ETATS D'AME

Quelques réflexions personnelles
version du 07/10/2004



Qu'est ce que l'âme ?


On ne peut faire fi de quelques millénaires de réflexions philosophiques sur le sujet.

1/ Rappel des principales étapes :

Zoroastriens
Egyptiens
Civilisations orientales (hindouisme, bouddhisme...)
Hébreux
Grecs
Chrétiens
Mystiques occidentaux
Romantiques
Philosophes classiques, Bergson, Jung

Voir ces évolutions détaillées dans l'article de Marc Alain Descamps "Brève histoire de l'âme" qui conclut : "La culture de l’âme est l’ouverture à autre chose que la logique, l’égoïsme et le calcul. Elle représente la joie, l’idéal, l’espoir, la beauté, la sensibilité, le désintéressement et la générosité. ...
Oui, il faut se donner une âme et l’on a celle que l’on mérite. Mon âme est ce que j’ai de plus cher, mon jardin intime et le grand secret qui me dépasse.
Celui qui a trouvé son âme échappe pour toujours aux griffes de la mort, il vit alors éternellement dans sa splendeur divine (...) avec une joie et des délices tels que nul ne peut en témoigner en termes suffisants." (en savoir plus sur Marc Alain Descamps)

2/ Tentatives de définitions contemporaines:
voici la réponse de Simone Weil (Ecrits de Londres, Paris, Gallimard 1957 p.13)
"il y a dans chaque être humain sans exception, depuis la petite enfance jusqu'à la tombe, en dépit de tous les crimes commis, soufferts, ou observés, un je ne sais quoi qui s'attend invinciblement à ce qu'on lui fasse du bien et non du mal".

L'encyclopédie L'AGORA en déduit "qu'on peut en tirer une définition de l'âme qui englobe toutes les autres, et permet de les situer à leur juste place. L'âme est ce par quoi nous sommes sensibles au bien et au mal.(J.D.)".

On peut tout de suite remarquer que cette deuxième proposition n'est pas tout à fait équivalente à la première. En effet qu'est ce que le bien, qu'est ce que le mal? Des concepts qui en fonction des civilisations, des époques, des circonstances... ne recouvrent pas les mêmes comportements.
On se rappellera que la mort d'un ennemi a longtemps été considérée comme un bien, que l'inceste, considéré par beaucoup comme un mal, a été courant dans certaines sociétés, que les croisades, les guerres de religion, l'inquisition ont été menées au nom du Bien contre le Mal, et que de tous temps - et encore récemment - le concept de Bien et de Mal est utilisé par les puissants pour justifier leurs actions et tenter de mobiliser leurs troupes, sinon leurs peuples.

Au contraire, au niveau où se place Simone Weil , celui d'un individu, il est plus facile d'appréhender ce que en général nous ressentons comme "du bien" reçu, qui est associé à une sensation plus ou moins euphorique, ou "du mal" subi, qui est associé à une sensation de souffrance physique ou mentale. Outre la perception de bon sens que nous en avons, on peut maintenant dire que les sensations sont associées à la génération de diverses substances chimiques dans notre cerveau.
La liste de ces substances chimiques appelés aussi neurotransmetteurs ou neuromédiateurs s'allonge tous les jours . Leur mécanisme d'action est merveilleusement complexe. Il est à ce jour présomptueux de croire que nous aurons un jour une compréhension totale du système nerveux. En revanche les recherches orientées vers l'étude des dysfonctionnements progressent remarquablement et ont des retombées thérapeutiques importantes. Pour le bien comme pour le mal, car il y a des risques non négligeables de détournement d'usage (drogues, armes neurologiques, conditionnement de masse des cerveaux...).

On peut aussi remarquer que les concepts de bien et de mal ne se comprennent que pour l'individu en relation avec d'autres individus. Il semble donc que ce soient des concepts socioculturels.

Tenant compte de ce que ressentent spontanément les individus quand ils subissent, chaque société s'efforce de codifier et de transmettre à travers les générations d'individus ce qui est bien et ce qui est mal quand ils agissent.


Connaissance du bien


Examinons plus en détail ce que ressentent les individus, en partant de l'idée que l'âme humaine est ce qui nous permet de connaître ce qui est bien. L'âme n'est pas un objet sensible et s'apparente donc à un concept complexe dont nous chercherons à cerner les principales manifestations.

Depuis les temps immémoriaux, l'homme plongé dans la nature, en perçoit les dangers, les avantages qu'il en tire pour sa subsistance, et finalement l'harmonie et la beauté. Le sentiment d'admiration que nous procure la contemplation d'une simple fleur en est un exemple.

Les hommes engendrent des enfants. La femme donne la vie, nourrit et élève le bébé.
En moyenne les hommes ressentent du bonheur devant leurs enfants. Ils donnent de l'amour au bébé, et le bébé s'attache à eux, en particulier à sa mère. L'amour porté à ses enfants parait une propriété universelle de l'âme humaine.

Pendant son enfance et son adolescence le jeune fait l'apprentissage de la vie en société. Il découvre l'amitié, qui parait une autre propriété universelle de l'âme.

Devenu adulte, le jeune "quitte son père et sa mère" et cherche à former un couple. Il découvre l'amour. On pourra relire le texte de Saint Paul  et se rappeler ses propres émotions. L'amour est encore une propriété universelle de l'âme.

Plongé dans la société, l'homme se forme un réseau d'affinités, et généralement s'aperçoit qu'il a conservé un attachement particulier à ses parents (ou ses parents nourriciers). Même dans les cas d'antagonisme prolongé, la relation affective à ses parents est particulière.

Plus ou moins tôt, l'homme est confronté à la mort d'êtres chers: parents, enfants, amis. Il en ressent de la privation et de la douleur. Couramment aussi, il se rappelle son propre statut de mortel. On peut faire remonter les débuts de l'hominisation à la pratique de donner une sépulture aux morts. C'est probablement aussi le début du concept d'âme immortelle.

Enfin arrivé au moment de sa propre mort (et en particulier si elle n'est pas brutale) l'homme à besoin de réconfort devant la perspective de ce hiatus inéluctable. Il retrouve la confiance du bébé envers sa mère en s'abandonnant à l'idée qu'il va d'une façon mystérieuse rejoindre ses ancêtres. S'il est un croyant occidental, il espère rejoindre Dieu. Dans d'autres cultures et religions, il a confiance dans le sort décrit par la tradition.

On pourrait objecter que toutes les situations décrites ci-dessus reposent sur des processus chimiques dans le cerveau, et que de ce fait il n'y a pas d'âme. Une approche purement pragmatique, basée sur l'universalité des comportements à travers les générations, nous parait réaliste: l'âme est un concept dont la neurochimie est le traceur. Nous ne rentrerons pas dans la dialectique de savoir si l'âme précède la neurochimie ou le contraire.

Il est plus efficace d'examiner comment on passe des situations d'expérience personnelle aux situations de vie en société. Bref comment on passe des sensations intimes aux comportements individuels puis aux comportements collectifs.


Expérience du mal


Le mal subi

Pendant l'apprentissage de la vie en société, le jeune découvre des situations plus sombres, le rejet ( atteinte à l'identité) , la violence physique ou morale...

Beaucoup d'individus sont exposés à la misère, aux malheurs de la guerre, aux catastrophes naturelles ...

Le mal causé

Le jeune découvre aussi d'autres pulsions: le désir de possession, la jalousie, la haine, le désir de violence, l'envie de tuer...

Les divers codes d'éducation et de vie en société tendent à empêcher ces pulsions de se transformer en actes agressifs. Seule une fraction des individus (déviants sadiques, masochistes...) sont en permanence réfractaires à ce conditionnement.

Cependant chacun a l'expérience de ce que le coté maléfique peut prendre le dessus de façon sporadique ( envies compulsives, brutalité ordinaire, délinquance petite ou grande ...). De tous temps, le monde a connu des conflits et des guerres. Il n'y a pas de guerre propre.

 

Comportements individuels


Ils dépendent largement du contexte socioculturel, avec son cortège de motivations positives (reconnaissance, récompense, ...) et négatives (interdits, tabous, punitions ...).

Mais dans les temps troublés, ce délicat équilibre est souvent rompu, et pas à l'honneur de l'humanité. L'homme par lâcheté perd ses repères et se laisse aller à des instincts plus primitifs: il redevient un loup pour l'homme ( masses allemandes sous le nazisme, masses françaises sous Vichy, ...) ou au contraire une victime expiatoire ( juifs selon Annah Arendt). Seule une minorité d'individus trouve l'énergie ( et le courage) de résister.


Comportements collectifs


Ils évoluent avec l'évolution de la société. Le passage du nomadisme à la sédentarité, l'introduction de l'agriculture, l'urbanisation ancienne, ont été des tournants dans les systèmes de valeurs.
Plus récemment, l'explosion démographique, la concentration urbaine galopante, la banalisation des moyens de transport, les avancées techniques et scientifiques, le développement des moyens de transmission de l'information  sont de nature à faire perdre des repères lentement transmis de génération en génération.

L'homme moyen, occupé à ses tâches de subsistance, n'a pas toujours le temps ni les capacités d'exercer en permanence son libre arbitre pour distinguer le bien et le mal. Il a besoin de guides spirituels. Suivre une doctrine préétablie est finalement plus reposant que d'inventer continuellement le chemin à suivre. Bref, l'homme est historiquement un animal religieux et risque de le rester encore longtemps.

Il est même assez remarquable de constater que les doctrines les plus épurées des grands réformateurs (Bouddha, Jésus...) ont été transformées au cours des siècles en religions plus ou moins complexes avec leur panthéon de divinités annexes pour le bouddhisme( qui est à la base une doctrine sans divinité / athée) ou de saints pour le catholicisme. De même les articles de foi évoluent , souvent en réaction avec telle ou telle position d'un sous groupe d'adeptes (qualifiée d'hérésie),  jusqu'à atteindre parfois une grande complexité (catholicisme historique). Le tout sans parler des rites, notamment les interdits alimentaires (judaïsme, islam, divers orientaux ...) qui atteignent parfois des sommets de complication et d'anachronisme arbitraire, ce qui tend à laisser croire qu'ils ont été inventés par une oligarchie (explicite ou cachée) dans le but de maintenir la foule des adeptes sous conditionnement.

La foi du charbonnier


Notre conscience est remplie d'états qui relèvent de deux grandes catégories: l'émotionnel et le rationnel.

L'émotionnel est le domaine des sentiments intérieurs voire des passions, avec son interaction sur le comportement.  
Le rationnel est le domaine de la relation au monde extérieur, compréhension puis maîtrise de la chaîne des effets et leurs causes.

Pour moi, le sentiment religieux relève de l'émotionnel. Je suis sensible à la beauté de certaines prières (souvent les plus anciennes). Si je les récite intérieurement, elles me procurent une sensation de bien-être. Je suis aussi sensible à certaines paroles rapportés dans la tradition, canonique ou pas. C'est la foi du charbonnier.

Mais si j'applique mes capacités de raisonnement aux croyances religieuses, je les considère comme un phénomène socioculturel. Le détail du dogme tel qu'il a été forgé par les siècles d'histoire me parait entaché de beaucoup d'humain arbitraire, et en tous cas difficile à suivre à la lettre. Si je considère cette analyse d'un point de vue émotionnel, je ressens plutôt du respect pour la foi de nos ancêtres. Si je reviens au rationnel, je ne peux oublier toutes les violences et les crimes commis au nom de la religion. Mais je suis aussi amené à considérer la vie et les oeuvres des nombreux témoins spirituels qui ont élevé la pensée de l'humanité. Bref je suis partagé entre l'admiration et le rejet, mais plutôt tenté de conserver le coté bénéfique sur les comportements individuels et de repousser le caractère d'absolu (générateur d'exclusion puis de violence) propagé en première instance par nombre de religions.

Il y a sûrement beaucoup de neurochimie dans la foi du charbonnier, de même d'ailleurs que dans les diverses techniques de méditation spirituelle décrites par les grands mystiques. Mais dans mon cas personnel, je constate aussi une incidence, très imparfaite certes, sur le comportement.

Homéostasie

Revenons à la neurochimie.

Comprendre pourquoi l'état cérébral normal oscille entre le repos ( béatitude, ennui, insatisfaction) et l'effort (bonheur, exaltation, fatigue).

Expliquer comment d'un état de béatitude on passe à un état d'exaltation. D'un état d'insatisfaction (souffrance) à un état de paroxysme.

Expliquer pourquoi dans l'état d'exaltation poussé à l'extrême, la perception du bien et du mal est faussée.

Insatisfaction Béatitude Exaltation Paroxysme
Indifférence Haine
amitié altruisme
dévouement
 abnégation
mourir pour la cause
jalousie amour    
coup de foudre
dépassement de soi  meurtre passionnel
déception espoir espérance désespoir
dépression
compétition curiosité ingérence meurtre
autrui n'est pas comme
 moi 
augmenter le bonheur
d'autrui  
mettre autrui
en conformité
avec mes idées
sur le bien
violence
guerres
croisades

L'analyse des états d'âme d'un couple amoureux est particulièrement intéressante. L'amour rapproche intimement deux personnalités distinctes qui se sont trouvé des points communs, mais vont bientôt  découvrir les détails de leurs différences, avec à la clé des déceptions potentielles.
La seule issue pour réussir harmonieusement leur rapprochement c'est le dépassement de soi, modifier son propre comportement pour faire plaisir à l'autre. Celui qui reçoit éprouve la satisfaction simple de voir gommer une particularité qui lui déplaisait, et la satisfaction exaltée de savoir que c'est pour lui que son partenaire fait cet  effort. Celui qui donne éprouve la satisfaction exaltée de son dépassement de soi pour faire plaisir à son partenaire et l'insatisfaction minime de devoir modifier son penchant naturel.
Quand il y a suffisamment de réciprocité dans les situations donneur/récepteur, il en résulte un état d'exaltation partagé. Le couple perçoit qu'il est plus heureux et plus fort que la somme des deux individus.

On peut imaginer que les mécanismes complexes de régulation de l'homéostasie du vivant sont aussi à la base des alternances d'état cérébral. Quand une ressource vitale se fait rare, par exemple le glucose dans le sang nécessaire au fonctionnement du cerveau, il y a émission d'instructions (neurotransmetteurs) de nature à rétablir le niveau de la ressource ( sensation de faim, déstockage et conversion des graisses). Il serait intéressant de regarder finement le cycle du métabolisme des neurotransmetteurs et de leurs précurseurs. Egalement l'incidence de substances telles que les hormones sexuelles ...

Influence du milieu naturel et du mode de vie


De nombreux commentateurs on remarqué que les trois grandes religions "monothéistes" sont nées dans des zones semi désertiques, chez des populations nomades. A l'autre extrême, les religions "polythéistes" sont nées dans des pays subtropicaux, chez des populations sédentaires.

Il semble bien que le rapport de l'homme à la nature a une influence sur sa conception de son rapport au Divin. Dans les jungles, nature luxuriante, aux dangers multiples, mais aussi avec une grande facilité de ressources en tous lieux. Dans les déserts, nature moins complexe, avec la soif comme danger dominant, et une facilité de ressources restreinte aux oasis et à quelques plaines fertiles.

Le "point de fonctionnement" de l'homéostasie cérébrale dépend du milieu naturel ambiant. Plus de majesté unique dans le désert , plus de craintes (mais aussi d'échappatoires ) multiples dans la jungle.

Le développement de l'agriculture a engendré l'observation des cycles de la nature (jours, saisons, semailles et récoltes) . D'où le concept de l'éternel retour (si le grain ne meurt) et de la résurrection (Osiris/Dyonisos/Jésus).



Conclusions provisoires


De la même façon que le cerveau humain construit des modèles (physiologiques) de ce qu’il perçoit dans son environnement extérieur en vue de déterminer la chaîne de commande intention-action (cf Luria & autres), il semble que le cerveau construise des modèles relatifs à  des concepts qu’il ne perçoit pas directement par son expérience personnelle, mais qui lui sont transmis par divers processus, notamment la tradition et la culture.

Nous appellerons croyances ces modèles conceptuels, en remarquant que ce vocable ne s’applique pas seulement au domaine religieux, mais à bien d’autres domaines, par exemple celui des théories scientifiques. Nous les tenons pour vraies sans en avoir l’expérience personnelle directe, sur la foi du témoignage de savants dignes de confiance, contrôlés par d’autres savants ( la communauté scientifique), et éventuellement sur la foi des applications pratiques qui arrivent ultérieurement jusqu’à nous, et dont encore plus de savants et de techniciens nous disent qu’elles découlent de telle ou telle théorie.
Les croyances apparaissent comme nécessaires à l’exercice des fonctions mentales supérieures de l’homme, en vue de la détermination de chaînes intention - action particulières qui sont le propre de l’espèce humaine en ce qu’elle se distingue des animaux même supérieurs.    
                
Croire est le propre de l’homme: CREDO ERGO HOMO.    

En dehors de toute référence à Dieu, on peut se demander pourquoi pratiquement toutes les spiritualités choisissent le parti du Bien plutôt que celui du Mal, en remarquant que toutes condamnent l’homicide.  
Il pourrait s'agir d'un phénomène Darwinien, les groupes humains entièrement orientés vers le mal, quand ils en ont terminé avec leurs ennemis extérieurs et intérieurs, doivent finir par s'entre tuer et sont donc condamnés à l'auto extinction, cependant que les groupes humains orientés vers le bien prospèrent et voient leur population augmenter. Les sociétés par sélection naturelle transmettent ce qui contribue à leur maintien. Il est toutefois difficile de trouver des traces historiques d’un tel mécanisme. La référence à un Dieu juge suprême ne peut pas être écartée, car son historicité est patente.

Quoique il en soit, la croyance en une âme immortelle et ses corollaires : jugement, enfer, paradis... nous apparaissent comme des concepts socioculturels efficaces, communs à de nombreuses communautés humaines.

Efficaces au moins de deux points de vue :

1/ Comme le fait remarquer le docteur Brecher 1, dans le court laps de temps de notre vie terrestre on constate que les méchants ne sont pas forcément punis, et au contraire que beaucoup prospèrent. Peu d’hommes choisiraient le parti du Bien, s’ils n’avaient pas la conviction que leurs efforts et leurs sacrifices seront récompensés dans une vie future.
2/ De plus, si l’on assimile le Divin (ou la Vérité supérieure) à l’Absolu, il est plus prudent d’en remettre la rencontre au delà de notre vie terrestre, car on connaît trop les dérives totalitaristes et finalement les guerres et les génocides qui ont résulté, et résulteront encore, d’une recherche trop terrestre de l’Absolu. Trop d’Absolu est sans doute incompatible avec une vie en société pacifiée, qui doit se nourrir de tolérance, donc de compromis respectueux de chacun, bref d'amour.



1- L'immortalité de l'âme chez les Juifs- 1867- G.Brecher