« J’en jure
par l’étoile qui se couche,
Votre compatriote ne
s’est oint égaré, il n’a
point été séduit.
Il ne parle pas de son
propre mouvement.
Ce qu’il dit
est une révélation qui lui a
été faite ».
Coran, LIII, 1-4
Le Coran est un grand livre.
Prétendre le « lire » en quelques
semaines et ensuite en parler sans avoir longuement
réfléchi, médité,
cherché, expérimenté est
complètement insensé.
On doit donc ne voir dans les lignes qui suivent que des notes
personnelles qu’une lecture rapide, effectuée
à temps perdu en quelques semaines, par un «
chrétien » laïque lui a
inspirées.
1.
Préambule.
Le Coran, comme la Bible, à laquelle il fait abondamment
référence, vise à nourrir et
légitimer l’Espérance constitutive de
notre nature humaine : attente de la Justice totale et
irrévocable, désir de percer les
mystères innombrables de l’homme, du monde et de
Dieu, volonté de dépasser les imperfections, les
insécurités et la précarité
de notre existence terrestre.
Pour un moderne, et spécialement pour un occidental, le
Coran est rebutant en raison de sa présentation
désordonnée, de la sécheresse et de la
forme ingrate du discours, de ses répétitions, de
ses ambiguïtés, de ses contradictions, et aussi en
raison de son incompatibilité avec la mentalité
de l’homme d’aujourd’hui, qui est
l’aboutissement d’une véritable
mutation, commencée avec l’avènement de
l’ère industrielle : les idéologies, un
mode de penser « unique », conduisent à
tout sacrifier à la croissance économique,
volontiers assimilée au progrès et
considérée comme une
nécessité incontournable, en sorte que la
motivation profane tend à éliminer la motivation
religieuse.
Aux yeux des croyants musulmans, le Coran se présente comme
une interpellation adressée à tous les hommes par
ce même Dieu Vivant, Créateur et Juge,
révélé par la Bible.
La question de fond qui se pose d’emblée est par
conséquent la suivante …
Ou bien la révélation coranique n’est
qu’un langage humain parodiant la vraie
Révélation, et il faut alors expliquer pourquoi
une parodie de la Révélation aboutit à
des résultats psychologiques, politiques, culturels et
historiques comparables à ceux de la vraie
Révélation,
ou bien le Coran est pleinement, lui aussi, Parole de Dieu, et il a
alors sa place dans ce que les chrétiens appellent
« l’économie du salut ».
… et par conséquent encore :
si le Livre est véritablement inspiré par Dieu,
on ne saurait le lire sans y prêter la plus grande attention,
sans recueillement, sans respect,
s’il ne l’est pas, on ne saurait non plus en parler
sans respect, en raison de l’immense foule des hommes dont il
a été et dont il est aujourd’hui la
raison de vivre.
2. Forme du Coran.
Le Coran comprend 114 chapitres ou « sourates »,
eux-mêmes divisés en versets.
Certains chapitres sont très courts, comme le premier, qui
n’en comporte que 7 d’une seule ligne chacun,
d’autres sont assez longs, comme le second, qui en comporte
286. Tous portent un titre, généralement un mot,
comme « Le génisse », « Marie
», ou « La caverne », qui se rapporte
à un passage particulier mais ne constitue pas un quelconque
résumé du tout.
Tous les chapitres, sauf un, le neuvième, commencent par
l’invocation « Au nom du Dieu clément et
miséricordieux », invocation reprise,
c’est à noter, dans l’en-tête
des papiers à lettres officiels des pays arabes (y compris
en son temps dans l’Irak de Saddam Hussein).
Certaines affirmations sont répétées
inlassablement, souvent avec les mêmes mots, en petites
phrases simples et courtes. Cette répétition ne
manque pas de force et, mieux que toute preuve ou toute
démonstration, tend naturellement à susciter
l’adhésion de celui qui les entend.
3. Quelques
définitions.
Le mot Coran signifie lecture, récitation,
prédication.
Le mot Islam signifie s’en remettre à la
volonté de Dieu.
Le mot Musulman signifie qui se résigne à la
volonté de Dieu, qui se livre entièrement
à Lui. (Si l’on s’en tient à
cette définition, on note en passant que les
chrétiens authentiques sont par conséquent
musulmans)
Le mot Iman désigne un chef en matière religieuse.
Le mot Livre pris absolument désigne tout livre
révélé, c'est-à-dire les
Ecritures – le Pentateuque en parlant des juifs,
l’Evangile en parlant des chrétiens, le Coran en
parlant des arabes.
La Famille du Livre désigne ceux qui, à quelque
époque que ce soit, ont reçu les Ecritures. Ils
se distinguent des ignorants et des idolâtres.
L’infidèle est celui, juif, chrétien ou
arabe qui n’est pas fidèle à
l’enseignement des Ecritures.
4. De
l’authenticité de la
révélation.
La difficulté est certes de croire le prophète
sur parole …
La sourate VII (entre autres), en ses versets 156 et 157, dit ceci :
« O hommes ! Je suis l’apôtre de Dieu
envoyé vers vous tous ;
De ce Dieu à qui les cieux et la terre appartiennent ;
il donne la vie et fait mourir.
Croyez en Dieu et en son envoyé, le prophète
illettré, qui croit, lui aussi en Dieu et en sa parole.
Suivez-le et vous serez dans le droit chemin ».
Mahomet n’a quant à lui produit aucun signe
– c'est-à-dire qu’il ne lui a
été donné de produire aucun signe. En
plusieurs sourates le fait est évoqué.
Comme suite, le « musulman » sérieux est
invité à apprécier lui-même
la véridicité de ce qui lui est
annoncé au travers des signes lisibles par lui
dans la nature, ainsi que le dit par exemple en son verset 159 la
sourate II :
« Dans la création des cieux et de la terre, dans
la succession alternative des jours et des nuits,
dans les vaisseaux qui voguent à travers la mer pour
apporter aux hommes des choses utiles,
dans cette eau que Dieu fait descendre du ciel et avec laquelle il rend
la vie à la terre morte naguère
et où il a disséminé des animaux de
toute espèce,
dans les variations de vents et dans les nuages astreints au service
entre le ciel et la terre,
dans tout ceci il y a certes des signes pour tous ceux qui ont de
l’intelligence ».
dans les événements de l’histoire (par
exemple en réfléchissant sur le sort de Pharaon
au temps de la sortie d’Egypte du peuple hébreux,
ou bien sur ceux, au temps d’Abraham, de Sodome et de la
femme de Lot …).
5. Pour la bonne
intelligence du texte.
Le Coran suppose du lecteur une culture religieuse
déjà solide.
A priori il s’adresse à des populations
déjà instruites du Dieu unique, de la
création du monde, de la résurrection des morts,
du jugement, et aussi de ce qui fait un « juste »
sur la terre, c’est à dire de la
prière, de l’équité, de la
bonté. Ce n’est pas un catéchisme : la
Bible (ancien et nouveau Testament) est pour lui à cet
égard la référence. Quand il reprend
ici ou là, à sa manière, certains
passages de l’ancien Testament (jamais du nouveau,
c’est à noter), ce n’est pas pour
l’enseigner mais pour en rappeler la leçon (par
exemple le déluge, Sodome …).
6. Ce que professe
fondamentalement le Coran.
La réalité de l’Etre, de la
transcendance et de la toute puissance de Dieu.
La résurrection universelle des morts au terme de
l’histoire humaine et la rétribution
éternelle de chacun selon ses œuvres.
La foi en Dieu (et en son Prophète), la prière et
l’aumône comme unique religion.
Le début de la seconde sourate, versets 1
à 4, le dit bien :
Voici le livre sur lequel il n’y a point de doute ;
c’est la direction de ceux qui craignent le Seigneur ;
De ceux qui croient aux choses cachées, qui observent
exactement la prière
et font des largesses des biens que nous leur dispensons ;
De ceux qui croient à la révélation
qui a été donnée à toi et
à ceux qui t’ont
précédé ;
de ceux qui croient avec certitude à la vie future.
Eux seuls seront conduits par leur Seigneur, eux seuls seront bien
heureux.
A noter que la seconde et la troisième sourate donnent
déjà à elles seules une
très bonne idée de l’ensemble du Coran.
On note aux versets 70 et 73 de la cinquième sourate
qu’il n’est pas nécessaire
d’être musulman au sens de l’appartenance
à l’Islam pour entrer dans le séjour
des bienheureux. Le verset 73 dit ceci :
« Ceux qui croient, les juifs, les sabéens, les
chrétiens qui croient en Dieu et au jour dernier,
et qui auront pratiqué la vertu,
seront exempts de toute crainte et ne seront point affligés
».
7. La
réalité de l’Etre, de la transcendance
et de la toute-puissance de Dieu.
Toutes les sourates se réfèrent
expressément à cette
réalité de l’Etre, de la transcendance
et de la toute-puissance de Dieu.
La première donne le ton :
Louange à Dieu souverain de l’univers,
Le clément, le miséricordieux,
Souverain au jour de la rétribution.
C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous
implorons le secours.
Dirige-nous dans le sentier droit,
Dans le sentier de ceux que tu as comblés de tes bienfaits,
De ceux qui n’ont point encouru ta colère et qui
ne s’égarent point. Amen.
Dans la seconde on trouve, verset 111 :
« Unique dans les cieux et sur la terre, dès
qu’il a résolu quelque chose,
il dit : ‘Sois !’ et cela est ».
Et dans cette même sourate, on trouve
déjà une multitude de ces affirmations qui
ponctuent un très grand nombre de versets …
« Il est puissant et sage.
Dieu accorde sa grâce à qui il veut, car il est
plein de bonté et il est grand.
Ne sais-tu pas que Dieu est tout-puissant ?
Dieu voit vos actions.
Dieu est immense et il sait tout.
Il entend et connaît tout.
Il aime à agréer la pénitence et il
est miséricordieux.
Il conduit ceux qu’il veut dans le droit chemin.
Tout retournera à Dieu.
Il est le Très-Haut, le Très Grand. »
… on y trouve aussi :
« Dieu connaît les pervers.
Dieu hait les infidèles.
Dieu est terrible dans ses châtiments. »
Pour un musulman « Se souvenir de Dieu est un devoir grave
» (S XXIX, V 44).
8. La
résurrection des morts et la rétribution.
La résurrection et la rétribution sont
évoquées comme une certitude en de
très nombreuses sourates. C’est quand on y
réfléchit la raison d’être du
Coran : à quoi bon celui-ci si la vie est toute dans un bref
espace de temps passé sur la terre ?
On lit par exemple ceci au verset 79 de la quatrième sourate
…
« Le monde d’ici-bas n’est que de peu de
valeur, la vie future est le vrai bien pour ceux qui craignent Dieu .
Là on ne vous trompera pas de la plus mince portion.
»
… au verset 149 de la seconde …
« Ne dites pas que ceux qui sont tués dans la voie
de Dieu sont morts.
Non, ils sont vivants ; mais vous ne le comprenez pas. »
… au verset 68 de la huitième …
« Vous désirez le bien de ce monde, et Dieu veut
vous donner ceux de l’autre. Il est puissant et sage.
»
… au verset 64 de la vingt neuvième …
« La vie de ce monde n’est qu’un jeu et
une frivolité ; mais la demeure de l’autre monde,
c’est la véritable vie.
Ah ! S’ils le savaient ! »
Le paradis à venir est présenté comme
un lieu destiné aux fidèles, établi
pour toujours, d’ordre et de paix, de
rafraîchissement, d’enchantement, imagé
simplement (des fleuves d’eau pure, des coupes de vin fin,
des vierges de beauté incomparable, … la sagesse
en partage).
L’enfer est également souvent,
régulièrement évoqué, comme
le royaume de Satan, étang de feu et de soufre où
seront jetés pour toujours les infidèles. Pour
résumer cet aspect considérable et effrayant des
choses et n’en parler qu’une fois, on peut se
reporter significativement aux versets 19 à 25 de la sourate
50 :
« On enfle la trompette ! C’est le jour dont vous
étiez avertis.
Toute âme s’y rendra accompagnée
d’un témoin et d’un conducteur qui la
poussera devant soi.
Tu vivais dans l’insouciance de ce jour, lui dira-t-on. Nous
avons ôté le voile qui te couvrait les yeux.
Aujourd’hui ta vue est perçante.
L’ange qui l’accompagnera dira : Voilà
ce que j’ai préparé contre toi.
Jetez dans l’enfer tout infidèle endurci,
Qui s’opposait au bien, violait les lois et doutait ;
Qui plaçait à côté de Dieu
d’autres dieux. Précipitez-le dans le tourment
affreux ».
Ainsi le Coran se présente-t-il comme un «
avertissement pour l’univers » (S LXXXI, V 27).
9. La foi en Dieu (et en
son prophète), la prière,
l’aumône.
Pour Mahomet, la voie droite, celle qui conduit au séjour
des bienheureux mais qui déjà porte des fruits
durables dans le temps, est simple : la foi en Dieu (et en son
Prophète), la prière et
l’aumône constituent l’essence de la
religion
Il est spécialement insisté sur la foi en Dieu,
ce qui se comprend puisque c’est d’après
elle que l’on est appelé à conduire sa
vie, et aussi parce qu’elle est une pierre
d’achoppement pour un grand nombre.
Il est toutefois ajouté à plusieurs reprises
« et en son prophète », ce qui surprend
en première lecture, vu que celui-ci n’est pas sur
le même plan que Dieu, mais que l’on comprend dans
la mesure où il est difficile en effet de croire
à l’enseignement du Coran si au départ
on ne reconnaît pas le prophète de celui-ci en
tant que tel …
Il n’est pratiquement pas question du contenu de la
prière. Ma lecture a par ailleurs été
trop rapide pour que je puisse m’attacher à ses
formes et conditions, dont il est en revanche question en plusieurs
endroits.
Quant à l’aumône, le Coran la recommande
souvent, comme une obligation naturelle du croyant. Il recommande de la
pratiquer généreusement, en fonction de ses
ressources, mais avec mesure, c'est-à-dire sans
prodigalité.
Le Coran emploie rarement le mot « amour » - celui
de Dieu pour les hommes, celui des hommes pour Lui, celui des hommes
entre eux. Son point de vue est différent. Il
évoque plutôt les composantes de «
l’amour » - par exemple la
fidélité, la
générosité, la patience, la
miséricorde, le courage,
l’équité, la pureté
…
L’esprit de la Voie est très bien
exprimé par le verset 172 de la seconde sourate :
« La vertu ne consiste point en ce que vous
tourniez vos visages du côté du levant ou du
couchant :
vertueux sont ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, aux anges et
au livre,et aux prophètes,
qui donnent pour l’amour de Dieu des secours à
leurs proches et aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs
et à ceux qui demandent,
qui rachètent les captifs,
qui observent la prière,
qui font l’aumône,
remplissent les engagements qu’ils contractent,
se montrent patients dans l’adversité, dans les
temps durs et dans les temps de violence.
Ceux-là sont justes et craignent le Seigneur. »
Il est question en outre du « Ramadan »,
c'est-à-dire d’une période
d’abstinence obligatoire revenant chaque année, en
anniversaire du mois au cours duquel le Coran est descendu du Ciel.
10. Ce que professe encore
le Coran.
Dieu n’a pas de Fils.
Cette petite phrase revient très souvent.
Que Dieu ait un Fils signifie pour le Prophète une
dualité impensable : Dieu est unique et Il est un. Il est
à noter que nulle part sans le Coran il n’est
question de la nature de Dieu, dont on n’évoque
que les attributs – la bonté, la
clémence, la miséricorde, la patience, la
justice, la science, la toute-puissance …
Dieu n’a pas d’égal.
Cette petite phrase revient également très
souvent.
Elle signifie que Dieu est au dessus de tout dans l’ordre des
êtres vivants, visibles et invisibles. Elle signifie aussi
que tout dans la vie de l’homme doit lui être
subordonné : l’idolâtrie commence
lorsque ses pensées se détournant de Lui, les
activités, les projets, les sentiments ou les biens de
l’homme deviennent premiers pour lui et finissent par devenir
sa consolation.
Ces deux propositions se retrouvent dans la sourate CXII :
« Dis : Dieu est un.
C’est le Dieu éternel.
Il n’a point enfanté et n’a point
été enfanté.
Il n’a point d’égal. »
Celui qui pèche, pèche contre lui-même.
Tout ce qui fait la vie d’un homme est comme
écrit, conservé en mémoire et
placé devant ses yeux au jour de la rétribution.
Ce jour-là il voit, il reconnaît, aucun recours
n’est plus possible. On lit dans la sourate XXIV, au verset
41 :
« Tout homme est otage de ses œuvres,
excepté ceux qui occupent la droite. »
(La droite est la place des hommes reconnus fidèles.)
Deux autres sourates, CII et CIII, reprennent la chose fermement
à la fin du Livre :
« Le désir d’augmenter vos richesses
vous préoccupe
Jusqu’au moment où vous descendez dans la tombe ;
Mais sous peu vous saurez !
Mais oui, sous peu vous saurez !
Ah ! Si vous aviez la science certaine !
Vous verrez l’enfer ;
Vous le verrez de vos propres yeux ;
Alors, on vous demandera compte des plaisirs de ce monde. »
« J’en jure par l’heure de
l’après-midi,
L’homme travaille à sa perte.
Tu en excepteras ceux qui croient et pratiquent les bonnes
œuvres, qui recommandent aux autres la
vérité et la patience. »
11. De la Bible et de
l’Evangile.
Il n’est rien dans ce qui précède qui
aille à l’encontre de la foi chrétienne.
Cependant, le Coran étant donné pour
révélé par le même Ciel qui
a inspiré et finalement
révélé le contenu de la Bible en
s’incarnant en Jésus Christ, il devait se situer
par rapport à elle.
On note ainsi en le lisant :
Tout d’abord que le Coran a été
révélé aux arabes, en langue arabe. Il
doit y avoir une raison à cela (laquelle … ?).
Que le Coran admet très bien la filiation
d’Abraham au travers d’Agar, la servante
chassée. Peut-on en déduire que la Coran est la
révélation des arabes comme l’Evangile
est celle des juifs ?
Que le Coran fait fréquemment
référence à la Bible, Ancien et
Nouveau Testaments, dont il reprend à l’occasion
certains thèmes, dans une forme qui lui est propre (la
création du monde, le déluge, Abraham,
Moïse et Pharaon, Joseph et ses frères, Sodome et
Gomorrhe, Zacharie et Jean-Baptiste, Marie Mère de
Jésus …). Ce faisant, il faut le noter, il ne met
pas en question les Ecritures, il confirme.
Que le Coran ne reproche pas aux juifs et aux chrétiens de
croire « faux », mais de na pas croire,
d’être infidèles à
l’enseignement qui leur a été
donné.
Que le Coran n’aborde aucune question d’ordre
anthropologique (nature, vocation et destinée de
l’homme), mais qu’il donne aux peuples auxquels il
s’adresse la voie à suivre dans la foi pour
arriver un jour, sûrement et simplement, évitant
le malheur absolu, au bien-être parfait et éternel.
Les sourates et versets traitant de ces points sont
extrêmement nombreux. Par exemple …
« O enfants d’Israël, souvenez-vous des
bienfaits dont je vous ai comblés,
souvenez-vous que je vous ai élevés au
dessus de tous les humains. » (SII, V44)
« Nous avons donné le livre de la loi à
Moïse,
et nous l’avons fait suivre par d’autres
envoyés ;
nous avons accordé à Jésus, fils de
Marie, des signes manifestes de sa mission,
et nous l’avons fortifié par l’esprit de
sainteté … » (SII, V 81)
« Dites :Nous croyons en Dieu et à ce qui a
été envoyé d’en haut
à nous, à Abraham et à
Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux douze
tribus,
aux livres qui ont été donnés
à Moïse et à Jésus, aux
livres accordés aux prophètes par le Seigneur ;
nous ne mettons point de différence entre eux, et nous
sommes résignés à la
volonté de Dieu. » (S II, V 130 et S III, V 78)
« Il t’a envoyé le livre contenant la
vérité et qui confirme les Ecritures qui
l’ont précédé.
Avant lui il fit descendre le Pentateuque et l’Evangile pour
servir de direction aux hommes … » (S III, V 2)
« Les anges dirent à Marie : Dieu t’a
choisie, il t’a rendue exempte de toute souillure,
Il t’a élue parmi toutes les femmes de
l’univers. » (S III, V 37)
« Les anges dirent à Marie : Dieu
t’annonce son Verbe.
Il se nommera le Messie, Jésus fils de Marie,
Honoré dans ce monde et dans l’autre, et un des
confidents de Dieu. » (S III, V 40)
« Jésus est aux yeux de Dieu ce qu’est
Adam.
Dieu le forma de poussière, puis Il dit :
‘Sois’, et il fut.
Ces paroles sont la vérité qui vient de ton
Seigneur. Garde-toi d’en douter. »
« Nous soufflâmes notre esprit à celle
qui a conservé sa virginité,
nous la constituâmes, avec son fils, un signe pour
l’univers. » (SXXI, V 91)
« N’engagez des controverses avec les hommes des
Ecritures que de la manière la plus honnête,
à moins que ce ne soient des hommes méchants.
Dites : Nous croyons aux livres qui nous ont été
envoyés,
Ainsi qu’à ceux qui vous ont
été envoyés.
Notre Dieu el le vôtre, c’est tout un. Nous nous
résignons entièrement à sa
volonté. » (S XXIX, V 45)
Cette dernière citation a naturellement beaucoup
d’importance.
12. De la guerre
« sainte ».
La guerre « sainte » n’est
évoquée dans le Coran qu’à
de très rares endroits,
préférentiellement dans la seconde sourate. Le
mot « saint » n’est à la
vérité pas employé (du moins dans la
traduction à disposition). Il est question plutôt
de « combattre dans la voie de Dieu ».
Dans le Coran, on est amené à faire la guerre
« sainte » pour deux raisons :
La première, pour se défendre lorsqu’on
est attaqué (par des infidèles).
La seconde, pour défendre la foi lorsqu’elle est
en péril.
Ce dernier point est absolument fondamental.
Le Coran dit d’abord ceci au verset 108 de la seconde sourate
:
« Qui est plus injuste que celui qui empêche que le
nom de Dieu retentisse dans les temples
et qui travaille à leur ruine ? »
Il dit encore ceci dans la même sourate, au verset
187 :
« La tentation de l’idolâtrie est pire
que le carnage à la guerre ».
Moïse, en d’autres termes mais avec la
même redoutable intransigeance, ne disait pas autrement
(« Tu feras disparaître le mal du milieu de toi
»).
Le Coran considère comme la première des
injustices de ne pas rendre à Dieu le culte qui lui est
dû, non parce que c’est un devoir, mais parce que
c’est dans la nature même des choses :
reconnaître son créateur, se tourner vers lui, se
soumettre à lui avec reconnaissance, avec
vénération.
Le Coran considère aussi, inséparablement,
qu’il est plus mortel pour un peuple de se
détourner de Dieu que de se livrer à la guerre.
Les choses étant vues ainsi, la guerre doit être
menée avec détermination …
« Tuez-les partout où vous les trouverez, et
chassez-les d’où ils vous auront
chassés.
La tentation de l’idolâtrie est pire que le carnage
à la guerre … ». (S II, V 187)
… mais avec mesure :
« Combattez dans la voie de Dieu contre ceux qui vous feront
la guerre.
Mais ne commettez point d’injustice en attaquant les
premiers, car Dieu n’aime pas les injustes ». (S
II, V 186)
« Combattez-les jusqu’à ce que vous
n’ayez point à craindre la tentation,
et que tout culte soit celui du Dieu unique.
S’ils mettent un terme à leurs actions, plus
d’hostilité.
Les hostilités ne seront dirigées que contre les
impies ». (S II, V 189)
Et il est précisé ultérieurement, dans
la même sourate, au verset 157 :
« Point de violence en matière de religion. La
vérité se distingue assez de l’erreur.
Celui qui ne croira pas aux idoles et croira en Dieu aura saisi une
anse solide à l’abri de toute brisure.
Dieu entend et connaît tout ».
13. Des femmes.
A noter tout d’abord que le Coran évoque avec
vénération le nom de deux femmes, celui de Marie,
la mère de Jésus, souvent et principalement, et
celui de la mère de Marie, qu’il nomme Amran.
Il est spécialement question des femmes dans les sourates 2
et 4 (mais pas seulement).
D’une manière générale :
Les femmes sont appelées à la même
destinée éternelle que les hommes, dans une
« l’égalité »
absolue.
Elles sont également appelées à se
conduire dans l’existence, avant tout, suivant les
préceptes du Coran – foi, prière,
aumône, jeûne, pèlerinage, justice et
bien sous toutes ses formes.
A l’époque où le Coran a
été donné, leur situation dans la
Société par rapport aux hommes est de
sujétion. Le Coran ne met visiblement pas la situation en
question ...
« Les hommes sont supérieurs aux femmes
à cause des qualités par lesquelles Dieu a
élevé ceux-là au dessus de celles-ci,
et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes.
Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises,
Elles conservent soigneusement pendant l’absence de leurs
maris ce que Dieu a ordonné de conserver intact.
Vous réprimanderez celles dont vous aurez à
craindre l’inobéissance ;
Vous les relèguerez dans des lits à part, vous
les battrez ;
Mais aussitôt qu’elles vous obéissent,
ne leur cherchez point querelle. Dieu est élevé
et grand ». (S IV, V 38)
… mais il institue des règles juridiques et de
comportement à respecter par les hommes,
destinées à donner aux femmes un statut clair, et
à les protéger le cas
échéant contre l’arbitraire.
Il n’est question « du voile »
qu’une fois, mais il est question plutôt de
chasteté, une chasteté qui du reste concerne
aussi les hommes. La sourate XXIV dit ceci, aux versets 30 et 31 :
« Commande aux croyants de baisser leurs regards et
d’être chastes. Ils en seront purs.
Dieu est instruit de tout ce qu’ils font ».
« Commande aux femmes qui croient de baisser les yeux et
d’être chastes,
de ne découvrir de leurs ornements que ce qui est en
évidence,
de couvrir leurs seins de voile,
de ne faire voir leurs ornements qu’à
leurs maris ou à leurs pères, ou aux
pères de leurs maris, à leurs fils ou aux fils de
leurs maris,
à leurs frères ou aux fils de leurs
frères, aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes de
ceux-ci,
ou à leurs esclaves acquêts de leurs mains
droites, ou aux domestiques mâles qui n’ont point
besoin de femmes,
ou aux enfants qui ne distinguent pas encore les parties
sexuelles d’une femme.
Que les femmes n’agitent point les pieds de
manière à faire voir les ornements
cachés.
Tournez vos cœurs vers Dieu, afin d’être
heureux ».
Ceci étant, à propos du voile, on lit au verset
57 de la sourate XXXIII :
« O Prophète ! Prescris à tes
épouses, à tes filles et aux femmes des croyants,
d’abaisser un voile sur leur visage.
Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des
hommes.
Dieu est indulgent et miséricordieux ».
14. Des pierres
d’achoppement.
Quoiqu’il en soit des convergences nombreuses et
fondamentales entre l’Islam et la Famille du Livre, il se
trouve quelques obstacles (un obstacle se surmonte …) sur la
voie d’une possible unité.
Le principal, peut-être le seul véritable, est
celui du dogme de la Trinité.
La question n’est pas théorique, elle est bien
pratique.
Pour les musulmans, Dieu est unique et un. Il est absolu. On ne peut
prétendre Le connaître.
Comme suite, Il ne peut avoir de Fils. Jésus n’est
donc pas Dieu, c’est un apôtre hors du commun.
Le sacrifice de Jésus n’est pas transcendant,
puisque Dieu n’a pas donné en Lui sa propre Vie :
le culte chrétien n’est pas fondé. Au
demeurant, c’est à noter et c’est
curieux (pourquoi ?), pour Mahomet Jésus n’est pas
mort, on lui a substitué quelqu’un sur la croix
(cf. ci-après).
Il n’y a donc pas de salut en Jésus, par
Jésus.
Il n’y a pas non plus d’Esprit Saint
donné aux hommes au nom de Jésus, puisque
l’Esprit Saint est Dieu Lui-même.
Dieu et l’homme ne peuvent avoir
d’intimité. Ils sont et demeureront
éternellement sur des plans différents.
L’homme n’a pas de perspective divine
d’élévation personnelle.
En la matière aucun accommodement n’est possible.
L’approche absolue, transcendante de Dieu des musulmans est
en effet parfaitement juste. Elle n’est pas discutable.
L’approche de Dieu des chrétiens au travers de
l’Incarnation, attestée par des signes
évidents, est également parfaitemens juste. Elle
n’est pas non plus discutable, tout en
n’étant pas exclusive de l’autre
approche. Elle est toutefois plus difficile à croire
(Jésus a été condamné sous
prétexte de cette affirmation), plus difficile à
comprendre et plus exigeante à vivre (totale
disponibilité à l’Esprit Saint).
La voie de l’unité devra passer par un
approfondissement par les chrétiens des Mystères
de l’Incarnation et de la Trinité qui leur sont
confiés.
Le Coran dit et répète, par exemple : Dieu
n’a pas de Fils.
Bien sûr !
Dieu est de toute éternité. Comment pourrait-Il
avoir un Fils qui soit Dieu alors qu’il aurait eu un
commencement ?
Dieu est éternel. Comment pourrait-Il avoir un Fils qui
meurt ?
Dieu est tout puissant. Comment pourrait-Il être
livré au pouvoir des hommes qui, dans la plus absolue
injustice, Le jugent, Le condamnent et le pendent sur une croix
d’infamie ?
A vrai dire, les chrétiens ne disent pas que Dieu a un Fils,
mais que Dieu est Fils.
Père, Fils, Esprit Saint, un mais en trois personnes.
Comment pourrait-il y avoir eu Incarnation si Dieu
n’était pas Un en Trois ?
… mais comment le comprendre !
15. La contradiction.
L’ambiguïté.
La contradiction du Coran est qu’il authentifie les Ecritures
qui l’ont précédé, mais
qu’il n’en retient pas ce que l’on peut
considérer comme l’essentiel, parce que le
fantastique aboutissement : Jésus Incarnation du Dieu
Vivant, mort et ressuscité, l’Esprit Saint
donné en son nom aux croyants, le salut offert au monde, la
présence de Dieu au cœur de l’histoire
humaine jusqu’à la fin des temps.
On dirait que l’Evangile embarrasse le Prophète.
Il ne le nie pas, il l’admet, il s’y
réfère. Mais il bute sur la question de la
personne de Jésus, et sur ce point il demeure dans
l’ambiguïté.
Cette ambiguïté se retrouve
particulièrement dans la sourate IV, au verset 156 :
« Ils disent : Nous avons mis à mort le Messie,
Jésus fils de Marie, l’apôtre de Dieu.
Non, ils ne l’ont point tué, ils ne
l’ont point crucifié ;
Un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué,
Et ceux qui disputaient à son sujet ont
été eux-mêmes dans le doute.
Ils n’en avaient pas une connaissance précise, ce
n’était qu’une supposition.
Ils ne l’ont point tué réellement. Dieu
l’a élevé à Lui, et Dieu est
puissant et sage ».
Si Jésus n’est pas Incarnation de Dieu, alors
pourquoi sa mort est-elle embarrassante ?
Si Jésus n’est pas Incarnation de Dieu, pourquoi,
à la différence des prophètes
« ordinaires », son élévation
au Ciel (ascension) ?
16. Pour mieux comprendre
les choses.
Il est singulier que le même archange Gabriel,
héraut de l’Annonciation, ait pu faire
à Mahomet, de la part de Dieu, une
révélation en contradiction avec
l’Evangile.
Car c’est un fait qu’il y a contradiction.
Pour tenter d’y voir clair, il faudrait reprendre
l’histoire des arabes, celle des chrétiens, celle
de Mahomet lui-même, connaître le contexte de
l’époque, vraisemblablement étudier
l’histoire de l’Islam, celui-ci pouvant en effet
être suscité par Dieu à des fins
ultérieures (les déviances des
chrétiens au fil du temps ne sont que trop
évidentes), beaucoup méditer certainement, et
vraisemblablement beaucoup se convertir …
Il faudrait également étudier la Tradition et les
textes annexes au Coran qui se sont fait jour à
l’époque et au cours des âges, un
ensemble considérable à la fois pour entrer dans
l’intelligence du texte et pour discerner les
déviances qui n’ont certainement pas
manqué.
Et peut-être faut-il se souvenir que Mahomet était
un homme, faillible à ce titre. Il a pu lui arriver ici ou
là, comme le lui avait dit paraît-il sa
première femme, Aïcha, d’introduire
quelque subjectivité dans la transcription des ses
révélations …
Que penser par exemple des versets 47 à 50 de la trente
troisième sourate ? Les deux premiers disent :
« O Prophète ! Il t’est permis
d’épouser les femmes que tu auras
dotées,
les captives que Dieu a fait tomber entre tes mains,
les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels qui
ont pris la fuite avec toi,
et toute femme fidèle qui livrera son cœur au
Prophète, si le Prophète veut
l’épouser.
C’est un privilège que nous t’accordons
sur les autres croyants ».
« Nous connaissons les lois du mariage que nous avons
établies pour les croyants.
Ne crains point de te rendre coupable en usant de tes droits.
Dieu est indulgent et miséricordieux ».
____________
Au hasard de la
lecture …
« La vertu ne consiste pas en ce que vous rentriez dans vos
maisons par une ouverture pratiquée derrière,
elle consiste dans la crainte de Dieu. Entrez donc dans vos maisons
patr les portes d’entrée et craignez Dieu. - Vous
serez heureux ». (S II, V 185)
« O croyants ! Faites l’aumône des
meilleures choses que vous avez acquises, des fruits que nous avons
fait sortir pour vous de la terre. Ne distribuez pas en largesses la
partie la plus vile de vos biens ». (S. II, V 269)
« Vous
n’atteindrez à la vertu parfaite que lorsque vous
aurez fait l’aumône de ce que vous
chérissez le plus ». (S III, V 86)
« Les vrais croyants sont ceux
dont les cœurs sont pénétrés
de crainte lorsque le nom de Dieu est prononcé ; dont la foi
augmente à chaque lecture de ses enseignements, et qui ne
mettent leur confiance que dans leur Seigneur ». (S VIII, V 2)
« … Ne tuez point
les hommes, car Dieu vous l’a défendu,
excepté si la justice l’exige ». (S VI,
V 152)
« O mon peuple ! Remplissez la
mesure, pesez avec justice, et ne fraudez pas les hommes dans leur
avoir ; ne commettez pas de dévastation sur la terre
». (S XI, V 86)
« Ne dis jamais : Je ferai
telle chose demain, sans ajouter : Si c’est la
volonté de Dieu. Souviens-toi de Dieu …
». (S XVIII, V23)
« Que les hommes ne se moquent
point des hommes ; ceux que l’on raille valent
peut-être mieux que les railleurs ; ni les femmes des autres
femmes : peut-être celles-ci valent mieux que les autres. Ne
vous diffamez pas entre vous, ne vous donnez point de sobriquets. Que
ce nom : Méchanceté, vient mal
après la foi que vous professez ». (S
XLIX, V 11)
« Ignorez-vous que Dieu
connaît tout ce qui est au Ciel et sur la terre ? Si trois
personnes s’entretiennent ensemble, il est la
quatrième ; si cinq personnes sont réunies pour
converser, il est la sixième. Quelque nombre que
l’on soit, en quelque lieu que l’on se trouve, il
est toujours présent. Au jour du jugement il
dévoilera les actions des hommes, parce qu’il est
instruit de tout ». (S LVIII, V 8)
« O croyants !
Lorsqu’on vous appelle à la prière du
jour de l’assemblée, empressez-vous de vous
occuper de Dieu. Abandonnez les affaires de commerce ; cela vous sera
plus avantageux. Si vous saviez ! » (S LXII, V9)
« Mortel ! Qui
t’a aveuglé contre ton maître
généreux,ton maître qui t’a
créé, qui t’a donné la
perfection et la justesse dans tes formes, qui t’a
façonné dans la forme qu’il a voulu ?
» (S LXXXLL, V6 et 7)
« Mais vous
préférez la vie de ce monde ; et cependant la vie
future vaut mieux et est plus durable. Cette doctrine est
enseignée dans les livres anciens, dans les livres de
Moïse et de Jésus ». (SLXXXVII, V16
à 19)
« Celui que a reçu
le Coran et ne s’en soucie pas est comme un âne qui
porte des livres sur le dos ».