Economie de
Berlin
un aperçu
1. Finances de la
Ville.
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Situation budgétaire.
Berlin se trouve dans une situation
budgétaire extrêmement critique, qui continue
à s’aggraver.
Le budget de la Ville est en effet en
déficit depuis sa réunification, au point que sa
dette a quintuplé depuis celle-ci, atteignant
aujourd’hui quelque chose comme 60 milliards
d’Euros.
Pour illustrer les choses :
- En 2006, les recettes ont
été de 17 milliards d’Euros, les
dépenses de 22 Milliards (intérêts de
la dette compris) : la dette a augmenté de 3,1 Milliards.
- En 2007, le budget devait être
équilibré, mais hors remboursement de la dette et
paiement de ses intérêts, soit 17,5 milliards
d’Euros. Mais en tenant compte de la dette, qui est une
réalité, les dépenses devraient
être de l’ordre de 20 Milliards d’Euros,
ce qui fait que là encore le déficit ne pouvait
que s’aggraver.
◊
Pourquoi cette situation ?
Il y a trois raisons principales à
considérer :
- La première est la
très grande étendue de la Ville, dont les
infrastructures, considérables de ce fait, sont excessives
par rapport à l’activité
économique qui s’y développe.
- La seconde, sans doute la plus
considérable, est le poids de l’histoire dans les
trente dernières années.
- La troisième est, peut-on penser,
une certaine insuffisance politique de ses dirigeants.
Il n’y a pas grand-chose
à dire sur la première raison : la Ville est ce
qu’elle est.
Il est intéressant en revanche de
se poser sur les deux autres :
- Le poids de l’histoire :
* Avant la seconde guerre mondiale, capitale
de l’Allemagne, Berlin était le premier centre
industriel
du
pays. Après 1945 les données
économiques sont toute autres, le gros des unités
de production industrielles, en grande partie ruinées,
étant appelé à
déménager. Pour ne parler que des plus
importantes de ces unités, Siemens s’en va
à Munich, les banques s’établissent
à Francfort, les constructeurs automobiles se
déplacent vers la Bavière.
* Après 1945, la Ville se
reconstruit, grâce aux subventions massives qu’elle
reçoit de l’Est et de l’Ouest.
Désormais sans industries significatives, elle devient une
vitrine des deux blocs : trois universités, quatre
orchestres, trois opéras s’affrontent
symboliquement et à grand prix.
* Avec la chute du mur c’est la
catastrophe : l’Etat fédéral coupe
franchement dans les subventions qu’il versait à
la Ville et aux entreprises de Berlin-Ouest (il faut savoir
qu’avant 1989 le Sénat de Berlin-Ouest ne
subvenait qu’au quart des dépenses de la
cité), tandis que le secteur industriel de Berlin-Est ne
résiste pas au passage à
l’économie de marché et
s’effondre.
* Ajoutons pour terminer que la Ville
réunifiée doit faire avec un secteur-est dont les
constructions et infrastructures sont
généralement dans le pitoyable état
que l’on rencontre partout aujourd’hui encore dans
la plupart des pays de l’est, Russie comprise.
- Une certaine insuffisance politique.
Les problèmes
considérables posés par la
réunification tendaient à dépasser, on
le conçoit aisément, les experts de la politique
ordinaire. Comment faire face était la grande question : la
monnaie, le marché, l’organisation
économique et sociale, le droit, l’état
civil, les transports, le travail, l’emploi … On
n’a pas forcément su ce qu’il fallait
faire, ni sans doute pu, mais peut-être aussi compris, quand
la réalité, qui se charge en pareilles
circonstances de poser concrètement les questions
à voir, s’est manifestée. Ainsi en
est-il par exemple du déficit : on ne peut entretenir un
secteur public pléthorique (Berlin-Ouest plus Berlin-Est),
quand on hérite subitement de charges nouvelles
considérables, sans disposer des recettes
nécessaires correspondantes. Or c’est ce qui
s’est fait : on a conservé le même
effectif ou à peu près jusqu’en 2001.
Depuis on a commencé à tailler dans le vif.
D’abord l’horaire hebdomadaire des fonctionnaires
est passé de 40 à 42 heures, sans augmentation de
salaire, puis on s’est attaqué aux effectifs : de
207 000 à l’origine, ils étaient
tombés à 132 000 en 2004 (ma donnée
date malheureusement), le Sénat envisageant encore une
suppression de 25 000 emplois.
2.
Situation économique et avenir.
- Potentiel.
Heureusement pour elle, la Ville a
été choisie pour redevenir la capitale du Bund,
ce qui lui assure pour l’avenir un lot
d’activités annexes important, un rayonnement
certain, même s’il est en bonne part
dépendant de l’ensemble du pays, une position
favorable pour attirer des investisseurs.
De par sa situation géographique,
des voies de communication routières, ferroviaires,
aériennes et fluviales dont elle
bénéficie, de l’importance et de la
qualité de ses infrastructures, de la qualité de
ses universités, Berlin a une position très
favorable dans le développement des relations
économiques qui s’instaurent avec les pays de
l’Europe Centrale et Orientale.
Viennent s’ajouter
d’autres facteurs de notable importance, liés au
site, tels qu’un fort potentiel de main
d’œuvre hautement qualifiée, une vaste
offre de terrains immédiatement disponibles, un parc
immobilier facilement et économiquement accessible et une
rare qualité de vie.
La Ville a donc en main pas mal
d’atouts.
- Economie.
La perte des emplois engendrés par
la construction du ‘mur’ en 1961 a
été en partie compensée par
l’installation d’administrations
fédérales et l’accueil de
manifestations internationales. La politique des années 80
tendait à faire de Berlin un centre technologique de pointe
: microélectronique, informatique, biotechnologie
…, un essor initié grâce à
l’aide financière massive de la RFA et
à l’appel de main-d’œuvre
étrangère.
Actuellement, en termes de chiffre
d’affaires, les principaux secteurs
d’activité de la Ville sont l’industrie
agro alimentaire et le tabac, tandis que, en termes d’emploi,
les principaux secteurs sont la chimie, la mécanique de
précision et l’électrotechnique.
Au moment de la réunification,
Berlin-Est, qui était la capitale industrielle de la RDA,
comptait 18 combinats. La plupart se sont avérés
obsolètes, économiquement en faillite, perdant
leur clientèle soviétique habituelle, inattendues
à l’Ouest et inadaptées à
son marché. Un redressement économique a
été recherché, qui a
été puissamment soutenu par les länder
de l’Ouest, qui y ont investi chaque année, des
années de rang, une moyenne de 35 milliards
d’Euros. Les premiers investissements ont servi à
remettre à niveau les infrastructures : réseaux
routier et ferroviaire, canalisations d’eau et
d’électricité… Par la suite,
les équipements collectifs (hôpitaux,
écoles, administrations, universités) ont
été rénovés ou
étendus. Cet effort massif ne pouvant être
financé par les seules subventions et hausses
d’impôts, s’est traduit
parallèlement par un relèvement des taux
d’emprunt, la fermeture d’équipements
culturels, le report d’investissements et nombre de
suppressions d’emplois.
Aujourd’hui, le tissu
économique, un tissu dense de PME et de nombreuses
entreprises artisanales, forment un fond
d’activités particulièrement riche,
dans lequel le secteur du BTP, florissant, occupe une place de choix.
En même temps, le retour des sièges sociaux de
grands Groupes allemands (Daimler Chrysler, ABB, Deutsche Bahn, Siemens
…) tend à réinstaller Berlin dans son
statut de capitale économique. Des firmes
étrangères contribuent également par
leur implantation à cet essor – Sony, Coca Cola,
Samsung, IBM …, groupés pour la plupart dans le
centre moderne de la Potsdamer Platz.
- Politique actuelle.
En dehors de l’incontournable
équilibre des comptes, qui demeure une
préoccupation majeure des élus, ceux-ci font tout
pour encourager les implantations et créations
d’entreprises et valoriser l’héritage du
passé, lorsque, coupée en deux, la Ville se
voulait de part et d’autre une vitrine, investissant dans les
universités, la recherche et la haute technologie. Les
moyens de jadis demeurent qui, bien exploités, devraient
être un appui solide pour l’innovation. Les
secteurs apparemment porteurs en la matière, qu’il
n’appartient pas à la Ville de définir
mais de reconnaître et appuyer, sont spécialement
l’électrotechnique, l’informatique, les
technique médicales, la biotechnologie, les
énergies renouvelables et la production
cinématographique.
En bref et pour conclure, on retiendra que la
Ville ne manque ni d’avantages, ni de volonté, ni
de dynamisme, de ce qu’il faut pour assurer son avenir. Mais
qu’elle doit faire face à des
difficultés extrêmement sérieuses,
à savoir une situation financière très
préoccupante, sa dépendance persistante des aides
du Bund et, semble-t-il, une sensibilité
particulière au contexte économique
international, dont on sait combien il est aujourd’hui
vacillant.