(Echanges. Contribution Antigone. Septembre 2007)
Le Bébé dans les Temps Modernes
- Pourquoi
parler du Bébé ?
Simplement parce qu’il est la Vie,
valeur première, qu’il va
s’incérer dans une civilisation, recevoir des
adultes qui l’accueillent, un canevas tissé par
les générations
précédentes, canevas dans lequel il construira au
cours du temps sa propre histoire, sa singularité.
- Comment le bébé va-t-il passer d’un
état de dépendance absolue à une
indépendance souhaitable, indispensable, comment va-t-il
acquérir à la fois le respect d’autrui
et l’estime de lui-même, valeur fondamentale de
chaque être humain.
- Aucune « recette » pour s’occuper
d’un bébé, pas de parents parfaits.
Certes. Cependant nous devons nous interroger sur ce que l’on
pourrait appeler « les droits d’un
bébé, ses besoins fondamentaux » et sur
l’adaptation progressive indispensable de l’adulte,
ce que : Winnicot (pédiatre psychanalyste
anglais) a appelé «la
préoccupation maternelle primaire ».
La préoccupation maternelle primaire, celle des toutes
premières semaines = la voix de la mère,
son odeur, la façon de porter le bébé,
de le tenir, de la bercer, de le nourrir,
l’adaptation à l’évolution
progressive des besoins quotidiens de ce
bébé
là avec cette mère là. Comment va-t-il
naître à sa singularité, devenir
créatif ?
Il est bien entendu que tout ceci concerne également les
mères adoptives, y compris le travail de
pensée de l’attente du bébé
avant son arrivée dans la famille.
- Le bébé à la naissance est
plongé dans un monde énigmatique qu’il
est incapable seul de déchiffrer. D’où la
nécessité absolue pour que très
progressivement il puisse émerger, donner sens à
ce qui l’entoure d’avoir auprès de lui
un adulte prévisible, stable, sécurisant, adulte
qui est là avec sa propre histoire, notamment infantile,
avec sa personnalité, avec ses rêves, ses
pensées, ses craintes du moment.
L’adulte maternant est ainsi en face d’un
bébé au départ inconnu,
lui-même particulier, il est des bébés
d’emblée vivaces, ouverts, attirants, capables de
tirer à eux une mère craintive,
inexpérimentée.
Tandis que d’autres bébés seront, nous
disent certaines mères ingrats peu réactifs.
»Des bébés venus du froid »
disait le psychanalyste Michel Soulé.
L’accordage adulte bébé va se tisser
ainsi très progressivement. L’adulte va donner
sens aux premières expériences de plaisir et de
déplaisir, d’amour et de haine du
bébé.
Cette histoire intime, irremplaçable n’est jamais
la même pour chaque enfant d’une même
fratrie. Aussi est-il inexact de penser, de dire que
l’on s’est occupé exactement de la
même façon de chacun de ses enfants.
Donc adulte prévisible, stable, sécurisant,
veillant avant tout à ce qu’il n’y ait
pas de rupture dans ce logiciel de construction des affects, de la
pensée . au moins pendant les premiers mois. Pas de rupture
dans l’établissement du cours de la
pensée donc…pas de modification brutale dans les
soins donnes, de changements répétés
imprévus.
Ces ruptures brutales, répétées dans
la première année de la vie d’un enfant
sont toujours retrouvées chez les adolescents en
dérive.
Si certaines statistiques affirment qu’il n’y a pas
plus de parents maltraitants qu’il y a 10 ans, il est par
contre certain qu’il y a de plus en plus de familles
déstabilisées, incapables de donner des
repères, les plus élémentaires et
indispensables à leurs enfants.
Dans « La Croix » du 20-12-06 une hausse de 15%
d’enfants en danger par rapport à 2000.
D’après l’observatoire national de
l’action sociale décentralisée 97000
enfants seraient en danger « le reflet de
l’individualisme excessif de notre
société, isolement grandissant des cellules
familiales, détricotage des liens sociaux ayant pour
conséquence de grandes carences éducatives
».
Comment faire entendre qu’il serait nécessaire de
ne plus mettre sur le même plan les droits des parents et les
droits des enfants ?
Droits des enfants ou
droit à l’enfant ?
L’idéologie trop souvent en cours est de maintenir
contre vents et marées un enfant dans sa famille
d’origine. Egalement lorsqu’un placement dans une
famille d’accueil est finalement
décidé, souvent trop tardivement, les juges
tiennent absolument à maintenir des visites avec la famille
d’origine affrontant ainsi les enfants à des
situations intolérables.
Un travail considérable reste à imaginer,
à mettre en place, pour essayer de maintenir les
bébés dans des familles que l’on sait
très démunies : mises en place d’un
véritable suivi des grossesses autrement que sur le plan
strictement médical, intervention obligatoire de la PMI
dés la naissance. Surtout création de lieux
d’accueil parent(s) bébé à
proximité des lieux d’habitation, ouverts 7 jours
sur 7 ( les mauvais traitements des bébés
conduisant à une hospitalisation se passent souvent pendant
les week-end).
Lieux d’accueil sans obligation de déclaration
d’identité. Lieux de rencontre des
mères, pères, entre eux et avec un personnel
très adapté capable d’être
à l’écoute des parents et des
bébés.
A notre avis ces lieux d’accueil très
spécifiques, différents des crèches
habituelles, elles mêmes en nombre beaucoup trop restreint
permettraient non seulement d’éviter les mauvais
traitements mais favoriseraient l’éveil de chaque
enfant, leur capacité langagière, leur
sociabilité. Ils réduiraient, autant que faire se
peut, les différences insupportables entre les enfants de
milieux « normaux » et ceux qui n’ont pas
cette chance. Surtout ils permettraient qu’à
l’entrée en maternelle à 3 ans les jeux
ne soient pas déjà faits entre des enfants au
vocabulaire riche, au comportement adapté et des enfants
parfois encore sans langage ou presque, enfants sans «
continuité », vivant dans l’instant,
incapables de résister à leurs pulsions, vivant
dans des familles où n’est jamais entré
un livre, un journal ; uniquement des cris et la
télévision dans ce qu’elle peut avoir
de pire. Ceux là n’apprendront pas à
lire en CP, ils iront alimenter le pourcentage d’enfants
entrant en 6ème sans posséder les acquisitions
élémentaires.
- Comment aborder les
nouvelles formes de parentalité ?
- Comment parler du droit
à l’enfant ?
L’homoparentalité désigne le lien qui
unit un ou des enfants à un couple d’homosexuels.
On note une grande variation des statistiques :
. Selon les associations homosexuelles
de 100.000 à 500.000 enfants seraient
élevés dans des foyers homos parentaux
. selon le directeur de
l’INED ils ne sont plus que 30.000
- Qui sont les familles homos
parentales
?
.
un ou une homo a eu un enfant dans le cadre d’une
première union hétérosexuelle, qu’il ou
elle élève seul ou avec son
compagnon, sa compagne.
.
certains couples homosexuels décident d’avoir un
enfant à quatre : l’enfant est alors conçu
naturellement par l’un des deux hommes
et l’une des deux femmes de ces couples et il est
élevé par les deux couples.
. les couples de lesbiennes peuvent avoir un enfant par
insémination artificielle
. les couples d’homosexuels peuvent aussi élever
un enfant adopté par l’un des deux puisqu’en France une personne seule à le
droit d’adopter.
Convient-il de rester sur
les notions : fonction maternelle, fonction paternelle.
Que penser ?
Le même jour 6-07-2007 dans le journal Le Monde et dans
Libération le même faire part : « La
petite Elisa a montré le bout de son nez le 29-06-07, elle
fait le bonheur de ses deux mamans Muriel et Séverine ses
pays et mamys sont béats »
BEATS ? ? ?
Que penser ?
Pour le psychanalyste chrétien Jacques Arènes :
« il faut répondre en finesse à la
demande de parentalité des personnes homosexuelles, qui non
sans raison, estiment qu’il vaut mieux qu’un enfant
soit élevé par un couple homosexuel
équilibré ( ? ? ? ) plutôt que par un
couple hétérosexuel alcoolique ou, et
violent »…..
Une question en suspens :
Qu’adviendra t-il de l’enfant lorsqu’il
souhaitera connaître sa généalogie ?
Comment réagira t-il au moment de présenter un
acte de naissance ?
Le problème est très différent pour
les enfants nés d’une insémination
artificielle par donneur (IAD). Ils sont en France au nombre de 50.000
environ avec maintenant 30 ans de recul :
En France aucun enfant né par IAD ne peut retrouver la trace
du donneur.
L’enfant n’a que deux parents : l’homme
et la femme qui ont demandé à ce qu’il
soit conçu dans ces conditions.
Jean Loup Clément a longuement interrogé 21
personnes nées par IAD : 13 femmes et 8 hommes
agés de 18 à 40 ans Ils vont dans
l’ensemble plutôt bien.
Ceux qui ont toujours su n’ont rencontré aucune
difficulté particulière liée
à l’IAD.
Ceux qui l’ont appris tardivement, parfois même
après la mort du père ou dans des
périodes de tension lors d’une
séparation par exemple, l’ont vécu plus
difficilement. Certains auraient aimé lire un jour une fiche
donnant la description physique du donneur. Certains rêvent
ou craignent de rencontrer un jour un demi frère ou demi
sœur qu’ils ne pourront identifier, mais tous
affirment clairement que leur « père »
c’est leur père. Ils n’accordent
l’image symbolique du père
qu’à l’homme qui les a
désirés, fait la demande d’IAD au
médecin, puis les a élevés.
Qu’en est-il, qu’en sera-t-il pour les
enfants élevés dans des couples homosexuels
hommes ou femmes ?
Deux mères, pas de père voir un père
de papier
Deux pères , pas de mère
S’il faut rester très prudent,
s’interdire toute attitude catégorique pour
prévoir ce qui sera ou non nuisible à un enfant,
des limites existent et il semble qu’elles sont bien dites
par René Diatkine (psychanalyste) : «
tout enfant vivant dans un contexte familial très
différent de celui des autres traverse des
difficultés, psychiques importantes dont l’issue
n’est pas prévisible. Il n’est
guère raisonnable de créer volontairement de
telles atypies pour des raisons étrangères au
bien être du futur enfant »
Mais comme l’écrit Jacques Arènes, en
janvier 2006 dans La Croix « l’avenir a
besoin de nous et nous devons le transmettre…le don de
l’avenir n’est pas la conséquence
d’une prévision objective. Il correspond au
désir d’ouvrir des possibles…
»
Comment faire face à ces transformations, ironies de
société, comment aider les enfants vivant dans
ces conditions nouvelles, à devenir eux même, sans
rupture avec les générations
précédentes, à construire leur
particularité. Comment ne pas les affronter à des
comportements de déloyauté vis-à-vis
d’un parent particulier selon notre point de vue…
Peut être faut-il alors de notre part plus que de la
tolérance afin que les enfants de ces parents «
particuliers » deviennent à leur tour des hommes,
des femmes capables eux aussi à la fois de transmettre et
d’avoir chacun sa
particularité.