(Echanges. Contribution PJMB. janvier 2008)
Histoire de
l'Allemagne
entre les deux guerres mondiales
Elle s’inscrit dans un cadre plus vaste qui vous a
été rappelé par ailleurs qui
commence à constitution du Deuxième Reich autour
du Royaume de Prusse par le premier traité de Versailles du
18 janvier 1871 après la victoire de Bismark sur la France.
L'unité de
l'Allemagne
L’Allemagne, est constituée en
confédération de vingt-deux monarchies, trois
républiques ainsi qu'une « terre d'empire
», l’Alsace-Lorraine, sous l'autorité
d’un empereur allemand, Guillaume 1er, également
roi de Prusse. Il importe de se rappeler que chaque Etat conserve son
organisation politique propre. L'Empire est organisé par la
constitution du 16 avril 1871. L'Empereur, élu à
vie par un collège de 9 Princes Electeurs, est le chef de
l'armée et de la marine ; il promulgue les lois et dirige la
diplomatie. Il nomme un chancelier impérial , qui n'est
responsable qu'envers lui, c'est-à-dire qu'il ne
dépend pas du parlement élu. C'est, en
réalité, le chancelier qui est le
maître absolu de l'administration impériale et du
gouvernement. Les autres organes de l'Empire sont deux
assemblées : le Bundesrat et le Reichstag .
Le Bundesrat représente les gouvernements des vingt-cinq
États ; il est présidé par le
Chancelier impérial. Cette assemblée vote les
lois, élabore le budget et contrôle les finances.
Le Reichstag, élu pour trois ans, puis à partir
de 1888 pour cinq ans, représente le peuple allemand. Il est
élu au suffrage universel (hommes + 25ans) mais n'a que
l'initiative indirecte des lois, et surtout aucun moyen d'action sur le
chancelier. A noter que l'influent Royaume de Prusse, entre autres,
conserve un mode de scrutin censitaire en trois collèges.
Dans les dernières semaines du régime, la
constitution de 1871 fut amendée pour faire du Reich une
démocratie parlementaire, ce qui avait
été refusé depuis un
demi-siècle. Le chancelier serait désormais
responsable devant le Reichstag et non plus devant l'empereur.
Un contexte international de jalousie et de haine
L'Allemagne se compare aux Etats-nations plus anciens tels la France et
l’Angleterre et se met à envier leurs empires
coloniaux conquis au XIXème siècle.
La disparité entre sa puissance industrielle et sa surface
politique se creuse. On assiste à une montée du
pangermanisme. Le souvenir des conquêtes
Napoléoniennes fait de la France l'ennemi
héréditaire.
Coté français, l’annexion de
l’Alsace-Lorraine qui a suivi la défaite de 1870
entretient un vif esprit revanchard et ajoute le sel sur les plaies.
Ceci sur un fond de mutation des mentalités: le choc du
Modernisme et la crise des milieux catholiques en France, avec les
épisodes de l’affaire Dreyfuss en 1898 et la
séparation de l’Eglise et de l’Etat en
1905 favorisent l’émergence de mouvements
nationalistes.
Coté allemand on n’est pas en reste. La
qualification de Deuxième Reich par
référence au Premier Reich, c'est à
dire le Saint Empire Romain Germanique, est
révélatrice. Le « Deutschland
über alles » s’impose dans l'esprit des
Allemands de toutes classes sociales, convaincus d’appartenir
au peuple qui avait conduit au Moyen Age les grandes expansions
territoriales vers l’Est et, de fil en aiguille,
d’être le flambeau d’une race aryenne
supérieure qui trouvait ses racines dans la mythologie
germanique et avait repris vie grâce à la
découverte du sanskrit rapporté des Indes.
Sur un plan plus vaste, le démembrement de
l’Empire Ottoman a créé des situations
instables en Europe Centrale, aiguisant les appétits des uns
et des autres. De vastes systèmes d’alliances,
parfois assez improbables, se sont créés
à la fin du XIXème et au début du
XXème siècle. France Royaume Uni et Russie
d’un coté, Allemagne, Autriche et enfin Italie de
l’autre. Les industries d’armement fonctionnent
à plein.
En 1914, le prétexte de l’attentat de Sarajevo
sert de détonateur.
La guerre de 1914-1918
La guerre est extrêmement meurtrière (environ 9
millions de morts et 6 millions d'invalides). Les peuples auraient pu
en sortir refroidis de toute ardeur belliqueuse.
Malheureusement les chefs, en particulier du coté
Alliés, ne l’entendent pas de cette oreille
Dès décembre 1916, le Reich tente d'engager des
négociations de paix. Les Alliés s'y refusent.
Une partie des socialistes allemands veut même aller plus
loin. Elle fait sécession et prend le nom de "groupe
spartakiste". Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht qui ont combattu contre
la guerre depuis le début prennent la tête du
mouvement pacifiste. Les Spartakistes constituent le noyau
révolutionnaire qui donnera le Parti Communiste Allemand en
1920.
L'Allemagne croule sous les soldats et les blessés revenant
du front. La violence civile est omniprésente, des combats
se produisent entre groupes rivaux de gauche et de droite.
L'empereur Guillaume II ( le petit-fils de Guillaume Ier) se
décide bien trop tard à réformer la
constitution : les "réformes d'octobre"
précèdent de peu son abdication, deux jours avant
l'armistice du 11 novembre 1918. Il s'exile en Hollande.
Les socialistes, qui sont devenus la force politique principale de
l'Allemagne à l'issue des récentes et
premières élections démocratiques, ont
la lourde tâche de réformer le système
économique et politique ainsi que de signer une paix qu'ils
ne peuvent même pas négocier.
Le premier président allemand Friedrich Ebert et
l'assemblée constituante donnent naissance, le 11
août 1919, à la République de Weimar.
Mais le ciel est chargé au-dessus de la jeune
république. Les Alliés, en effet, dictent leurs
conditions à l'Allemagne vaincue et celles-ci sont
très dures.
Le deuxième
traité de Versailles
Le deuxième traité de Versailles du 28 juin 1919
impose à l’Allemagne.
- des concessions territoriales importantes qui vont
durablement affaiblir le potentiel économique du pays
(occupation de la Ruhr) ;
- des exigences de réparation qui pèseront
longuement sur le redressement de la monnaie nationale ;
- et surtout d'endosser la responsabilité de la guerre,
article du traité qui restera en travers de la gorge de tous
les Allemands.
La droite parlementaire allemande ne pardonnera jamais la signature du
"Dictat" de Versailles. Elle fustigera sans relâche les
dirigeants socialistes de la République de Weimar et donnera
naissance à la légende du "coup de
poignard dans le dos" d'une armée invaincue sur le
champ de bataille...
L’esprit revanchard a changé de coté.
Il sera incarné, d'une part par l'Armée, en
particulier avec la formation de "Freikorps" (corps francs) par
d'anciens officiers à la retraite, mais aussi par un homme
de vingt-huit ans qui a laissé un nom tristement
célèbre: Adolf Hitler.
Adolf est né en 1889 en Autriche dans une famille
recomposée avant l’heure. On ne
s’étendra pas sur les détails graveleux
avancés par feu Norman Mailer. Artiste raté,
traîne savate et beau parleur, en 1912 il arrive à
Munich et s’enrôle dans
l’armée. Il fait preuve d’un certain
courage et finit la guerre comme caporal, gazé et
momentanément aveugle. Les plus belles années de
sa vie dira-t-il.
Au début de 1919, le capitaine Mayr, très
introduit auprès du haut Etat-Major, est chargé
de mettre sur pied un 2ème Bureau dont la mission est de
redonner du moral aux troupes, mais aussi de détecter et
pourchasser les spartakistes (futurs communistes)
réputés responsables de la défaite. Le
caporal Hitler y est affecté comme "informateur".
Au cours d'un séminaire de formation, il se fait
repérer par ses chefs pour ses talents d’orateur.
Il est finalement chargé d'infiltrer un des nombreux
groupuscules de gauche : le Deutsche Arbeiter Partei DAP.
A l'automne 1919, il adhère donc à ce
Parti Ouvrier Allemand. Rapidement il en prendra la direction.
Début 1920, le DAP prend le nom de NSDAP (National Socialist
Deutsche Arbeiter Partei), en abrégé le parti
"Nazi".
Il est remarquable de noter qu'un parti d'extrême gauche sera
transformé rapidement en un parti populiste qu'on pourrait
situer plutôt à droite . Le maître mot
c'est le "Volkstum", l'appartenance au Peuple. A cette
époque Peuple, Nation, Race sont en gros synonymes.
La République de
Weimar 1919-1933
Les premières élections à
l'assemblée constituante ont lieu en janvier 1919, en plein
soulèvement Spartakiste. Le nouveau gouvernement utilise des
Corps Francs (FreiKorps) pour réprimer l'insurrection dans
le sang. Les leaders - Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg - sont
assassinés.
La République naissante - proclamée
solennellement à Weimar - doit faire face à
d'énormes difficultés financières dues
à la sévérité du
Traité de Versailles, ainsi qu'à une double
opposition politique, revancharde d’une part,
révolutionnaire d’autre part.
Sur le plan économique, les "réparations" de
guerre et l'occupation de la Ruhr (le poumon industriel du pays)
pèsent à ce point sur le budget que l'inflation
atteint des niveaux records qui culminent en 1923 : c'est la Grande
Dépression qui ruine l'épargne de la classe
moyenne bourgeoise qui soutenait électoralement les
sociaux-démocrates.
Le SPD appelle à la résistance passive dans la
Ruhr, et il se voit contraint à une grande alliance avec les
libéraux du DDP (Deutsche Demokratische Partei), le Zentrum
catholique et les populistes du DVP (Deutsche Volkspartei).
Un homme de valeur, Stresemann, occupe brièvement le poste
de Chancelier, puis de 1923 à 1929 celui de ministre des
affaires étrangères . Il stoppe l'hyperinflation
en introduisant une nouvelle monnaie le RentenMark. A partir de 1924,
le plan Dawes (réagencement des dommages de guerre
à l'initiative de Américains et des Anglais)
permet à l'Allemagne de stabiliser la situation : les
investissements reprennent, assurant la modernisation des moyens de
production. Les salaires, les exportations et les chiffres de
production de 1926 égalent voire dépassent ceux
d'avant-guerre.
Le crack boursier d'octobre 1929 compromet à la fois la
récente stabilité économique
chèrement acquise et la stabilité politique de la
coalition SPD-DDP-DVP-Zentrum.
Mais sur le plan politique, l'année 1925 marque un tournant
capital pour la jeune République de Weimar : le
Président Friedrich Ebert meurt et il est
remplacé par l'ultra conservateur Maréchal von
Hindenburg, nostalgique de l'Empire, qui exige les importants pouvoirs
que lui confère la constitution, notamment celui d'autoriser
seul le chancelier à gouverner par décret et
celui de dissoudre l'assemblée.
Les parlementaires de la coalition au pouvoir sont de plus en plus
déconsidérés dans l'opinion publique
et tenus pour responsables de la situation de mise sous tutelle par les
Alliés, au même titre que les traîtres
pacifistes, les communistes et la finance juive internationale.
Dès 1930, les partis anti-parlementaires de droite
comme de gauche - Parti National-Socialiste Ouvrier Allemand et Parti
Communiste Allemand - empêchent la formation de toute
majorité de gouvernement et paralysent bientôt le
fonctionnement de l'assemblée.
Les élections de septembre 1930 consacrent la victoire des
partis extrémistes. Le KPD double le nombre de ses
sièges et le NSDAP passe de 12 - en 1928 - à 107
députés (qui siègeront en chemise
brune à l'assemblée.
Dans le même temps la situation économique et
financière empire, la droite se divise. Hitler qui
siège désormais à
l'Assemblée, pose ses conditions.
Le Président von Hindenburg, le 30 janvier 1933,
nomme Hitler Chancelier à la tête d'un
"gouvernement national" et dissout l'Assemblée le 1er
février.
L'Allemagne Hitlerienne
(1933-1945)
Il suffit de quelques mois au nouveau chancelier pour confisquer entre
ses mains toutes les rênes du pouvoir .
Dès février 1933 apparaissent les premiers camps
de concentration pour prisonniers politiques (exemple : Dachau, 20 mars
1933).
Le 5 mars 1933 ont lieu les élections
législatives, sous l'influence/intimidation du NSDAPqui
instrumentalise l'incendie du Reichstag survenu le 27
février. Elles donnent la majorité absolue
à une coalition NSDAP-DNVP (les deux partis nationalistes
allemands).
Hindenburg, les milieux d'affaires et les partis de droite
modérés qui avaient espéré
pouvoir manipuler Hitler déchantent rapidement.
La loi d'investiture qui donne les pleins pouvoirs au Chancelier lui
permet du même coup de mettre au pas le parlement. Le Parti
Communiste (KPD) est interdit, les partis de droite "auto-dissous", le
SPD résistera peu de temps encore. Le Parlement devient
dès lors une chambre d'acclamation aux ordres de Hitler,
lequel se débarrasse en juin 1934 de ses seuls rivaux
potentiels, les SA (Sections d'Assaut ou Sturmabteilungen) lors de la
fameuse "Nuit des Longs Couteaux".
En 1934 le Président von Hindenburg meurt et le
Président Autrichien Dolfuss est assassiné. Ce
sont désormais les SS (Escadrons de Protection ou
Schutzstaffel) qui sont le bras armé de celui qui se fait
appeler le "Guide" (en allemand : der Führer Ajoutons que la
dissolution des parlements régionaux, la nomination
d'administrateurs impériaux (Reichsstatthalter) et la
centralisation du pouvoir de décision assurent donc
à Hitler la maîtrise complète du pays
en à peine une année.
Cependant, la vie sociale n'est pas oubliée par le
Führer : des grandes fêtes politiques aux
organisations des Jeunesses Hitlériennes (Hitlerjugend) en
passant par les innombrables comités de quartier, la
population est sous étroite surveillance, la
société est "normalisé.
L'économie retient aussi l'attention du Führer,
création de Volkswagen, lancement d'un programme
d’autoroutes, construction de monuments gigantesques, en
particulier à Berlin l'aéroport de Tempelhof et
le stade des Jeux Olympiques de 1936, mais bientôt
affectation au réarmement de crédits
déguisés …
Hitler prend cependant soin, dans ses discours politiques et les
slogans affichés aux frontons des édifices
publics, de mettre en avant son pacifisme. Les opinions publiques
européennes s'y tromperont jusqu'en 1939.
Néanmoins, les faits prouvent que Hitler prépare
la guerre : l'armée défensive est
"professionnalisée", l'économie est mise
à contribution (Krupp, Thyssen, etc.), la jeunesse (qui
fournira les bataillons d'élite de la guerre
éclair en France), les mères de familles, toute
l'Allemagne est orientée progressivement vers la
reconquête d'une fierté bafouée par le
diktat de Versailles.
En 1936, Hitler fixe à l'armée et
à l'économie deux objectifs : « 1.Dans
quatre ans, l'armée allemande doit être
prête à intervenir 2. Dans quatre ans
l'économie allemande doit être prête
à faire la guerre ».
Sur le plan intérieur, Hitler poursuit sa
stratégie de domination.
L'élimination de tous les "ennemis d'état" a pu
être menée à bien : les opposants
politiques d'abord, mais surtout les juifs expropriés -
à partir des "Lois de Nuremberg", le 15 septembre 1935, ils
sont des citoyens de seconde classe - puis enfermés dans des
ghettos, massacrés - comme pendant la "Nuit de Cristal" du
7/8 novembre 1938 - et enfin déportés, avant
d'être exterminés dans les camps de la mort
pendant la guerre (début déportation vers
Auschwitz : mars 1942).
Sur le plan extérieur, Hitler déploie une
indéniable rouerie diplomatique face à des
interlocuteurs naïfs, pusillanimes ou complaisants (cf.
accords internationaux de Locarno en 1925 à Munich en 1938),
ce qui permet au Reich de s'étendre "pacifiquement"
à l'Est jusqu'en 1939, c'est-à-dire
jusqu'à l'annexion de l'Autriche puis l'invasion des
Sudètes (Tchécoslovaquie).
Le dernier coup diplomatique précédent la guerre
sera le pacte de non-agression germano-soviétique, le 23
août 1939 qui protège Hitler d'un
deuxième front à l'Est mais laisse à
Staline un répit indispensable.
Après l'invasion de la Pologne, que l'Angleterre et la
France ont abandonnée à son sort, commence la
"drôle de guerre" d'attentisme entre la France et
l'Allemagne. Mais l'offensive éclair du printemps 1940
(où les troupes du Reich violent la neutralité de
la Belgique) se solde par la défaite de la France et la
signature d'un armistice le 22 juin 1940 à Rethondes.
La France est occupée aux trois cinquièmes de son
territoire, l'Alsace-Lorraine est
récupérée.
La deuxième guerre mondiale de 1940 à 1945 est
une autre histoire. Je ne retiendrai qu'un seul aspect: elle fut quatre
à cinq fois plus meurtrière que la
première: environ 40 millions de morts en Europe et Russie,
plus 10 à 20 millions en Chine.
Conclusions
Avec le recul que peut-on retenir de cette période
troublée?
Des peuples entiers peuvent se mobiliser de bonne foi (au moins au
début) sur des valeurs qui ultérieurement feront
la démonstration de leur inhumanité. Les
clairvoyants ont le choix entre la valise ou le cercueil.
Ces mouvements de masse sont entraînés par des
leaders populistes qui se transforment en tyrans absolus une fois
arrivés au pouvoir.
Ces dérives sont favorisées par des
intellectuels naïfs et des associations de bonnes gens
à peu de vision globale.
Le leader s'appuie (quand ça l'arrange) sur des
théoriciens et des idéologues jusqu'au-boutistes.
Toutefois, la question reste entière de savoir si un seul
homme, certes paranoïaque, mais qui n'avait jamais
spécialement démontré de talents
d'organisateur, a pu aboutir au résultat qu'on
connaît. Des psychologues estiment à dix
pour-cent de la population la proportion d'individus
potentiellement très dangereux s'ils acquièrent
de l'influence et accèdent au pouvoir. Le journaliste et
historien Sebastian Haffner apporte un éclairage
inédit : dans les années 20 le recrutement du
parti Nazi s'est fait parmi les hommes nés entre 1900 et
1910, adolescents pendant la guerre de 14-18, ils l'ont
vécue comme un grand jeu nationaliste. Du nationalisme
romantique, ils ont évolué vers le sport, et du
sport aux ratonnades anti-communistes. Bien avant leur
création en 1921, les prémisses des SA existaient
sous la forme des Freikorps (levés fin 1918), les
prémisses des HitlerJugend sous la forme des clubs sportifs
nationalistes des années 20. D'ailleurs la tradition des
milices et des troupes de mercenaires est encore plus ancienne.
En fait il y a toujours collusion d'intérêts.
Dans notre cas, les hobereaux Prussiens de l'armée, les
grands industriels Rhénans, les ambitieux et les
assoiffés de pouvoir, les profiteurs, les mafieux... et
même paradoxalement au début la diaspora Juive
riche.
Ensuite, le déroulement est fait de revirements
d'alliances, de trahisons, de purges... et de coups de chance
imprévisibles ( attentats manqués...).
Les ingrédients de la méthode
Nazi sont à la hauteur du
génie du peuple allemand : discipline, organisation et
efficacité, mais aussi romantisme. Pour la masse,
l'enthousiasme du début fait place à la peur puis
à l'acceptation hypnotique de l'illusion.
La faible ancienneté de l'unité de l'Allemagne
et le peu d'expérience de la démocratie sont
aussi des facteurs à ne pas négliger.
Certains Historiens pensent que les horreurs de l'Histoire sont des
étapes nécessaires pour permettre les grands
tournants. Le "plus jamais ça" est un ressort puissant de
changement des mentalités, au moins à la
première et seconde génération.
La construction de l'Europe en est le résultat palpable, il
faut s'en réjouir.
Mais sur plus longue période, l'Histoire peut
bégayer. La suite des trois grands mouvements totalitaires
du XXème siècle est encore en cours
d'écriture.
ANNEXE 1 : CHRONOLOGIE DE
L'ALLEMAGNE HITLERIENNE (1933-1945)
I. La Marche au Pouvoir :
septembre 1919 Extrait de L'Allemagne de
Hitler (1933-1945), Seuil, collection Histoire, mai 1991.
Hitler adhère au DAP (Deutsche Arbeiterpartei/Parti Ouvrier
Allemand) qui devient, au début de 1920, le NSDAP.
3 août 1921 Création
de la SA
11 janvier 1923 Occupation de la Ruhr
8 novembre 1923 Echec du putsch de la
Brasserie à Munich.
20 décembre 1924 Hitler est
libéré de prison par anticipation (il a
écrit Mein Kampf en détention).
9 novembre 1925 Création de la
SS.
28 mai 1928 Le NSDAP ne fait encore que
2,6% des suffrages exprimés aux élections au
Reichstag.
14 septembre 1930 Le NSDAP obtient 18,3%
des voix et 107 sièges au parlement.
25 février 1932 Hitler obtient
la nationalité allemande.
10 avril 1932 Hindenburg est
réélu président du reich avec 53% des
voix, contre 36,8% à Hitler.
31 juillet 1932 Le NSDAP devient le
premier parti au Reichstag, avec 37,3% des voix.
13 août 1932 Hitler refuse le
poste de vice-chancelier.
6 novembre 1932 Nouvelles
élections : NSDAP 33,1% des voix.
30 janvier 1933 Hindenburg appelle Hitler
à la chancellerie.
II. L'état Nazi
:
1er février 1933 Dissolution
du Reichstag
27-28 février 1933 L'incendie
du Reichstag permet à Hitler de suspendre les
libertés fondamentales.
5 mars 1933 Le NSDAP obtient 43,9% des
voix.
20 mars 1933 Ouverture du camp de Dachau.
23 mars 1933 Hitler obtient des
députés les pleins pouvoirs pour quatre ans.
7 avril 1933 Lois excluant les juifs de
la fonction publique.
2 mai 1933 Interdiction de tous les
syndicats.
22 juin 1933 Interdiction du SPD
(Sozialistische Partei Deutschlands/Parti Social-Démocrate
Allemand).
14 juillet 1933 Le NSDAP devient parti
unique après auto-dissolution des partis de droite.
12 novembre 1933 Sur
référendum (95,1% de oui), l'Allemagne quitte la
SDN.
26 janvier 1934 Pacte de non-agression
entre l'Allemagne et la Pologne.
29-30 juin 1934 Nuit des longs couteaux :
les SA sont assassinés par la Gestapo et les SS.
25 juillet 1934 Le chancelier autrichien
Dollfuss est assassiné par des putschistes nazis qui
réclament le rattachement au Reich.
2 août 1934 Mort de Hindenburg.
19 août 1934
Référendum accordant à
Hitler (89,9% de oui) le cumul des fonctions de président et
de chancelier.
13 janvier 1935 La Sarre dit oui
à 90,8% au retour dans le Reich.
16 mars 1935 Hitler rétablit
le service militaire obligatoire, en violation du traité de
Versailles.
15 septembre 1935 Proclamation des lois
raciales (anti-juives) au congrès du NSDAP à
Nuremberg.
7 mars 1936 Remilitarisation de la
Rhénanie.
25 octobre 1936 Proclamation de l'Axe
Rome-Berlin.
25 novembre 1936 Pacte anti-Komintern
entre l'Allemagne et le Japon.
12-13 mars 1938 Annexion de l'Autriche
29-30 septembre 1938
Conférence de Munich qui cède les
Sudètes à Hitler en échange de la paix.
7-8 novembre 1938 Nuit de Cristal : 91
morts, des centaines de blessés, 191 synagogues
détruites, 7500 commerces juifs endommagés.
16 mars 1939 Occupation de la
Tchécoslovaquie. Elle devient le Protectorat de
Bohème-Moravie.
22 mai 1939 Pacte d'Acier entre
l'Allemagne et l'Italie.
23 août 1939 Pacte de
non-agression germano-soviétique.
1er septembre 1939 Invasion de la Pologne
sans déclaration de guerre.
III. La guerre :
3 septembre La France et la
Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne.
octobre 1939 Hitler ordonne l'euthanasie
des malades mentaux.
décembre 1939
Premières déportations de Polonais et
de juifs vers le centre de la Pologne.
9 avril 1940 Attaque contre le Danemark
et la Norvège.
10 mai 1940 Offensive occidentale qui
aboutit à l'occupation de la Hollande (cf. Journal d'Anne
Frank) et de la Belgique.
22 juin 1940 Le Maréchal
Pétain signe l'armistice avec l'Allemagne et l'Italie
à Rethondes.
16 juillet 1940 Préparatifs
pour l'invasion de l'Angleterre.
18 décembre 1940 Hitler
ordonne de préparer l'offensive contre l'URSS.
6 avril 1941 Attaque contre la
Yougoslavie et la Grèce.
10 mai 1941 Rudolf Hess gagne
l'Angleterre.
22 juin 1941 Début de la
campagne de Russie (Opération Barbarossa).
1er septembre 1941 L'étoile
jaune, déjà imposée en Pologne
dès 1939, devient obligatoire en Allemagne.
14 octobre 1941 Début de la
déportation des juifs allemands.
5 décembre 1941
Début de la contre-offensive russe.
7 décembre 1941
Décret "Nuit et brouillard" (Nacht und Nebel) qui
prévoit la déportation de tous les opposants
à l'occupation nazie.
11 décembre 1941 Par
solidarité avec le Japon, Hitler déclare la
guerre aux États-Unis.
20 janvier 1942 Conférence de
Wannsee où est exposé le plan d'extermination
systématique des juifs européens (= la solution
finale).
21 mars 1942 Organisation de la
déportation de travailleurs forcés pour
approvisionner l'économie allemande.
mars 1942 Début de la
déportation des juifs d'Europe occidentale vers le camp
d'extermination d'Auschwitz.
27 mai 1942 Assassinat de Heydrich par
les résistants tchèques.
8 novembre 1942 Débarquement
des forces anglo-américaines en Afrique du nord.
11 novembre 1942 Occupation en France de
la "zone libre".
22 novembre 1942 Encerclement de la
6ème armée à Stalingrad.
24 janvier 1943 Roosevelt et Churchill
exigent la capitulation sans condition de l'Allemagne.
31 janvier 1943 Défaite de
Stalingrad.
18 février 1943 Goebbels
proclame la "guerre totale".
19 avril 1943 Insurrection du
Ghetto de Varsovie.
25 juillet 1943 Mussolini est
renversé.
19 mars 1944 Invasion de la Hongrie qui
voulait passer du côté des Alliés.
Début de l'extermination des juifs hongrois.
6 juin 1944 Débarquement
allié en Normandie.
22 juin 1944 Début de la
grande offensive soviétique.
20 juillet 1944 Attentat
manqué contre Hitler.
25 août 1944
Libération de Paris.
21 octobre 1944 Les américains
entrent dans Aix-la-Chapelle (Aachen).
27 janvier 1945 Les russes
libèrent Auschwitz.
4-11 février 1945
Conférence interalliée à
Yalta (Crimée).
19 mars 1945 Ordre de Hitler de tout
détruire en Allemagne.
30 avril 1945 Suicide de Hitler et, dans
les jours suivants, de Goebbels et Himmler.
7-9 mai 1945 Capitulation sans condition
de l'Allemagne.
(c) eric alglave 2000
ANNEXE 2 : LA METHODE NAZI
La méthode Nazi repose sur la division rationnelle du
travail. Il y a
les théoriciens, qui ne manient en principe que des
abstractions,
les intermédiaires, techniciens
zélés qui planifient, organisent la logistique,
font des rapports et des statistiques ...
les exécutants qui font le sale boulot.
Elle repose sur une profonde connaissance de la psychologie humaine.
Particulièrement ses aspects les plus sombres.
Elle assigne les tâches à chacun en fonction de
ses capacités et de son niveau mental et
caractériel ...
Elle maîtrise les techniques de manipulation des foules par
la propagande, de la manipulation des cerveaux par la pseudo
rationalité, l'utilisation d'un vocabulaire officiel
euphémisé...
Elle dévoie l'idéalisme en encourageant le
zèle "dans l'esprit du Führer". Elle entretient la
peur en généralisant la délation.
Elle chloroforme les réticences individuelles en dispensant
une prétendue compassion pour ceux qui font le sale boulot.