CHEMINS DE TRAVERSE   

Vivre l’économie autrement
Emmanuel FABER 2011


COMMENTAIRE

Emmanuel FABER, né en 1964, est vice président du conseil d’administration du groupe DANONE . Marié, 3 enfants

Un beau livre. On voit d’entrée de jeu que l’auteur avait, dès son plus jeune âge, un ego au-dessus du commun. Devenir patron d’une grande entreprise suppose beaucoup d’ego. Mais nombreux sont ceux qui ont seulement un ego hors du commun, ce qui n’est pas synonyme d’ego au-dessus du commun.

E.F. partage avec le lecteur ses expériences professionnelles, quelques rencontres avec des humains anonymes ou célèbres, et ses réflexions personnelles sur la vie en société. Y compris la lutte pour contenir son ego dans le droit chemin …

E.F. a eu une vie plus riche que la moyenne, à tous les sens du terme : au plan financier, relationnel, artistique … et surtout au service d’une grande œuvre évolutive mais toujours tournée vers l’autre.

Tout le monde n’a pas les mêmes talents, mais on peut s’inspirer de ce livre pour faire son devoir  chacun à son niveau.

NOTES DE LECTURE
Préface de Franck Riboud ( président du Groupe DANONE)

P 9  « Les histoires qu’E.F nous raconte dans ces pages sont …assez universelles dans la vie des grandes entreprises. » … « Il nous plonge au cœur  de la pratique des dirigeants  et de la difficulté de ce métier, la gestion d’équilibres entre des termes qu’on dit souvent impossibles à réconcilier : vision ou action, complexité ou simplicité, court terme ou moyen terme, économique ou social, intérêt ou gratuité. »

Textes  d’Emmanuel FABER

P 11  à 16 E.F. ( né en 1984) raconte dans un style assez poétique son enfance et son adolescence, ses années d’HEC. Ses lectures l’Histoire, les romans de Malraux et Hemingway, la Philosophie Kant Fondements de la métaphysique des mœurs. Ses aspirations : «  Je serai Emmanuel FABER ou rien ».

P 17 à 25 L’enseignement d’HEC est un peu une déception.  « Nous sommes abreuvés de technique : comptable, financière, marketing, commerciale, industrielle. ..  Pas une question sur le pourquoi. Même le cours «  Culture, pouvoir et identité dans l’entreprise » est  décevant E.F. résume :  «  le but ultime, conscient ou inconscient d’une organisation ( donc d’une entreprise) est d’assurer sa survie, et celui du pouvoir qui est à sa tête, d’y rester ;  tout le reste n’est que moyen pour y parvenir. »

Explosion de la finance en France. Ma soif de liberté ne peut tolérer que je sois réduit à en être l’esclave. A la sortie de HEC, je choisis l’infiltration et le risque de compromission.
E.F. entre chez Bain & Company, conseil en stratégie. Avion en business class, taxi « club affaires » . Anecdote sur son patron d’équipe : « dans le taxi, nous travaillons. Les chauffeurs doivent comprendre que tu n’es pas du même monde. Dans ce monde là, l’entreprise n’a pas d’autre dessein que de «maximiser la valeur qu’elle crée pour ses actionnaires ».
Au bout de cinq ans, il est devenu banquier d’affaires. Il voit apparaître la mode de s’afficher comme entreprise citoyenne ou éthique.
Il quitte Bain & Company et publie  un livre «  Main basse sur la cité » dans lequel veut dénoncer «  une OPA sur la morale » . Dans une table ronde, il démontre que toutes ces thèses éthiques ne sont que des paravents pour accroître ou pérenniser le pouvoir du patron. Références à Jacques ELLUL et BERNANOS.

P 27 à 38  intermède de spiritualité.  Citation de Christiane STEINER. Lecture de Heidegger . Découverte de l’altermondialisme. Il travaille pour le groupe industriel de la famille LEGRIS ; description sommaire d’un montage purement financier qui a permis de désendetter le groupe  en cédant une filiale déficitaire ( basé sur des junk bonds ».

P 39 à 50 considérations sur l’efficacité. Incontournable exigence. Apprendre tous les jours. « Ni l’argent, ni le temps, ni le talent ne nous appartiennent… nous en sommes comptables à l’égard de tous : nos clients, nos fournisseurs, nos actionnaires, nos équipes, nos salariés, leurs familles. »
Considérations sur la prétendue « science économique ». Considérations sur les neurosciences tournées vers la manipulation des désirs du consommateur. Mécanisme des comportements des acteurs sur marchés financier ( dans la ligne des thèses de ELLUL). L’excuse du risque et du prix des actifs. Le marché « imparfait » qui permet les opérations « d’arbitrage ».
Le trading « algorithmique » (arbitrages déclenchés automatiquement par des ordinateurs). Toujours plus de vitesse entre information et action.  GETCO le plus gros trader à haute fréquence américain génère plus d’un milliard de transactions par jour.
Rôle des hormones (testostérone) dans les décisions des traders. Stress des traders (cortisol). Pas prévu dans les algorithmes qui se sont affolés en mai 2010.

P 51 à 64  La crise financière d’octobre 2008. Prise de conscience des dégâts humains ; prise de conscience de la déshumanisation de l’économie moderne « je paye , et donc nous sommes « quittes ». D’est dire si aussi vite nous nous retrouvons seuls »
FABER passe une semaine  en Inde dans un foyer pour les mourants et les destitués . Son mentor est un jeune Indien. E.F décrit sa répulsion physique à laver les malades, changer les pansements au milieu des souillures et de l’odeur dégouttante. « Comme il est difficile de ne pas encombrer l’autre de sa propre compassion… réaliser surtout que ce sont mes propres blessures que je suis venu apaiser… »

Il reprend son travail  dans la finance internationale. Rencontre un chauffeur de taxi new-yorkais ex pianiste professionnel en Russie.
En 2005 en poste à Shanghaï, E.F. se remet à jouer du piano…

P67 à 79 Retour sur la crise de 1929  et le « banking act » de 1933 , peu à peu détricoté  par le lobby bancaire avec le coup de grâce sous Reagan. Analyse très ELLULienne des pratiques bancaires libérales : financer des universités pour développer les théories de l’auto régulation par le marché. Essor des agences de notation privées. Diminution du budget de l’organisme de contrôle des opérations en bourse ( la SEC). Schizophrénie entre coté rue mécénat / galas de charité  et coté cour corruption drogue/ prostituées de luxe/ bakchichs à Washington. Stratégies sur le dos des gogos épargnants et contribuables. Collusion entre Administration US et Assurances/banques privées. En 2011 la crise repart comme en 1929.

Retour sur  la doctrine de St François d’Assise et le rôle de l’argent. Le « juste prix » (fair market value ) la relation marchande «  honnête » (good faith). « Il faut accepter que ce qui est possible ne soit  pas nécessairement juste, et en tenir compte dans nos décisions économiques ».  « Distinguer le nécessaire, l’utile et le superflu ». Et pourtant chacun aspire à la quête sans fin de la croissance matérielle, « récuser les limites de la condition humaine et la contingence dont nous savons pourtant combien, au premier accident de la vie, nous sommes pétris ». « Hybris »,  la démesure, était un des plus grands crimes pour le Grecs antiques.
Explications sur le système de rémunération des managers du groupe DANONE ( 1/3 management 1/3 résultats économiques 1/3 objectifs sociaux et sociétaux). Opposition avec le scandale AIG Financial Products (faillite  mais super bonus aux managers)

P 81 à 94 FABER met sur pied un projet de nutrition pour enfants en Inde en relation avec la Grameen Bank de Mohamed YUNUS.
Débouche sur une joint-venture GRAMEEN-DANONE food industries et une mini usine ( à Bogra 3000T/an) de petits pots de yaourt supplémenté pas chers.<La mission de Grameen Danone est de réduire la pauvreté par un modèle de proximité unique, apportant une meilleure nutrition aux enfants des familles les plus pauvres du Bengladesh rural, …en amont en associant les fermiers, et en améliorant les pratiques d’élevage ; dans l’usine  en mettant en œuvre des techniques permettant d’employer un maximum de membres de la communauté locale… en aval en contribuant à la création d’emplois grâce à la distribution ».
Mise au point des autres paramètres d’un social business. « Après la phase de démarrage, l’entreprise ne devra pas faire de pertes. Tous les profits seront réinvestis dans la poursuite de sa mission » ( réinvesti  en baissant les prix de vente pour accroître la consommation, ou en augmentant la marge de distribution pour favoriser les Bangladaises qui assurent la vente, ou encore en augmentant le prix d’achat du lait pour réduire la pauvreté des fermiers ).

Extension mondiale du concept. Création de danone.communities un outil de financement de soutien et de promotion de nos expériences de social business. Création d'une SICAV ouverte au grand public (dont jusqu’à 10% des fonds seront investis dans nos projets de social business) commercialisée par le Crédit Lyonnais. Surmonter les réticences du conseil d’administration. Ouverture à l’épargne salariale. Tournées d’information dans les entreprises françaises. Bon accueil. Question : pourquoi pas chez nous ?
Un petit nouveau  fait entrer danone.communities dans le monde du web avec une interface « real time ». Les investisseurs et les acteurs peuvent se voir et communiquer ; Après 3 ans une dizaine de projets ont été créés dans le monde. Les ONG jusque là réfractaires au monde de l’entreprise privée  commencent à s’y intéresser, serait-ce que pour pallier la baisse structurelle des subventions publiques.

P 95 à 112  Considérations sur la propriété intellectuelle  « copyright » ou open source « copyleft». Cette dernière formule doit être celle du social business. Le copyleft favorise la création de nouveaux projets par des tiers. Mais comment s’assurer que ces « copy cats» ne vont pas détériorer  l’image de marque du créateur. En 2010, mise au point d’un micro système de gestion des entreprises, basé sur des logiciels open source, qui tourne sur PC portable, tout à fait adapté aux capacités financières et à la taille des projets social business.

Retour au monde du business. 2008 crise automobile mondiale. Faut-il  protéger seulement les actionnaires, ou les salariés ou aussi les fournisseurs. Notion de création de fonds qui servirait dans la durée à renforcer l’emploi et l’employabilité. Marche à pied auprès des actionnaires et des syndicats. Concept d’empreinte- emploi . un fonds « DANONE  pour l’écosystème » doté de 100 millions d’euros est créé. Boule de neige :  en 2 ans  20 autres projets voient le jour.

Considérations sur une expérience de partage des richesses naturelles. Magnifique déclaration d’un chef indien au Canada qui avait vendu les terres de ses ancêtres aux émissaires de Washington en 1854. «  Au fond que croyons nous vraiment pouvoir posséder et qu’avons nous en partage ? »

P 113 à 138 Retour dans le monde  du « maximize shareholder value » . Analyse de la collusion managers/fonds de pension, les stock options etc
Il-y-a t-il des alternatives ? Construit-on la même économie, et donc le même société  à long terme,  lorsqu’on doit générer à court terme un rendement de 5% ou de 15% ou de 25%. A qui la faute ? Anecdote du retard du aux embouteillages .  « je ne suis pas victime du système. Je suis le système ». Anecdotes de la promotion commerciale à durée limitée, des prix les plus bas ( made in Viet Nam), des produits financiers mirifiques proposés par mon banquier …
Analyse du risque personnel pris par un actionnaire individuel ( qui engage son surplus) et du risque personnel pris par un salarié de la même entreprise (qui engage son quotidien et celui de sa famille).
«  le marché financier n’a certes pas de main invisible, mais il peut avoir un visage lorsqu’on comprend qu’au travers des  organismes de gestion collective, des fonds de retraite, des compagnies d’assurances et de tant d’autres formes de placements, c’est l’épargne et la protection sociale d’une génération qui sont en jeu ».

« Bardées de stock-options les équipes de management ne peuvent exercer pleinement leur libre arbitre dans la gestion délicate des équilibres de l’entreprise ». «  ces instruments financiers ont pour seule mission de fausser la balance des équilibres de l’entreprise (vers la maximisation de la valeur pour l’actionnaire).
Considérations sur la gratuité dans la vie de famille. Echanges = Objets de compromis ( livre « The purchase of intimacy » de Viviane Zelizer).

Pourtant la stratégie financière peut avoir du bon. Récit de la défausse du verre d’emballage hérité de BSN. Rapprochement avec un allemand filiale de VIAG puis vente à CVC un fonds USA. Une négociation qui figurera un jour dans les études de cas des grands écoles de business. E.F. semble rompu à toutes les ficelles du poker menteur. Quelques années plus tard il analyse sans concessions les conséquences de son action.

Autre récit d’une négociation qui a mal tourné. Echange de lettres d’homme à homme avec son interlocuteur de la firme adverse.
Digression sur Le Petit Prince et le renard «  si tu m’apprivoises nous aurons besoin l’un de l’autre… »

P 139 à 156  Expérience du forum social de 2008 à Bélem (Brési)l.  E.F. se fait agresser verbalement par un Canadien écologiste pur et dur à propos de l’impact environnemental ( protéines animales) et culturel ( publicité, télévision) des produits agro-alimentaires. Choqué dans sa bonne conscience, il craint que le forum social ne soit infiltré par des extrémistes.

Au retour discussion avec François Chérèque,  qui va passer la main à Laurent Berger, sur le rôle des syndicats.
Digression sur les PVD. Si la convergence mondiale salaire/ emploi/ localisation est à somme nulle (ou presque), l’amélioration du statut économique des plus pauvres  sera compensé par une baisse du niveau de vie  des habitants des pays les plus avancés- même si l’accroissement de l’endettement public ou privé leur permet  un temps de vivre dans une illusion différente.
Les jeunes Européens incités par la publicités se bercent de leur i-pod. Les jeunes Chinois/ Indiens, sans avoir les moyens de les acheter,  apprennent à les fabriquer et à les concevoir. Le réveil sera douloureux.

La conquête d’un sens social pour l’économie est désormais globale. C’est l’enjeu de la mondialisation.
Considérations sur la gouvernance des entreprises . Critère 1€ = 1 voix ou 1 homme = 1 voix. Quelques expériences en cours : 2011 projet de loi Californie  sur la  «flexible purpose corporation ».

P 157 à 172  Expérience d’une « nano usine » ( 300 T/an)  d’aliments pour bébés au Sénégal. Tient dans un container et coûte 100 000 €
Ouverture fin 2010 d’un petit centre d’expertise et de recherches  recettes alimentaires pour les plus pauvres. Travaillera en open source.
Extension du « DANONE way » à des opérations de développement durable : replantation de palétuviers en Casamance pour recréer la mangrove, ramener poissons/huîtres/oiseaux et éviter coups de mer sur les rizières.
Création d’un fonds « Live Livehood » pour aider les projets de refertilisation des sols/ adaptation des pratiques agraires avec moins de produits chimiques, financé par la taxe carbone due en France par Danone.
Etude de la composition de l’alimentation des ruminants sur leurs rejets de méthane (gaz à effet de serre) et la qualité de leur lait ( teneur en acides gras essentiels).
2008 Création avec l’aval de Martin Hirsch d’une chaire à HEC «  Social business- Entreprise et pauvreté »
2009 un jeu sur facebook « qui veut changer le capitalisme : avez vous des idées ? »
P173 à 196 Question d’argent. « Elle en dit tant sur mon rapport à moi-même et aux autres. D’autant plus difficile que je n’ai jamais eu à vivre en me posant la question financière du lendemain, ni même celle du surlendemain. Je n’ai jamais demandé quoi que ce soit…je n’ai simplement jamais refusé ce qui m’a été proposé » .
Nommé au Conseil Exécutif d’une Sté importante à 28 ans Danone en 1997 après LEGRIS 4 ans (cadeau actions holding)
Impact sur le comportement des moyens de transport haut de gamme : avion hélicoptère taxi club affaires…
Difficile de se comparer aux gens qu’il croise dans la rue…et à son frère handicapé par une lourde pathologie (qui en est mort) .

FABER donne largement son surplus d’argent, aux projets innovation sociale Danone et à toutes sorte d’ONG, voisins et amis dans la panade… « beaucoup (parfois des années de salaire), parfois refuser, donner anonymement… Il reste toujours un surplus…je n’ai pas l’intention d’en faire hériter nos enfants au delà de ce que nos cœurs de parents ne sauront se résoudre à soustraire ».

Considérations sur le débat médiatique du salaire des patrons. Ceux des PME/PMI ne sont pas très bien payés, mais on n’en parle jamais.
Ceux du CAC 40, pendant les 30 glorieuses, étaient perçus comme créateurs d’emploi et de croissance, l’opinion leur pardonnait un mode de vie qui apparaissait au pire comme une extravagance. Les héritiers et les nouveaux managers (avec leurs stock-options, leurs contrats à parachute doré…) sont mal vus au moment où la croissance et l’ascenseur social sont en panne. Des financiers de pacotille jouent avec l’argent des autres…

Considérations sur l’échelle des rémunérations des élites de la nation ( profs de fac, institutrices, médecins, infirmiers, artisans…) et  des autres pays.
Itinéraire d’un futur cadre dirigeant, futur patron salarié dans une grande multinationale.

Rémunération en K€/an    Expérience en Années Position   Effectifs dans une multinationale
de 100 000 salariés
60 0 Cadre nouvel embauché 2000
100 4  Cadre confirmé 1600
300à 500 15 à 20  DG filiale locale ou fonction mondiale 200
1000 à 2000 20 à 30 + Membre Cté Exec. Mondial 6 à 10
3000 à 10 000 20 à 30 PDG Mondial  1
   
Rémunération = salaire + bonus lié aux performances ( pour les dirigeants bonus > la moitié de la rémunération totale)


Considérations sur  les critères de mesure de la performance.  L’introduction de critères non financiers est nécessaire et possible. Et sur les objectifs à moyen et long terme.

Considérations sur quelques pistes pour « réconcilier l’agir économique et l’être social de chacun ».
Il est contre le plafonnement par la loi des rémunération ou de l’éventail des salaires. Impossible à appliquer dans une multinationale dont 80% des cadres sont étrangers.  Préfère la progressivité de l’impôt dans le pays où l’on vit.
Aller plus loin dans l’encadrement des processus qui fixent les rémunérations des dirigeants : diversifier les personnalités et les profils des membres des conseils d’administration, limiter plus fermement le cumul des mandats d’administrateur, abolir la présence croisée d’administrateurs (consanguinité). Mais une entreprise doit survivre dans un contexte concurrentiel, donc attirer et retenir des (futurs) dirigeants de haut niveau.
« Si on regrette que des bataillons entiers de polytechniciens grossissent les rangs des ingénieurs financiers des banques d’affaires, arrêtons donc les cours de théorie financière à l’X et à Centrale ! ». Même procès sur l’enseignement des grandes écoles de commerce .

Considérations sur la pyramide des revenus au niveau mondial. Si le consensus était de baisser de 30% les rémunérations des 1% les mieux payés, on dégagerait de quoi financer le doublement du salaire des 20% les moins bien payés ( essentiellement situés dans les PVD). Il faudrait « évidemment faire de même dans le secteur financier et à une échelle encore tout autre. … Qui aura envie de mettre en œuvre une telle utopie ? ».

P 197 à 208 Histoire du rachat de NUMICO une croissance externe avec une prime au dessus de la capitalisation boursière. La croissance externe en général baisse le ROI de l’acheteur pendant quelques années. Les actionnaires râlent. Toujours long terme contre court terme.

Diatribe larvée contre d’autres multinationales qui font des aliments pour bébés. Analyse de leurs actions de lobbying et de publicité   contre l’allaitement au sein prôné en 1981 par l’OMS.  Depuis 1981 c’est la guerre avec les ONG qui boycottent les entreprises d’aliments infantiles et bricolent des solutions locales en se privant de l’expérience accumulée. Marche à pied pour les convaincre qu’on pourrait coopérer pour lutter contre la malnutrition. Les ONG déclinent les invitations à une réunion de concertation. Comment vaincre les préjugés idéologiques ? Contact privé avec une femme membre de la Leche League. Finalement , le dialogue sur un point concret progresse pour la compréhension mais pas encore pour une action commune. Discussion avec Martin Hirsch, alors commissaire aux solidarités actives, qui le rabroue « si vous voulez faire quelque chose d’utile, commencez par arrêter de vendre du lait infantile ( BLEDINA) à un prix qui en prive les enfants qui en ont le plus besoin : les plus pauvres ». Nouvelle marche à pied interne cette fois pour monter avec le patron de BLEDINA un business plan gagnant-gagnant  avec vente de lait et petits pots maternisés en grande distribution avec réduction du prix de 30 à 50% . Martin Hirsch est convaincu et rameute les CAF, le Ministère de la santé, certaines ONG dont Leche League, la Caisse des dépôts… En 2011 la Croix Rouge prend la responsabilité opérationnelle avec 3 sites pilote à Nancy, Nantes et Paris.
De nouvelles idées germent…

P 209 à 220  Début 2011 la Commission européenne lance un projet « vieillir en bonne santé 2020 » ;  le rôle de l’alimentation dans la lutte contre les symptômes du vieillissement est désormais reconnu. Danone ( leader européen de la nutrition médicale via sa filiale NUTRICIA) est convié au comité de pilotage de cette initiative. E.F. a des états d’âme sur les prémisses  qui n’ont fait l’objet d’aucune discussion ; « nous voulons croire aux enfantillages du mythe de l’éternelle jeunesse ». Réflexions sur la relation affective entre enfants/petits- enfants et aïeux . Réflexion sur la contradiction économique allonger l’espérance de vie / supplément de frais médicaux . au détriment des jeunes générations. Maisons de retraite misérables ou dorées. Il est urgent de «faire une place à la vieillesse dans nos sociétés… Consentir nous même à vieillir »
Il se remémore quand, en 2004, il allait  comme bénévole dans une unité de soins palliatifs à Puteaux. Aussi un court séjour au foyer de mère Theresa à Delhi. Ses relations avec Daniel Carasso, le fondateur de Danone, mort en 2009 à 103 ans.

 P221 à 222 Conclusion  poético-mystique  … «  demain sera le premier matin du reste de ma vie : que vais-je en faire ? »


Envoyez critiques et commentaires   avec votre email       avec un mail anonyme

LIENS EXTERNES
Histoire de BSN
Création de Danone - Isaac Carasso
Discours de Marseillle octobre 1972 d'Antoine Riboud (le père de Frank)
Histoire du groupe DANONE
Parcours d'Emmanuel FABER