(Echanges. Contribution J-P M. Septembre 2005)
Synopsis historique de
l’Islam
(Soumission à Dieu)
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7ème siècle –
L’Islam de Médine
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Au cours de la vie du Prophète (570 –
632) on doit dater l’origine de l’islam
à la naissance de l’Hégire 622
Bien que la Mecque soit toujours restée la capitale
symbolique de l’islam, on peut considérer que
pendant la 1ère période la capitale
économique culturelle et administrative fut
établie à Médine –
622-661 sous la souveraineté :
du Prophète
10 ans 622 – 632
Puis des 4 premiers Califes (représentants du
Prophète) ;
Bakr (son beau-père, père de
Aïcha)
2 ans 632
– 634
Omar (son beau-père
également)
10 ans
634 – 644
Othman (le 3ième conseiller du
Prophète)
12 ans
644 – 656
Ali (le gendre du Prophète qui était aussi son
cousin : le fils 6 ans
656 – 661
d’Abou Taheb, celui qui avait élevé le
Prophète dans son enfance)
Cette période très courte, 40 ans en tout,
où se succédèrent 5 hommes (le
Prophète et ses « familiers »)
mérite notre attention parce pendant celle-ci
l’islam va atteindre un rayonnement considérable
mais sur des bases ô combien fragiles !
Il s’agit de l’invention d’un
état authentiquement Théocratique. Pouvoir direct
de Dieu sur « la terre d’Islam ».
Même le « chef de l’état
» (dans une terminologie occidentale) ne peut
qu’appliquer la loi de Dieu (le Coran applicable à
la lettre parce que révélé)
secondairement les Hadîts, les interprétations du
Prophète et des Califes « bien guidés
». (Nous pourrions dire la Loi et les Décrets).
Par rapport à un législatif, transcendantal
(monarchie de droit divin) comment va se mettre en place un
exécutif (monarchie humaine) ?
Le Prophète et les 4 premiers califes vont gouverner avec un
conseil très restreint de 4 ou 5 personnes avec des
attributions très floues, pour une part
géographiques, mais sans responsabilité ,
délégués ou définies, de
façon précises.
# Le « Trésor public » se
confondait avec le budget du Prophète pour des Califes.
Initialement Mahomet prélevait un cinquième du
butin des razzias ou des tributs que les régions
occupées devaient payer pour leur « protection
» (?).
# La « Police » avait toutes les
caractéristiques d’une police secrète.
Il s’agissait de quelques séides
dévoués corps et âme au
Prophète et prêts à toutes les besognes.
# Les armées étaient composées selon
l’opportunité de « bandes tribales
» (avec l’étonnante mobilité
des cavaliers arabes) qui concluaient des accords de circonstance avec
un chef de guerre désigné pour
l’opération par le prophète ou un de
ses successeurs.
# L’administration était
dévolue à un gouverneur qui avait pour
tâche essentielle de prélever une
dîme.
Il était entouré de quelques «
oulémas » connaisseurs de la religion et de la loi
mais qu’on ne peut pas assimiler à des
prêtres parce que l’islam est une religion
« accessible » à chacun et «
égalitaire ».
# La Justice. Ces « oulémas » avaient la
fonction de dire le bien et le mal aussi bien dans les rapports humains
que dans les rapports à Dieu.
Ces actes humains sont simplement classés en cinq
catégories : obligatoires, recommandés,
autorisés, réprouvés et interdits.
La Charia, loi islamique, règle tout.
# Les cultes. Etant donné la rapidité de
l’expansion de l’islam, il
n’était pas question de convertir tout le monde
xxxxxx de l’empire de Médine fut
caractérisé par le système des Dhimmis
qui se prolongea par la suite. Les « peuples des
écritures » essentiellement juifs et
chrétiens étaient autorisés
à pratiquer leur foi moyennement le paiement d’un
impôt spécial.
# Les finances. La charia fixe de manière
précise les taux de
prélèvements (aumône ou
impôts ?) sous la forme de Zakat. C’est ainsi
qu’émerge la conscience sociale, la
solidarité (au moins 2,5% des ressources).
A la fin de ces 40 années où la
communauté musulmane avait pris une forme sociale
à force tâtonnements, elle avait aussi
étendu son rayonnement géographique à
la faveur de la dégradation des deux empires qui
l’entouraient, Byzantin à l’ouest et
Sanasside à l’est.
Mais cette période de 40 ans ne s’acheva pas sans
que, sous le califat d’Ali, la communauté
musulmane ne se déchire par le fait des premières
intégristes, Kharidjites (« les sortants
» (d’où sont issus les Sunnites) les
xxxx de la Sunna-Tradition). C’est en 657 que se
déclencha la rébellion et c’est en 661
que fut assassin » Ali à la suite
d’expéditions destinées à
rétablir l’unité.
Résumons-nous :
Le Prophète – 622 – 632 –
établit la loi séculière) partir de la
loi divine au fur et à mesure que les problèmes
se posent ; il aboutit à une communauté musulmane
fragile mais étendue.
Bakir – 632 – 634 – essaye
l’unité vacillante.
Omar – 5634 – 644 – est un homme de
conquête.
Mésopotamie (Irak), Syrie, Palestine, Egypte, Perse (Iran)
tombent sous l’influence musulmane.
Othman – 644 – 656 – se consacre surtout
à mettre au point la rédaction du Coran et le
recueil des Hadîts.
Ali – 656 – 661 – est en but à
des luttes intestines qui aboutissent à la division en
Sunnites (intégristes) et chiites (Chiat Ali le parti
d’Ali) qui reconnaît Ali comme immédiat
successeur du prophète.
7ème et 8ème siècle
– L’ISLAM DE DAMAS
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Muawaer – le rival d’Ali fonde la
première dynastie héréditaire de celle
des « Omeyyades ».
Celle-ci va durer presque un siècle : 661 – 750.
Elle sera connue comme le Khalifat de Damas.
Elle va atteindre en 750 la plus forte expansion géographie
(v. carte).
Elle va aussi être réellement «
administrée » avec un pouvoir central et des
administrations territoriales.
Les omeyyades maintiennent l’unité par un pouvoir
fort et le faste impressionnant dont ils
entérinent leur cour. Pour autant ils
n’empêchent pas que « la Suma »
la Tradition éclate en 4 branches au cours du 7-8e
siècles.
# Hanafites – fondateur Abu Honifa 699 –
767
La plus libérale.
Présence en Asie Centrale, Inde, Pakistan, Turquie,
Afghanistan et certaines régions d’Egypte et de
Tunisie.
# Malachites : fondateur : Malik ibn Anas (715-795)
Très rigoriste. Inspiration directe du temps du
Prophète.
Dominante en Afrique du Nord et de l’Ouest Mauritanie,
Soudan, Koweit.
# Chaféites : fondateur Ach Lhafin (767 –
820)
Entre les deux sur le plan idéologique.
Répandue dans le Proche-Orient Indonésie,
Malaisie, Jordanie, Palestine, Syrie, Liban et dans quelques
régions d’Egypte.
# Hanbalites : fondateur. Ahmad in Hanbal (780-855).
Piété traditionnelle rigoureuse sans compromis.
Estime croissante depuis le début du XIXième
siècle avec le mouvement réformiste des
Wahhabites.
Présence en Arabie sxxxxx et des adeptes, Syrie, Irak,
Algérie.
IX, X, XI, XIIIème siècles –
L’ISLAM DE BAGDAD
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C’est encore à Dams que les Omeyyades
vont être renversés par un coup
d’état sanglant en 750 au profit des Abbassides.
Mais très vite Al Mansour le deuxième
calife Abbasside établit sa capitale à Bagdad.
On peut parler d’un authentique empire.
Bagdad connaît son apogée sous Harun el Rachid.
L’administration est parfaitement centralisée.
Le commerce est omnipotent.
Les cultures persanes et gréco-romaines sont admises.
La philosophie et les sciences sont enseignées mais des
villes importantes émergent : le Caire, Fès et
Cordoue en particulier.
Quand en 1258 l’invasion mongole met fin au califat de
Bagdad, Fès et Cordoue étaient
déjà prêtes depuis deux
siècles à prendre le relais de l’islam.
C’est ainsi qu’on peut parler de :
X, XI, XII, XIIIème siècles
– L’ISLAM DE CORDOUE ET DE FES
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L’émirat de Cordoue se
crée sous le pouvoir des Abbassides en 756 par une branche
latérale des Omeyyades (Abd el Radan le seul survivant du
massacre du repas d’Abdallah où 80 omeyyades
périssent).
Progressivement Cordoue rivalise avec Bagdad.
Une bibliothèque de 400 000 recueils donne une indication
sur son pouvoir de rayonnement culturel.
Cordoue, Fès et le Caire (ou Alexandrie) sont des centres
commerciaux qui dominent toute la côte sud, de la
Méditerranée.
Les dynasties berbères des Almoravides puis des Almohades se
substituent à la dynastie des Abbassides du XI au
XIIIe siècles.
On peut dire que les 11ième et 12ième
siècles sont des périodes d’assez
grande tolérance à partir de cet islam de Cordoue
et de son rayonnement.
C’est ce passage du 11e au 12e siècle que xxx
Attali, dans son roman « La Confrérie des
éveillés » où il imagine une
rencontre entre Maimodie le médecin, juif de Cordoue et
Averroès, le philosophe arabe musulman.
Les trois religions cahin-caha.
Fernand d’Aragon ne s’appelait-il pas
lui-même le roi des 3 religions ?
Mais par ailleurs en moyen orient du 11e au 13e siècle
l’exaltation de la lutte entre chrétiens et
musulmans trouva son comble dans les Croisades (cf. cartes).
Au moyen-orient également rappelons que l’invasion
mongole met fin en 1258 au califat de Bagdad.
Serait-il hasardeux de penser que du 11 au 15e siècles, les
pôles de rayonnement de l’islam sont
situés à Fès et à Cordoue ?
sans oublier l’Egypte où la Dynastie des Mamelouks
repoussa les mongols et garda l’influence de
l’islam sur la Syrie et la Palestine.
Retenons les figures de Saladin (1138-1196) et de Baibar 1260-1277.
Retenons encore que les Mamelouks reprirent en 1291 St Jean
d’Acre, mettant un terme définitif aux
états chrétiens implantés au moyen
orient par les croisades.
XIV – XV Siècle – NAISSANCE
DE L’ISLAM OTTOMAN D’ISTANBUL
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Alors que les Abbassides avaient maintenu pendant
près de cinq siècles une certaine
unité géographique de l’empire musulman
bien que des courants religieux se soient individualisés de
plus en plus, la Théocratie que nous évoquions
s’est distribuée, peu à peu, en des
monarchies de plus en plus indépendantes.
Le moyen orient, l’Asie du nord-est, l’Egypte, le
Maroc, l’Espagne vont reconnaître
l’universalité du pouvoir divin
révélé par le prophète mais les
exécutifs des pouvoirs séculiers ne seront plus
centralisés.
Les principaux évènements qui vont bouleverser la
géopolitique du monde musulman vont trouver leur conclusion
au XIIIe et au XVème siècles.
# Un revers : 1258 – Bagdad tombe aux mains des
Mongols
# Un succès : 1291 – St jean
d’Acre est repris par les musulmans mettant fin aux trois
siècles de croisades.
# Un succès : 1453 – Mehmet Ali prend
Constantinople.
# Un revers : 1 492 – Les rois catholiques terminent
la reconquête (reconquista) de
l’Andalousie.
C’est seulement à partir du VXI que l’on
va pouvoir parler d’un empire ottoman relativement
unifié et qui va se confondre pour l’essentiel
avec le monde musulman.
De l’ouest à l’est de la
méditerranée le pôle de rayonnement
majeur de l’islam va se déplacer.
XVI, XVII, XVIIIe siècles –
PREPONDERENCE DE L’ISLAM OTTOMAN
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Que l’islam ottoman soit venu d’Asie
c’est indéniable. Les turkmènes
(dynastie des ottomans) partie d’Anatolie au XIVe
siècle et ont établi leur capitale à
Constantinople et depuis là, ont rayonné vers
l’Europe.
Mais en Asie, en particulier à partir du XIIIe
siècle, l’islam s’est diffusé
par la voie pacifique des contacts commerciaux.
C’est ainsi que même si l’islam est
religion d’état comme en Indonésie le
système politique prévoit la permanence de
religions préexistantes.
Dans le nord de l’Inde, l’empire islamique des
grands Moghols fondé par Babur en 1526, les hindous
étaient « protégés
» selon le système politique des Dhinmis.
En 1582, Abbar fonda une « communauté de la foi
» qui traitait toutes les formes de religion sur un mode
égalitaire (une laïcité religieuse ?).
Ce n’est que sous le colonialisme britannique au XIXe
siècle que les tensions entre Hindous et Musulmans
s’exacerbèrent pour en arriver à
l’indépendance du pakistan.
Ceci dit revenons à l’ascension de
l’empire ottoman.
Après la reconquête de Constantinople par Mehmet
en 1453, au début du XVIe siècle,
l’empire ottoman occupa très rapidement
l’Egypte, la Tunisie, l’Azerbaïdjan, la
Hongrie et la plupart des îles
méditerranéennes.
En 1529 et en 1683 les turcs étaient aux portes de Vienne.
(pour faire une allusion aux problèmes contemporains on ne
peut pas dire qu’à l’époque
la Turquie faisait partie de l’Europe mais par contre une
large partie de l’Europe était Turque !)
De toute façon rien en pouvait se faire en Europe sans tenir
compte de la Turquie et ceci va durer jusqu’au XIXe
siècle.
Pourquoi ce déclin de l’empire ottoman ?
A mon sens, mais sous bénéfice
d’inventaire, le pouvoir centralisateur n’a pas cru
devoir administrer les provinces. Celles-ci sont de proche en proche,
devenus des fiefs indépendants qui ne faisaient que payer
des « royalties » au pouvoir d’Instanbul.
On peut reconstituer cette lente dégradation à
partir d’un ouvrage (G. Fleury, Comment
l’Algérie était devenue peu de choses
au sein de l’empire du Divin – autour de 1830.
XIX et XXe siècles – LES ISLAMS
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Autant le pouvoir séculier et la monarchie non
pas de droit divin mais Théocratique ont
été confondus quand il s’agissait de la
dynastie des Omeyyades, des Abbassides, voire des Almoravides ou des
Almohades, autant la dynastie des ottomans peut apparaître
comme le dernier exemple d’Islam unifié ayant rang
de grande puissance mondiale.
La guerre de 14-14 a porté le coup de grâce
à l’empire ottoman qui ne demandait
qu’à se disloquer.
La brièveté relative des empires coloniaux et les
décolonisations qui s’en sont suivies ont
été aussi pour beaucoup dans les
désagrégations de l’Islam
séculier. Mais sans doute l’essentiel
n’est-il pas là.
Nous avons vu qu’il a fallu moins de 40 ans pour que
l’islam se déchire gravement.
A son tour, cette éclosion du Chiisme
n’était
pas unitaire. Au moins 3 branches se sont
séparées :
# Les Zaidites qui ont connu mille ans de règle au
Yémen (901-1961).
# Les Ismaïliens qui constituent dans le Chiisme le
courant le plus
varié et le plus mystérieux et
qui donnent à leur tour deux courants les mutazilites et les
Nizârites.
Certains nizârites regroupent aux Indes les Modjas dont le
chef est l’Aga khan.
Les chiites comprennent aussi les Druses du Liban.
# Les Duodécimains dont l’exemple le plus
spectaculaire est donné par l’Iran, ce pays
où le chiisme duodécimain est religion
d’état.
Nous avons vu aussi que le droit musulman a donné naissance
à quatre écoles qui revendiquent le maintien de
la tradition : la Sunna (les hanafites, les malékites, les
chaféites, les hanbalites).
Alors que l’idéologie religieuse de base est assez
sommaire, un dieu unique : Allah, un prophète unique :
Mahomet. Une religion révèlée et intangible le
Coran en Sourates, il devrait y avoir un calife représentant
du Prophète, un Iman chef de la communauté
musulmane et quelques oulémas instruits dans la tradition,
la Sunna mais combien y a-t-il d’islams dans le monde
§ (cf. carte) ?
Ce sera mon mot de la fin.