Individualisme
et démocratie
D'après Tocqueville la dynamique de la
démocratisation peut s'identifier à la
montée de l'individualisme, c'est à dire
à l'affirmation de l'individu comme principe et comme
valeur.
L'idée d'individu est une idée moderne.
L'idée d'un sujet capable de s'auto-déterminer
est tardive. Le concept de l'individualisme est en quelque sorte
l'émancipation du sujet face à la tradition
familiale, face à l'autorité de la
hiérarchie.
Dans les sociétés antiques,
régnait une forte hiérarchie, soit paternelle,
soit tribale, soit aristocratique. Les deux plus grands penseurs de la
Grèce Antique Platon et Aristote ne font guère
place à l'idée d'autonomie individuelle, celle ci
était réservée à
l'élite.
Les premières doctrines centrées sur la
possibilité d'interprétation personnelle du monde
apparaissent chez les stoïciens et les épicuriens
sur fond de désordre politique et de grand
désarroi moral.
Il faudra attendre la Renaissance pour que l'homme soit
pensé de manière singulière et unique
: c'est la naissance de l'humanisme. Descartes pose le premier la
primauté du sujet pensant sur toute autre
réalité, c'est la première
référence théorique de
l'individualisme.
Aujourd'hui l'individu a une autonomie croissante qui
s'inscrit dans une totale logique d'émancipation
à l'égard de la famille et de la
société est ce une liberté ou une
aliénation est ce un progrés ou une
régression ?.
L'homme est doué d'une faculté contrairement aux
animaux, c'est la liberté qui lui permet de transcender sa
nature pour accéder à la culture et la
civilisation. Devenir humain c'est sans cesse s'arracher à
l'animalité et répudier la bestialité
en soi.
Mais il faut remarquer que notre univers actuel est voué au
culte de la frivolité,il n'y a plus de désir de
transcender notre nature, c'est le règne de la jouissance
immédiate, du narcissisme il y a un surinvestissement de la
sphère privée, l'homme s'est affranchi des
règles de morale mais cette prétendue
émancipation qui nie notre culture n'est-elle pas une
déshumanisation qui peut entrainer vers la barbarie.(ex : le
tourisme sexuel)
Sur le plan philosophico-politique un homme vaut un homme, c'est le principe
d'égalité. Le prochain, c'est l'autre que moi et
l'autre moi, c'est tout homme, en tant qu'il appartient au genre
humain. Le sentiment pour autrui est dérivé du
sentiment pour soi même. Lorsque je compatis, je m'identifie
à la souffrance de l'autre, je me projette en
lui. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? L'individualisme contemporain est-il
émancipateur ou régressif ?
L'individualisme peut être émancipateur
lorsque l'homme adopte une discipline rigoureuse afin de
développer une personnalité forte, solitaire et
rationnelle, capable de sublimer ses émotions. C'est la
figure de l'homme individu sublimé.
A la suite de la révolution française
sont apparus des individus qui revendiquaient les droits naturels,
c'est le citoyen des "droits de l'homme" et du contrat social,
affranchis et critiques, capables d'être leur propre
législateur c'est l'individu
émancipé.
Aujourd'hui l'homme est formé à
l'économie de marché, il est pris dans la logique
de l'argent, il cherche à maximiser son
intérêt personnel. Cela dénote un
certain égoisme et une perte de la valeur spirituelle et
affective de l'homme (ex : vente de la villa qui est maison de
famille).
Devant cet individualisme forcené et pour ainsi
dire égoisme, ont tendance à naitre des petits
groupes (sectes ou autres), qui
sont autant de nébuleuses isolées les unes des
autres tendant à réduire la
démocratie. C'est l'individualisme de masse.
C'est l'un des
périls anticipés par Tocqueville l'atomisation du
social, qui implique une dérive vers le despotisme doux d'un
état tutélaire et paternaliste.