux
catégories non protégées initialement
et couvre des risques non pris en compte à
l’origine.
2) la conception
beveridgienne : la sécurité sociale,
conçue par Lord Beveridge au Royaume Uni (dont les principes
furent énoncés en 1942) se définit
ainsi :
-universalité de la protection sociale par la couverture de
toute la population et de tous les risques sociaux,
-uniformité des prestations en espèces,
fondées plus sur les besoins que sur les revenus,
-financement par l’impôt,
-unicité avec la gestion étatique de
l’ensemble de la protection sociale.
En France nous avons la couverture universelle, uniformité
des prestations en espèces, fondées sur les
besoins et non sur les revenus, le financement se fait par les
cotisations sociales prélevées sur les salaires,
cotisations patronales et dotations de l’Etat
(déficit de la sécurité sociale),la
gestion est paritaire employeurs et salariés.
Les allemands se trouvent confrontés au même
problème que chez nous : l’offre de soins est
excellente mais elle est chère.
L’assurance maladie est obligatoire pour les
salariés dont le revenu se situe en dessous du seuil de 4000
€, ils doivent s’assurer auprès
d’une caisse légale d’assurance maladie
(gesetzliche Krankenkasse GKK). Les assurés peuvent choisir
entre différentes caisses et donc des niveaux de cotisations
différents, entre 12 et 14% du salaire brut ; en revanche,
les catalogues de soins sont pour l’essentiel identiques.
Cette assurance obligatoire touche 60% de la population. Les personnes
dont les revenus sont supérieurs paient des cotisations plus
élevées sans avoir pour autant accès
à davantage de prestations. Ces assurances maladies
légales couvrent les épouses et les enfants
inactifs.
Comme le disait Marie, les médecins traitants et les
hôpitaux facturent les prestations de santé aux
assurances maladies légales, l’assuré
n’a donc pas connaissance des coûts de son
traitement. Très récemment, selon Marie, une taxe
de cabinet de10 € par trimestre lors de la première
consultation et un ticket modérateur pour les
médicaments n’ont pas incité
l’assuré à un esprit de
responsabilité ni de prise en compte des coûts de
ces soins.
Les cotisations collectées sont utilisées pour
payer les dépenses courantes de santé, les
caisses légales d’assurances maladie ne
constituent pas de provisions pour pallier à
l’augmentation des dépenses de santé
avec l’age ; en 2004 les dépenses de
santé des personnes âgées de plus de 80
ans s’élevaient à 12430 € par
personne et par an..
Dix pour cent de l’ensemble des citoyens, ceux dont le revenu
est supérieur au plafond de 4000 € et qui ne sont
pas volontairement assurés auprès de
l’assurance maladie légale, les fonctionnaires et
les travailleurs indépendants sont assurés
auprès de l’assurance maladie privée.
Les primes sont calculées en fonction des risques et sont
indépendantes du revenu de l’assuré,
elles sont variables en fonction de l’éventail de
soins choisi.
L’assurance maladie privée participe à
hauteur de 8,5 milliards d’euros au financement du
système de santé allemand.
Une réelle concurrence existe au sein de
l’assurance maladie privée : tout
assuré potentiel peut comparer les primes, le catalogue de
soins, le niveau des coûts d’administration, le
taux d’intérêt du capital fourni, les
conditions de remboursement des primes d’assurances lors du
non recours aux prestations de l’assurance et ainsi de suite.
Une réforme est en projet de manière à
responsabiliser les individus. On rappelle que la première
instance de prise en charge reste la famille ; la commune, le Land, le
Bund ne doivent être engagés que dans le cas
où l’individu ne peut se prendre en charge seul
sans pour autant que cela soit de sa faute. La prévoyance
individuelle doit avoir la priorité sur
l’assistance étatique.