LA NATURE DES CHOSES

    "Ainsi donc, si on gagne à se rendre compte des affaires célestes, des causes qui engendrent le mouvement du soleil et de la lune, des influences qui opèrent tout  ici-bas, à plus forte raison faut-il examiner avec les lumières de la raison en quoi consistent l'esprit et l'âme des hommes, ... "

    Lucrèce   
De rerum natura



INTRODUCTION

    "Le fond des choses, c'est que les choses ne sont plus ce qu'elle étaient."
    Brice Peer
Œuvres inédites

Je voulais au départ rédiger un petit texte pour résumer l'état de mon opinion sur ce qu'on pourrait appeler la conception du monde. Cette opinion résultait d'une formation plutôt scientifique mais déjà ancienne, de la lecture d'ouvrages philosophiques et scientifiques grand public achetés au cours de mon existence, et bien évidemment de l'immersion dans la société de l'information médiatisée qui caractérise notre époque.

J'en ai fait une première mouture, en me limitant aux points qui m'intéressaient plus particulièrement, et en faisant appel au bagage intellectuel que je viens d'évoquer.

Par prudence, j'ai voulu faire quelques vérifications sur Internet , et là, patatrac, je me suis aperçu que j'avais pratiquement tout faux. Mes élucubrations étaient à ranger dans la catégorie "pensée naïve".

J'ai donc tout remis en chantier en gardant la trame de ce que je voulais faire au départ, mais en essayant de me déniaiser en consultant les dires de plus savants que moi.
 


LE MONDE SENSIBLE

Objets sensibles

    "Objets inanimés, avez vous donc une âme..."
    Lamartine
Harmonies poétiques et religieuses

Un objet sensible est quelque chose que l'on peut observer avec nos sens.

Comment observe t-on un  objet ? En le bombardant avec des projectiles explorateurs, et en essayant de mesurer comment se comportent ces projectile après interaction avec l'objet à observer.

Dans la vision, les projectiles sont des photons (des "grains" de lumière) qui rebondissent sur l'objet éclairé et atterrissent sur les capteurs de notre rétine, qui transmettent l'information au cerveau, qui construit un modèle mental de l'objet.

Depuis les temps les plus reculés, certains philosophes en ont pris argument pour dire que le monde matériel, n'était qu'un artefact créé par notre pensée.

Il faut cependant ajouter que notre modèle mental tient compte de nos autres perceptions et expériences vécues. Et surtout qu'il tient compte du consensus ( notez l'étymologie : ressentir avec, partager la sensation ) de nos semblables humains pour ce qui concerne les propriétés pratiques de ce qui est perçu par nos sens et, même, de ce que nous pouvons connaître de la perception par les animaux supérieurs.

 "Le réel, c'est quand on se cogne" a répété Jacques Lacan à la suite de Montaigne.


Omniprésence de l'échelle

    "Voilà qu'une échelle était plantée en terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient. "
    Genèse 28-12

Au XVIème siècle on a inventé des instruments qui permettent de transformer les images projetées au fond de notre rétine. La lunette pour les objets lointains, le microscope pour les objets minuscules, ramènent l'image de la zone observée à la taille de la zone des capteurs de notre œil. Ils la mettent à l'échelle de notre œil. Dans le langage moderne  on dirait ils zooment.
La recherche de nouveaux instruments d'investigation est au cœur de la démarche scientifique. Toujours plus d'énergie pour comprendre la structure fine de la matière ou pour faire reculer les frontières de l'univers. Plus d'ingéniosité et plus de budgets pour mettre au point les automates de séquençage du génome et explorer les mystères du vivant.


OBJETS Echelle longueur
En unité commune
Echelle longueur
En cm
(ordre de grandeur)
Echelle longueur
En secondes
(à vitesse de la lumière)
 . . .
Galaxies lointaines (distance) 13,2E+09 année.lumière 1,24E+28 4,0E+17
Galaxies proches (distance) 3,3E+06 année.lumière 3,1E+24 1,0E+14
Notre galaxie (diamètre) 130000 année.lumière 1,2E+23 2,0E+12
Notre système solaire(diamètre) 10E+09 Km 1,0E+14 3,3E+03
Planète terre (diamètre) 12000 Km 1,2E+09
Montagnes 6000 mètres 6,0E+05
Echelle humaine 2 mètres 2,0E+02
Bactéries 40 microns 4,0E-03
Molécules 100 Angström 1,0E-06
Atomes 10 Angström 1,0E-07
Particules nucléaires (diam.Compton) 4,0E-11
Sous-particules 3,0E-13
 . . .
           
N.B. 1,5 E+03 signifie 1,5 x1000 = 1 500    -----  1,5 E+09 signifie 1 500 000 000     -----    etc.
         1,5 E-06 signifie 1,5/1000000 = 0,0000015 -----1,5 E-09 signifie 0,0000000015


Les voyages de Gulliver - Newton

    "Les étoiles s'assemblent en galaxies, les galaxies en amas, les amas en super-amas. Et après ?..."
    Hubert Reeves
Patience dans l'azur

Imaginons Gulliver-Newton faisant sa sieste sous le pommier dans un monde dont l'échelle serait sensiblement supérieure à celle non seulement de notre galaxie mais à celle de notre univers reconnu.
La pomme tombe, et réveille Gulliver-Newton. Il se dresse et regarde à ses pieds. Il voit des tâches brillantes sur le sol. Ce ne sont pas des pièces d'or mais des tâches de lumière. Elles bougent doucement les unes par rapport aux autres, au rythme d'un petit vent qui fait frissonner les feuilles du pommier. En tout cas c'est la conclusion de Gulliver-Newton.
En changeant d'échelle, qu'aurait-il pu découvrir à ses pieds, croyez vous ?

Impermanence des choses

    "Dans le monde relatif, il n'y a même pas quelque chose qui, un instant d'après, s'est changé en quelque chose d'autre; il n'y a que le changement."
    Arnaud Desjardin (1925 - ), philosophe français

Appelons impermanence le fait que, à deux instants distincts, les propriétés de la chose observée ne sont pas identiques. A condition d'observer avec la bonne échelle, l'impermanence est partout. Un arbre à une centaine de mètres, regardé à œil nu, parait immobile. Regardé avec des jumelles, on voit les feuilles qui s'agitent dans le vent.
Plus les longueurs sont grandes, plus l'échelle du temps doit être grande pour faire apparaître l'impermanence. Et vice versa. Un rocher, en première approximation inerte et permanent à l'échelle de la vie humaine, est soumis à l'érosion à l'échelle des temps géologiques. Un cristal de diamant, qui nous apparaît permanent à œil nu, est un bouillonnement d'électrons et d'autres particules à l'échelle atomique.
    

Impermanence du vivant

    "La forme corporelle, ô moines, est impermanente. Ce qui cause et conditionne sa venue à l'existence est aussi impermanent.
Comment, ô moines, la forme corporelle qui a l'impermanence pour origine serait-elle permanente ?"
    Sakyamuni Bouddha (-560 -480)

Autour de nous, il existe une catégorie d'objets sensibles très particuliers: les êtres vivants.
Ils se caractérisent par un haut degré de complexité organisationnelle à des échelles plus élevées que les objets inertes, une capacité d'auto organisation particulièrement complexe que l'on peut qualifier de supérieure, ce qui implique des échanges de matière et d'énergie permanents avec leur milieu environnant. Et surtout une impermanence congénitale, qui les pousse à se reproduire d'une façon ou d'une autre, puisque eux même ont deux limites temporelles inéluctables: la fécondation et la mort.
En fait l'impermanence commence dès la fécondation et ne s'arrête plus. Elle est particulièrement visible pendant la période de gestation (morphogenèse) et de croissance. Mais elle continue inexorablement ensuite.


Catalogue sommaire du vivant

    "L’individuation est le premier caractère propre du vivant.
Elle suppose toujours une structure qui enveloppe une totalité et qui dispose d’un développement autonome."

    Serge Carfantan
Philosophie et spiritualité
Leçon 35. Le vivant et l’inerte

A tort ou à raison nous emploierons le mot "être" à la place de l'expression "objet vivant".
Le vivant est composé d'êtres individuels organisés qui se distinguent du milieu ambiant. Chaque être est lui même composé d'une série, plus ou moins complexe, plus ou moins nombreuse, d'autres composants vivants organisés (cellules, composants intra cellulaires...). Pour maintenir son équilibre instable, un être vivant échange avec le milieu ambiant, nourriture, énergie, déchets, information. Il connaît une phase de croissance, de reproduction de l'espèce, de mort, tous événements en rapport avec une connaissance intime du temps. Il est capable de se déplacer et de ce fait il est sensible aux notions d'espace dans le temps.

Il existe de nombreuses classifications sur lesquelles nous ne reviendrons pas.

Retenons surtout le distinguo entre  règne végétal et règne animal.

Il est tout à fait remarquable, et mystérieux, qu'au sein d'une diversité immense des formes externes, d'une  importante variété des fonctionnalités apparentes, on retrouve un mécanisme quasiment universel de renouvellement des générations : le code génétique basé sur quatre "lettres" matérialisées par deux paires de bases azotées organiques (l'adénine, la thymine, la cytosine et la guanine)  formant les "barreaux" de la double échelle d'un polymère, l'ADN, dont chaque motif appelé nucléotide est un phosphate de désoxyribose (hydrate de carbone) lié à une des quatre bases azotées.

A une échelle  macroscopique, nous ferons remarquer seulement quelques distinguos accessoires. A l'intérieur du règne végétal, plantes annuelles (croissance rapide, vie courte) et plantes et arbres vivaces (croissance pluriannuelle, vie assez longue).
Dans le règne animal, le mode d'alimentation : herbivores, carnivores et omnivores.


Et l'homme dans tout ça?

    " Tu es un être triple.
  Tu es un corps, un esprit et une âme.
  Tu pourrais également appeler cela :
   le physique, le non-physique, le  métaphysique.
  C’est la Sainte Trinité.
  L’âme conçoit, le mental crée, le corps ressent.
  Le cercle est complet..."
    Neale Donald Walsch
 Conversations avec Dieu 

Nous sommes conçus à partir de deux cellules reproductrices qui fusionnent leurs patrimoines génétiques, puis n'en retiennent approximativement que la moitié, au hasard jusqu'à plus ample informé. L'embryon, puis le fœtus, reçoit les nutriments apportés par le sang de sa mère et s'auto-organise. Après la naissance, le petit d'homme va être nourri par ses parents  et continuer sa croissance jusqu'à la taille adulte. Nous reviendront plus loin sur ce qu'il advient de son cerveau et de son esprit.
Dans le corps humain adulte, 1 à 2 % des cellules se renouvelle chaque jour. Certaines cellules se renouvellent plus vite que d'autres : quelques heures  pour la paroi interne de l'estomac, 21 à 28 jours pour la peau, 120 jours pour les cellules sanguines. Jusqu'à présent on croit que les neurones ne se renouvellent pas, mais ils semblent capables d'établir de nouvelles connections entre eux pour remédier à des défaillances accidentelles. Certaines cellules du cœur ne se renouvelleraient pas non plus spontanément .

Finalement, sur une vie d'homme, notre chair est renouvelée plus ou moins entièrement plusieurs fois par an. La totalité de notre corps l'est peut être tous les sept ans.

Cela donne à réfléchir sur la non permanence des êtres de chair en ce bas monde.


Une affaire d'éternité

    "Ainsi donc, tout ce qui semble détruit ne l'est pas;
car la nature refait un corps avec les débris d'un autre, et la mort seule lui vient en aide pour donner la vie. "

    Lucrèce   
De rerum natura

La mort clinique est repérée par la cessation des fonctions vitales : respiration, battement du cœur et circulation sanguine...
Les prérogatives du vivant sont annulées. L'auto organisation se ralentit puis cesse. L'animal prédateur supérieur devient la proie des bactéries et des asticots qui vont recycler ses protéines vers d'autres chaînes alimentaires.  A leur tour, les asticots peuvent mourir de façon intempestive. Leur chair se résout en petit tas de matière sèche organique, qui va se minéraliser à la longue. Si le défunt est incinéré, ses composants vont en majorité à l'atmosphère sous forme de vapeur d'eau et de gaz carbonique, seuls quelques composés minéraux vont dans les cendres et pourront être utilisés comme engrais par le règne végétal.

A l'échelle des temps historiques, et des dimensions moléculaires, les atomes apparaissent comme permanents ( seules exceptions : la radio activité naturelle ou artificielle et quelques expériences de collision dans les accélérateurs de particules). Les particules élémentaires semblent plus fugitives.

A l'échelle des temps cosmologiques, les atomes lourds formés dans des étoiles énergétiques seraient arrivés sur notre planète sous forme de poussières stellaires. L'origine des atomes plus légers n'est pas très claire. Elle est probablement du même genre.

A l'échelle du vivant, le recyclage des molécules utiles est  bien connu. En utilisant l'énergie de la lumière solaire, les végétaux transformant le gaz carbonique de l'atmosphère en hydrates de carbones ( par exemple cellulose, lignine ...) , qui sont leurs composants majoritaires. En utilisant des composés issus du sol et l'azote de l'air, certains végétaux synthétisent des amines ( par exemple caféine) et des protéines (légumineuses).  Les animaux mangent les végétaux, et fabriquent des protéines plus sophistiquées. D'autres animaux mangent les herbivores, ou se mangent entre eux. L'homme mange de tout. Le cycle des acides aminés et des protéines se déroule dans une infinité de morts et de renaissances. C'est un fait de l'écolo-physico-chimie ordinaire. Il sous-tend les croyances orientales dans la réincarnation.
 

QUESTION DE TEMPS

    "Ce mot, quand nous le prononçons, nous en avons, à coup sûr, l'intelligence et de même quand nous l'entendons prononcer par d'autres.
Et bien ! le temps, c'est quoi donc ? N'y a-t-il personne à me poser la question, je sais;

Que, sur une question, je veuille l'expliquer, je ne sais plus."

    Saint Augustin


Le temps est une entité mystérieuse. Quand on change de perspective ses propriétés changent. Est il continu ou discontinu ? Est ce un axe orienté du passé vers le futur sur lequel un retour en arrière est impossible ? Cela divise les savants.

Le temps biologique

Les cellules vieillissent et meurent. Leur usine à fabriquer les protéines se dérègle, un peu comme si après un certain nombre de parcours de la tête de lecture dans le microsillon, le son d'un disque vinyl usé devenait incompréhensible.
Le mécanisme de lecture de l'ADN ressemble au fonctionnement d'une fermeture Eclair. Le temps biologique pourrait avoir un rapport avec le nombre de nucléotides lus, non pas parce que les nucléotides s'usent, mais parce que leur enchaînement subit statistiquement des dégradations, que la redondance diminue et finit par disparaître. C'est peut être la raison profonde du fait que tous les êtres vivants sont sensibles au temps. Chez la bactérie E. coli, la réplication d'un brin d'ADN se fait à une vitesse d'environ 1500 nucléotides à la seconde. Ce pourrait être une définition de l'unité de temps biologique ?
.
S'il n'y avait pas le temps biologique, pour nous dire intérieurement que le lever du soleil d'aujourd'hui n'est pas le même que celui d'hier, y aurait il eu apparition du concept de temps physique ?

Le temps subjectif

C'est à dire tel que je  le perçois, tel que le sujet le perçoit. Le temps subjectif est probablement lié au temps biologique, mais pas seulement. En effet les notions de passé, de présent, et d'avenir semblent plus acquises qu'innées. Chez le jeune enfant, présent, passé et futur ne font qu'un. A l'époque du capitaine Cook, on découvre que certaines peuplades des îles du Pacifique ont une absence de souci du lendemain ou du passé.

Le temps du Prince

Le premier devoir du Prince est d'étouffer dans l'œuf toute velléité  de révolte. Plusieurs pratiques ont fait leurs preuves.
La première consiste à changer les repères quotidiens qui rythment les temps de veille et de travail du peuple. Carillons, sirènes, chants patriotiques diffusés par haut-parleurs, appels de muezzin, chants liturgiques à heures fixes de jour et de nuit, salut au drapeau, ritournelles à la radio et à la télévision avant des citations choisies du Prince ...ou des publicités contribuant à l'enrichir.
La seconde consiste à réécrire l'Histoire, à la gloire du nouveau Prince de préférence.
La troisième est de faire miroiter un futur brillant, sous la conduite du Prince évidemment.

La boucle est bouclée, le Prince contrôle le passé, le présent et l'avenir.

Le temps de la physique classique

C'est le temps mesuré par des horloges de plus en plus précises : cadran solaire, sablier, clepsydre, pendule, horloge à quartz, horloge atomique ...
Il est basé sur la simultanéité de deux événements : l'état de l'objet observé et l'état de l'horloge.

Le temps de la relativité


Que ce soit à l'école ou dans les ouvrages de science-fiction, notre génération a appris que le temps est une dimension du réel presque comme les autres. Ou plutôt que les longueurs peuvent s'exprimer en unité de temps, le temps que mettrait la lumière à les parcourir d'un bout à l'autre dans le vide.
C'est ainsi que l'étoile la plus proche est à 4,2 années-lumière de nous, le soleil à 8 minutes-lumière.
Ce concept, modélisé au XIXème siècle Maxwell, est en réalité fort ancien. Ne disait-on pas j'habite à une journée de marche du village voisin, ou à deux jours de cheval de la plus proche ville. Il n'y a rien là qui surprenne le bon sens ordinaire, et encore actuellement Marseille est à trois heures de TGV de Paris.

La théorie de la relativité restreinte pose que l'espace-temps est relatif aux conditions locales dans lesquelles se situe l'observateur.

Une analogie facile à comprendre est celle du film de cinéma. Sur la pellicule les états du monde extérieur sont enregistrés image par image dans une dimension linéaire pour le temps (le numéro de l'image) sur le film et en 2D pour l'espace (chaque image individuelle). Si je filme à 30 images par seconde et que je projette à la même cadence, je perçois une restitution du monde extérieur ( grâce à la persistance rétinienne) qui ressemble à ce que je peux avoir en mémoire dans mon cerveau. Si je projette à 16 images par secondes, je perçois un effet de ralenti. Si je passe le film à l'envers, je perçois un temps qui serait réversible et irait du passé proche au  passé plus lointain. Accessoirement, je restitue toujours un état du monde qui se situe dans le passé de mon temps subjectif.
Si je filme avec un camescope à bande magnétique, chaque image est stockée sur la bande sous forme analogique ( différences d'aimantation) , invisible à l'œil nu,  mais selon le même principe que sur le film de cinéma. Je peux restituer le film sur l'écran du téléviseur à l'aide d'un magnétoscope.
Si maintenant je récupère le film sur un ordinateur à l'aide d'un encodeur numérique, deux machines qui n'ont pas de persistance rétinienne et qui traitent le signal extrêmement rapidement, chaque image  est analysée, puis transformée en fichier numérique en moins de 1/30 de seconde, ce qui permet de la restituer à l'écran en temps réel.
Si je faisais un synopsis des événements qui interviennent  pendant ce 1/30 de seconde, j'aurais du mal à y reconnaître la réalité sous-jacente.

La théorie de la relativité générale pose que l'espace temps est modifié par la présence de matière. Cette thèse est confortée par diverses observations astronomiques portant sur les altérations du trajet de la lumière au voisinage de masses stellaires importantes.

... et celui de la mécanique quantique


Dans sa formulation de base, la mécanique quantique utilise le temps non relativiste de la physique classique.
Elle introduit une relation d'incertitude portant sur l'énergie d'une particule et la variable temps. Ainsi, la durée ΔT nécessaire à la détection d'une particule d'énergie E avec la précision ΔE vérifie la relation : ΔT x ΔE >= constante.

Le temps de l'histoire

C'est le temps pour lequel nous avons des traces manipulables sous forme d'objets proches et palpables : archives sur divers supports papier, parchemins, papyrus, peintures murales, stèles etc. Il se compte en milliers d'années.
Plus les périodes sont reculées, plus les traces sont dégradées et nécessitent des explorations physiques complémentaires et un travail de reconstitution dépendant des théories scientifiques en vigueur (par exemple datation aux éléments radioactifs)

Le temps de l'évolution

C'est le temps de l'évolution de la planète, l'apparition des molécules organiques, l'apparition du vivant, son évolution  jusqu'aux espèces supérieures... Il se compte en millions d'années.

Une question se pose :  le rythme de l'évolution est il immuable ? peut-il se raccourcir sous l'effet de l'action de l'homme ( dissémination d'agents mutagènes dans les chaînes alimentaires, progrès de la médecine et organisation des sociétés qui contrarient la sélection naturelle ...) ?

Le temps cosmologique


C'est un temps si grand que nous n'avons pas de traces palpables. Nous en sommes réduits à observer des objets très lointains : galaxies et autres objets célestes. Sa mesure est fortement dépendante des théories scientifiques les plus avancées. Il se compte au minimum en milliards d'années.

... et les deux infinis

Alors se pose la question de l'origine du temps. Qu'y avait-il avant le temps zéro? C'est peut être une question sans pertinence. En effet, nous sommes habitués à mesurer le temps en comptant des intervalles de durée égale, mais d'autres conventions sont possibles. Par exemple compter les intervalles pendant lesquels la distance entre deux objets matériels double (deux galaxies). Dans ce système, le présent de l'observateur est repéré par zéro, le futur par des nombres positifs, le passé par des nombres négatifs (c'est ce qu'on appelle une échelle logarithmique). Le temps est alors infini tant vers l'avenir que vers le passé. Mais il y a des limitations à notre perception (sensible) d'événements éloignés de nous dans le passé ( horizon cosmologique) car l'information nous arrive seulement à la vitesse de la lumière.



RÔLE DE L'INFORMATION


L'horreur du vide

    "Il existe donc un espace sans matière, qui échappe au toucher, et qu'on nomme le vide. "
    Lucrèce   
De rerum natura

Le vide des physiciens n'est pas le néant. Ce n'est pas non plus l'ensemble vide des mathématiciens. Le vide des physiciens ne contient pas de matière révélée, mais il est rempli de toutes sortes de potentialités en perpétuelle auto-transformation. Il est en permanence traversé par des flux d'information. Ce quelque chose omniprésent est appelé champ. Le champ peut se manifester en tout point de l'espace, remplissant en quelque sorte le vide de tout l'univers possible. Certains auteurs remettent en question le postulat de base de la relativité et affirment que la matière n'est que la manifestation (sensible) d'un système d'ondes électromagnétiques .

Systèmes dissipatifs et auto-organisation

    "La matière peut s'auto-organiser.
Et, au fond, l'auto-organisation c'est ce qui est à la base de la notion d'individu, d'individualité.
Prenez par exemple une cellule biologique :
cette cellule a une auto-organisation qui n' est possible que par suite des interactions avec le monde extérieur."

    Ilya Prigogine (1917-2003)
Conférence   L'Homme devant l'incertain

L'auto-organisation est un phénomène de mise en ordre croissant, allant en sens inverse de l'augmentation de l'entropie (état de désordre statistique des molécules), au prix d'une dissipation d'énergie qui servira à maintenir cette structure.

Le phénomène se rencontre le plus couramment dans les systèmes ouverts, c'est à dire qui échangent de l'énergie, de la matière avec leur environnement, habituellement un système éloigné des conditions d'équilibre stable. Outre tout ce qui est le domaine du vivant, on peut citer en physique, en mécanique des fluides, en cosmologie :

Cristallisation, laser, supraconductivité
Turbulence et convection
Formation des structures, étoiles et galaxies

L'observation des phénomènes d'auto-organisation a suscité le développement de théories mathématiques : théorie des bifurcations et du chaos, qui apportent un éclairage nouveau sur le traitement statistique du hasard. Dans son article de 1973, "Formes nouvelles du hasard dans les sciences" , Benoît Mandelbrot le dit très clairement : " C’est l’essentiel des phénomènes de la nature qui obéissent à cet autre type de hasard où l’on ne peut appliquer la loi des grands nombres."

Echanges de matière et d'énergie... et d'information ?

    "Fondamentalement, l'information est liée à un projet.
 Il peut être construit, comme un programme, ou autoconstruit, comme la matière.
Ce qui fait de l'information le troisième élément du triptyque fondamental Energie/Matière/Information"

    Wikipedia

Par définition, les systèmes auto-organisés agissent de façon autonome. Certes, mais ils sont le siège d'importants échanges d'information à tous les niveaux, internes mais aussi avec le milieu extérieur.

Qu'est ce que l'information ? Question aussi embarrassante que celle sur la nature du temps.

L'information c'est cela qui permet l'action à distance dans le temps et dans l'étendue. Une variable qui donne du renseignement sur la façon de mettre en forme la matière. Une sorte de anti-hasard qui indique un "possible" gagnant; aux courses on dirait un bon tuyau.

L'information et ses supports matériels

    "Au regard de l’histoire de l’humanité, l’écriture est une invention récente :
en effet, si l’homme parle depuis environ 100 000 ans, il n’écrit que depuis un peu plus de 5 000 ans.
En outre, elle n’est pas une invention universelle car, en définitive,
elle n’est qu’un système de communication parmi d’autres et certaines civilisations ont pu s’en passer "

    Wikipedia

Aux échelles microscopiques, comment l'information est-elle transmise ? Nous en sommes aux balbutiements de cette problématique. Une approche mécaniste explorera les agencements stéréochimiques fugitifs des molécules, et les champs électromagnétiques locaux qui  en résultent. On se rappelle les théories sur la "mémoire de l'eau" qui pouvaient trouver un certain fondement dans la formation des micelles de molécules d'eau autour des ions en solution Une approche plus globale explorera la possibilité d'un champ d'information omniprésent. C'est le cas de la théorie des champs morphiques proposée par Sheldrake. Toute cette recherche répond au souci de considérer l'information comme une composante essentielle de l'univers.

L'information peut-elle persister en dehors de tout support matériel ? Rien n'est moins sûr. Que ce soit dans les stèles, les mémoires d'ordinateurs ou dans le code génétique du vivant, l'information semble très liée à un support matériel, plus ou moins ténu. Même les marqueurs odorants des fourmis et des plantes à fleurs ont des molécules comme support matériel.

Soyons clairs, dans mon esprit l'information n'est pas le support. Elle est impalpable, elle est ce qui est signifié, elle est le descriptif de l'action en puissance.

Pour le moment nous connaissons surtout l'information linéaire, c'est à dire une suite séquentielle de signes constituant une écriture. Corpus de plusieurs milliers d'idéogrammes (chinois ancien), idéogrammes phonétiques (égyptien démotique), alphabets de 23 à 28 lettres (écritures syllabiques ), alphabets à quatre lettres (code génétique), alphabets à deux lettres ( code binaire).

Plus récemment on a mis en évidence une information "holographique" dans laquelle chaque partie du support contient la totalité de l'information. Si l'on ne conserve qu'une portion du support l'information garde sa totalité, mais perd de sa netteté.

Il est intéressant de noter que, dans certains cas, le mécanisme de lecture consiste à faire interagir chaque unité d'information avec une sorte de grille, ce faisant détruisant l'information originale que l'on recopie immédiatement derrière. Les mémoires permanentes semblent donc être aussi des champions de l'impermanence.

Mais il existe d'autres formes d'information, moins persistantes. Chez l'homme, pour la communication, l'ouïe a précédé l'écriture. Grognements et signaux de chasse ou de parade sexuelle, apparition du langage articulé et ce faisant du discours conceptuel. Pour donner de la persistance à ces informations, on a eu longtemps recours à la tradition orale, aux conteurs et à la mémoire.
La parade nuptiale de toutes sorte d'animaux, et même des fleurs qui ne sont pas auto-fertiles, est déjà une information.
Pensons aussi à la danse des abeilles qui dessine des rébus fugitifs dans l'espace pour passer des messages alimentaires.

Déterminants de la morphogenèse

    "Echelle de Jacob, échelles de l'espace-temps, échelle double des peintres en bâtiment, double échelle de l'hérédité...
Je pressens comme une universalité sous-jacente."

    Brice Peer
Œuvres inédites

Depuis Cricks et Watson on sait que le plan  de construction des êtres vivants individuels, règne végétal comme règne animal, est contenu dans une longue chaîne de base aminées l'ADN ( acide désoxyribonucléique). Grâce à des systèmes de lecture/écriture complexes (ARN etc. ) on aboutit à catalyser le "tricotage" de chaînes peptidiques complexes (les protéines ) à partir de molécules plus petites et plus simples.

En montant l'échelle du vivant, le plan complet (le génome) est de plus en plus volumineux:
Virus: 3000 nucléotides ( une page de 3000 caractères ).
Bactérie: 3x106 nucléotides ( un livre de 100 pages ).
Homme: 3x109 nucléotides ( 1000 livres, soit une pile de livres de 50 m de haut ), chaque cellule, dont le diamètre est de quelque microns, contient 1,40 mètre d'ADN, dans chaque individu, une longueur totale d'ADN égale à la distance de la terre à la lune.

On a longtemps cru que cela suffisait, et que la différenciation des individus entre eux se faisait au hasard (mutations aléatoires), mais que, sous la contrainte de l'environnement hostile, seuls les plus aptes survivaient et de ce fait se reproduisaient en plus grand nombre, faisant émerger de nouveaux caractères innés( évolution des espèces).
Il semble que la sélection naturelle n'explique pas tout ce que nous observons. Plusieurs écoles de pensée mettent en avant d'autres facteurs influençant la morphogenèse  au sens large : informations en provenance du milieu ambiant par divers canaux (nourriture, mimétisme, éducation ...), contraintes physiques ordinaires ( température, chaleur, mécanique des fluides...).

Au commencement était le Verbe ...

    "Tout fut par lui et sans lui rien ne fut."
    Jean 1.3

Dans la version grecque, on dit le "logos" : la parole, le discours. Qu'est ce qu'un discours sinon le moyen d'informer les auditeurs ?
Dans les langues latines, il est remarquable de rapprocher trois mots :
informe  ———  information ———  forme
le in- de informe est privatif (en anglais form-less), le in- de information est inclusif (comme dans insérer, intention, inclure...),
l'information c'est ce qui permet le passage de l'informe au formaté, à la forme (du form-less au form-like) .

En paraphrasant Saint Jean, on pourrait dire :
"au commencement était l'information. L'information était auprès du Pouvoir, l'information était le Pouvoir. Elle était au commencement avec le Pouvoir. Tout existe grâce à elle et sans elle rien n'a existé".






EMERGENCE


Le vivant élargi

    "Capable de contenir la personne humaine, il ne saurait y avoir qu'un Univers irréversiblement personnalisant."
    Teilhard de Chardin
 Le Phénomène humain

Notre esprit a une soif congénitale d'unité. D'où la tendance, plus ou moins répandue selon les cultures, à généraliser la moindre théorie locale.
Constatant que les êtres vivants sont des phalanstères organisés de cellules, il est tentant d'extrapoler à l'organisation  de hordes, de tribus, communautés, sociétés, tant animales que humaines.

Serge Carfantan résume parfaitement cette thèse, dans sa leçon N° 35. (le vivant et l’inerte)
..."ce qui nous apparaît maintenant plus clairement, c’est que la matière de l’univers est organisée en une longue chaîne de complexité croissante. Cette chaîne débute avec les propriétés du champ quantique, se poursuit avec les particules élémentaires, les atomes, les molécules, les cellules, les organismes individuels et s’étend enfin aux groupements complexes des niches écologiques et des sociétés humaines.
Chaque niveau de complexité fournit les éléments de construction à partir duquel est élaboré le niveau suivant.
C’est ce qu’avait compris Teilhard de Chardin dès 1916. C’est ce qu’il veut montrer dans Le Phénomène humain."

Gardons nous cependant de tout angélisme.
La conscience planétaire progresse-t-elle ? Ce n'est pas évident. Beaucoup de forces de la mort de l'esprit sont à l'œuvre. Forces visibles des dictatures totalitaires, mais surtout forces insidieuses de la démocratie de marché et de l'individualisme de consommation. Le temps de la technologie va trop vite pour le temps de l'évolution éthique.
La Nature est cruelle et l'on doit s'attendre à la survie des sociétés les plus aptes. En Asie peut être. Quant à nous, sociétés occidentales, au mieux pouvons nous espérer transmettre quelques gènes de la démocratie utopique, respectueuse de la personne individuelle, dans ses droits et ses devoirs au sein de la collectivité.
Le même Teilhard de Chardin, qu'on ne peut surtout pas suspecter de cynisme, l'envisage parmi les avenirs possibles "....mais il se peut aussi que, suivant une loi à laquelle rien dans le Passé n'a encore échappé, le Mal, croissant en même temps que le Bien atteigne à la fin son paroxysme, lui aussi sous une forme spécifiquement nouvelle. Pas de sommets sans abîmes. "

Liberté, égalité, fraternité

    "Ce n'est donc pas tant l'entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l'homme que sa qualité d'agent libre.
La Nature commande à tout animal et la bête obéit. l'homme éprouve la même impression,
mais il se reconnaît libre d'acquiescer, ou de résister, et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme ."

    J.J Rousseau
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

Les fourmis sont des insectes sociaux. A la naissance, chaque individu est égal à un autre. Ils se spécialisent rapidement par fonction : reproduction, soldats, travailleurs. Chacun collabore fidèlement au bien collectif.

Le comportement des sociétés de fourmis a donné lieu à de nombreuses observations et expériences.

On installe à proximité d'une fourmilière un parcours avec une bifurcation vers deux chemins de longueur inégale menant chacun à un tas de sucre. Une première fourmi éclaireur, n'ayant pas le don d'ubiquité, choisit au hasard un des deux chemins. Elle trouve du sucre, et considère que son but est atteint. Elle revient et marque sa piste. Mettant en jeu les principes d'économie d'énergie et de simplification du complexe, elle ne voit pas d'intérêt à explorer l'autre chemin et revient à la fourmilière.
Une colonne de fourmis se met en branle et, arrivée à la bifurcation, s'engouffre en masse dans la seule voie signalée par les phéromones du succès.

Si les fourmis étaient des êtres libres, on devrait observer quelques rares individus s'engageant sur l'autre voie. Des distraits, des non conformistes, des curieux. S'ils trouvent le deuxième tas de sucre, reviennent et marquent la nouvelle piste, elle attirera peut-être de futures colonnes de fourmis, surtout quand les nouvelles générations auront remplacé les acteurs de la première expédition.


Moi et l'Autre

    "C'est au contact d'autrui que l'homme apprend ce qu'il sait."
    Euripide

Imaginons que l'humanité se réduise à un seul individu se reproduisant par parthénogenèse comme certains lézards, ou à un seul individu hermaphrodite comme les escargots. Imaginons surtout que le renouvellement des générations soit concomitant avec de la mort de la génération précédente. Il y a fort à parier que le développement de l'esprit d'une telle espèce serait bien différent du nôtre. Quant à la conception que cette espèce pourrait avoir de sa propre âme, je soutiens qu'il n'y en aurait pas.

L'Autre est essentiel à l'humanité.

Ce coté essentiel commence avec la reproduction sexuée qui apporte stabilité (par la confrontation de deux sources d'information différentes) mais aussi variation modérée des caractères  génétiques (qui renforce la fréquence des aptitudes utiles pour la survie de l'espèce) . Il se poursuit avec l'allongement de la durée de gestation qui augmente la transmission de caractères non génétiques entre deux individus proches mais distincts, la mère et son enfant. Il culmine enfin avec l'allongement de la période de formation des jeunes par leurs parents, durée exceptionnelle dans le règne animal.

Cannibalisme sacré et autres rites manducatoires

    "Par les significations dont nous nourrissons notre esprit, nous influons très profondément sur l'état de notre corps.
En cela, les nourritures spirituelles sont aussi des nourritures corporelles."

    Vahé Zartarian

L'importance de l'alimentation dans le maintien du vivant n'a pas échappé à nos lointains ancêtres. A une époque où les protéines étaient moins facilement accessibles que maintenant, ils ont pratiqué le cannibalisme rituel. Manger son père défunt, c'était lui conférer une sorte de survie, perpétuer son courage et sa sagesse. Par extension, manger son ennemi valeureux, c'était s'approprier ses qualités.

Le repas pris en commun est un des principaux rites qui cimente la vie en société. Le sacrement de l'eucharistie chez les chrétiens relève de la même démarche en nourrissant non pas le corps mais l'âme. Pratiquement toutes les religions ont un rite manducatoire destiné à souder la communauté.

De nos jours, le tiers de l'humanité qui mange à sa faim surveille la qualité de ce qu'il mange. Les régimes diététiques sont sensés nous apporter la santé, la beauté et la jeunesse prolongée.
Les deux autres tiers de l'humanité se préoccupent seulement de la ration calorique de survie.

Les bifurcations de l'Histoire. Chaos ou liberté ?

    "Si le fondement de l'Histoire est la conquête de la liberté individuelle, alors cette finalité même la rend imprévisible"
    Jacques Attali
Une brève histoire de l'avenir

En examinant les choses à posteriori, et en prenant suffisamment de recul, on arrive souvent à désigner un événement  qui constitue ce qu'on appelle un tournant de l'Histoire, parce qu'il apparaît comme le premier fait marquant ayant entraîné une série de conséquences jugées improbables avant lui.
Par exemple la Révolution française, qui a entraîné la suprématie des droits de l'homme sur les droits régaliens donnés par Dieu, la chute du mur de Berlin, qui a marqué le début de la fin des régimes communistes .
Mais au présent, quand l'Histoire n'est pas encore faite, il est bien hasardeux de dire si tel ou tel événement sera ou pas un tournant. Le devenir du présent est rempli de bifurcations. Sont elles empruntées au gré du hasard, par l'exercice de la liberté de choix d'un seul, par l'exercice de la liberté d'un petit groupe actif homogène, ou encore par les aspirations d'une foule plus vaste ? Les grands effets ont-ils toujours de grandes causes?
La "généalogie" des causes, au sens de Nietszche, montre souvent l'influence cruciale de petits événements. Si le nez de Cléopâtre ... si Grouchy était arrivé à temps ... Si, en 1984, Gorbatchev avait glissé sur une plaque de verglas ...
Un des exemples les plus frappants et très bien documenté, reste l'attentat manqué du 8 novembre 1938 contre Hitler.
Après l’invasion de la Pologne,  pour éviter « qu’on ne verse encore plus de sang », un Allemand ordinaire Johann Georg Elser décide d'assassiner Hitler. Pendant un mois, nuit après nuit, il prépare un attentat. Il a observé que la Bürgerbräukeller, cette brasserie munichoise où Hitler commémore tous les 8 novembre son putsch manqué de 1923, n’est pas surveillée. Ayant travaillé quatre ans dans une usine d’horlogerie,  il fabrique un mécanisme de bombe à retardement.
Tout fonctionne parfaitement : à 21 h 20, la bombe, dissimulée depuis plusieurs jours dans un pilier, explose. Huit membres du parti nazi trouvent la mort … mais Hitler est parti treize minutes plus tôt que prévu ! Les conditions climatiques l'empêchant de prendre l'avion, il a écourté son discours pour prendre le train.
En tentant de passer en Suisse, le même jour à 20 h 45, Elser s'était fait retenir au poste frontière pour un banal contrôle de routine. Pour son malheur, l'Histoire le rattrapera. La nouvelle de l'attentat arrive. Il est ramené à Munich et suspecté. Sous la torture, il avouera. Hitler ne le fait pas exécuter immédiatement et l'enferme au camp de Dachau. Il y survivra jusqu'en 1944. Le Führer se suicide dans son bunker à Berlin. Les Américains avancent jusqu'en Bavière. Le commandant de Dachau tire une balle dans la tête de son prisonnier emblématique avant de faire évacuer le camp.

La planète Terre est elle auto-organisable ?

    "  Il s'agit de reposer la problématique de l'histoire de la vie et de la Terre.
Notre "monde vivant", étonnante anomalie au regard de la planétologie comparée, ne forme-t-il pas un système,
 un "tout" comparable à un organisme auto-régulé dont il nous resterait à comprendre ce que Lovelock appelle la géophysiologie ?  "

    www.ecolo.org
L'hypothèse Gaïa

Si l'on s'en tient à la théorie de l'auto- organisation, il faudrait que notre planète soit un système dissipatif, c'est à dire un système ouvert qui échange de l'énergie, de la matière et probablement de l'information avec son environnement. On voit bien l'apport d'énergie, essentiellement l'énergie lumineuse du soleil, et peut être accessoirement diverses particules et rayonnements cosmiques. L'apport de matière interstellaire est très lent. L'énergie apportée à la terre par le rayonnement du solaire est énorme, de l'ordre de 180 000 milliards de kilowatts (sauf erreur de ma part, c'est plus de dix mille fois la consommation mondiale actuelle d'énergies fossiles) . L'énergie restituée au cosmos sous forme de rayonnement infrarouge est du même ordre de grandeur que l'énergie reçue. L'énergie nécessaire à toute la photosynthèse, premier échelon du maintien de l'auto-organisation du vivant sur terre, serait aussi de l'ordre du dix millième de l'énergie reçue 3 .

La planète Terre semble surtout exceller dans le stockage des résidus. Elle a stocké du gaz carbonique dans les roches calcaires, des forêts dans les gisements de charbon, des cadavres d'animaux marins dans les gisements de pétrole.

Le problème de l'humanité, c'est la différence d'échelle de temps entre elle et la planète Terre. Si nous n'y prenons garde, nous avancerons le moment ou l'humanité finira soit en combustible fossile ( un tout petit gisement de 300 millions de barils, quatre jours de consommation mondiale actuelle ! ), soit en gaz carbonique. Toute la science, toute la spiritualité, accumulées depuis la préhistoire, risquent d'être perdues faute de support d'information. A moins que ...




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 Note 3: Cette évaluation (source: Pierre THOMAS ENS Lyon) me semble sujette à caution. Si elle était correcte, ce serait assez inquiétant, car la consommation d'énergies fossiles, qui était pratiquement nulle il y a deux cents ans, serait devenue, au début du XXIème siècle, du même ordre de grandeur que l'énergie nécessaire à la totalité de la photosynthèse.









SIGNES DE PISTES



La folie des grandeurs

    "Aujourd'hui, ma génération s'émerveille devant cette nouvelle vision de l'Univers,
cette nouvelle manière d'aborder la cohérence du monde,
et nous y contribuons en ajoutant un barreau à l'échelle de l'humanité en quête des étoiles."

    Brian Greene
L'univers élégant

Sans pouvoir prétendre comprendre tout ce que décrivent les savants, ou plus exactement les auteurs de livres de vulgarisation scientifique, je me suis toujours intéressé à la physique théorique, à titre de culture générale de l'honnête homme.

Que reste-t-il de tout cela ?

La constatation que la science contemporaine utilise un outil mathématique de plus en plus sophistiqué et complexe, en avance sur le sens commun. Les déductions des spécialistes de la physique théorique, s'appuyant sur les outils créés par l'esprit des mathématiciens purs, ont au début permis aux spécialistes de la physique expérimentale, aux astrophysiciens etc. de monter , ou de rechercher dans l'univers, des expériences cruciales pour tenter de valider provisoirement les nouvelles théories, au moins dans certaines plages d'application, ou de les réfuter.

La constatation que les savants, qui sont aussi des hommes, ont la nostalgie de l'élégance et de la simplicité qui étaient le lot des théories antérieures. A défaut de simplicité, ils ont l'espoir d'atteindre un jour l'universalité.

Tout l'effort de la fin du XXème siècle a porté sur les façons de trouver une théorie chapeau englobant la relativité générale (échelle cosmique) et la mécanique quantique (échelle subatomique).

En 1973, un mathématicien, Benoît Mandelbrot, dans un article " Formes nouvelles du hasard dans les sciences"  montre que l’essentiel des phénomènes de la nature obéissent à un type de hasard où les aléas ne s’annulent pas, mais au contraire se cumulent, et où l’on ne peut appliquer la loi des grands nombres. Il formalise une nouvelle catégorie de courbes, les fractales, et popularise la transcription mathématique de la notion d'échelle. Cette théorie connaît un succès foudroyant et inspire des générations de théoriciens dans des domaines très variés.

Un autre mathématicien prétend que la mécanique quantique serait une manifestation d'une relativité étendue aux changements d'échelle. En passant du macroscopique au microscopique, l'espace-temps, de courbe, deviendrait fractal, ce qui expliquerait tout ou presque. Cette thèse est vertement combattue par un troisième auteur, lui aussi mathématicien. Mais comme ce dernier fait également de la politique et veut se présenter à l'élection présidentielle de 2007, peut on le croire plus que le précédent ?

En tous cas, à partir des années 1975, on se met d'accord  sur un "modèle standard " unifié de l'univers; il suffirait de dix neuf paramètres pour le décrire. Mais ce modèle standard laisse encore des zones réfractaires à l'unification, notamment la force de gravitation. Il  est d'ailleurs maintenant infirmé par certaines observations astronomiques.

La quête d'une théorie englobante se poursuit. Les théoriciens introduisent  des composants hypothétiques plus petits que les particules élémentaires de la mécanique quantique. Ils sont décrits par les objets mathématiques appelés "cordes", objets linéaires capables de vibrer comme une corde de piano. Pour intégrer un peu plus les zones réfractaires, en particulier la force de  gravité, il a fallu introduire dix dimensions, quatre spatio-temporelles et six "enroulées" dans des espaces de Calabi Yau (ce n'est pas la Guerre des Etoiles, c'est le nom des deux mathématiciens qui les ont inventés).
Vers 1990, les mathématiciens, qui avaient répertorié cinq types de cordes moyennant l'introduction d'une onzième dimension, rêvent d'une théorie super englobante dite théorie M, qui permettrait d'unifier les acquis précédents.
En 1995, un certain Witten propose une approche mathématique simplificatrice, si l'on peut dire, les cinq types de cordes devenant six et n'étant que des angles de vue différents d'un même objet mathématique sous-jacent.
Mais déjà les mathématiciens pensent à de nouveaux objets, membranes vibrantes à deux dimensions spatiales, bulles vibrantes à trois dimensions spatiales...

Les expérimentateurs sont débordés !


A tout bout de champ
    "Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les instigateurs"
    Jean Cocteau

On nous explique que tout l'Univers, visible et invisible, est le siège d'un champ unifié d'énergie qui se manifeste ici ou là sous forme de matière, antimatière, forces diverses, rayonnements électromagnétiques.

A tant que faire, pourquoi ne pas déconstruire les dimensions d'espace - temps et les ramener à une entité unique. Il y a deux candidats à cette dimension unique : l'énergie ( c'est à dire le pouvoir de créer ) et l'information ( c'est à dire le comment créer quoi ). Peut être conclure que ces deux candidats ne font qu'un.

Créer quoi ? l'étendue, le temps, la matière... On est en plein dans les Upanishads, dans le poème de la Genèse. Puissance du rêve !

Il est vrai que dans ces temps lointains on utilisait déjà les plantes hallucinogènes.

Pour théoriser le monde, et ce n'est même pas moi qui le dit, mais un mathématicien chevronné, "que sont réellement l'espace et le temps ? peut-on s'en passer ? " .

Il est quand même remarquable que près de cinq mille ans d'histoire, dont deux ou trois siècles de matérialisme scientifique, aboutissent à ce qu'une telle proposition ne soit pas considérée, à priori, comme le produit d'un esprit dérangé.

Retour aux sources

    "Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure..."
    Jean de La Fontaine [Fables]


"De là a résulté une incroyable situation sans aucun précédent : la domination sans réserve pendant un siècle d'une théorie fausse, la Théorie de la Relativité, résultant elle-même du plagiat indiscutable d'une incontestable erreur."   
Maurice Allais [Einstein - un singulier paradoxe-(5 mars 2004)]


"Puisqu'il n'existe pas de théorie de la relativité d'échelle, il est normal qu'il n'y ait personne pour passer son temps à proclamer l'inexistence de quelque chose qui n'existe pas."
    Sylvain Poirier [Critique de la relativité d'échelle de Laurent Nottale]

"Je suis l'inventeur de cette onde à vitesse variable... Puisque cette onde permet à elle seule d'expliquer sans peine la matière et tous les phénomènes physiques, il s'agissait d'un événement de la plus haute importance." 
Gabriel Lafrenière [La matière est faite d'ondes - 2002]

  "En considérant uniquement la structure des constituants du vivant et de la matière, j'ai remarqué que certains sont formés d’un petit nombre d'éléments différents et que d’autres le sont d’un grand nombre de semblables."
    Denys Lepinard [Structure universelle du vivant et du non vivant ]


Ce qu'il y a de fascinant avec les savants, c'est qu'ils s'auto-organisent en chapelles, et se jettent l'anathème avec vigueur. C'est une des conditions du progrès scientifique.
Divers auteurs ne se satisfont pas du modèle d'interaction entre matière, énergie, espace-temps attribué à Einstein. Le paradigme de la relativité (paradigme signifie théorie généralement admise) est remis en question.

Il y a ceux qui traitent Einstein de plagiaire. Ils sont immédiatement et vertement excommuniés.

Il y a les tenants d'une théorie ondulatoire de la matière. Fin 2006, leurs écrits sont retirés autoritairement de l'encyclopédie Wikipedia.
Leur crime est de vouloir développer un modèle qui utilise des ondes comme constituant ultime de l'Univers. Il ne s'agit pas de remettre en cause les équations mathématiques du paradigme de la Relativité, surtout là où elles ont démontré leur capacité à  expliquer et à prédire des phénomènes observables. Il s'agit de s'interroger sur la nature profonde des phénomènes (leur ontologie?). Qu'est ce que la matière ? Qu'est ce que la nature des actions à distance ?
Pour ces nouveaux quêteurs d'absolu, rêveurs d'élégance et de simplicité, l'espace et le temps sont égaux à eux mêmes dans toutes les conditions (espace Euclidien). Chaque particule constitutive de la matière résulterait de l'interaction de plusieurs ondes. Pour aborder ce thème, il faut lire ou relire un cours de physique traditionnelle sur les ondes stationnaires et les battements.

En résumé, pour eux, la matière c'est quand les ondes se cognent !

Dans leur modèle, c'est la matière en mouvement qui se déforme, et pas l'espace-temps. Mais comme nous sommes nous mêmes constitués de matière, certaines expériences nous donnent des résultats apparents trompeurs ( la célèbre expérience de Michelson, ne permettrait pas de détecter une différence de vitesse de propagation de la lumière (300 000 Km/s) entre la direction dans le sens du déplacement de la terre sur son orbite (29 Km/s) et la direction perpendiculaire, parce que la matière de l'interféromètre, composée d'ondes, se contracterait dans le sens du déplacement et pas dans le sens perpendiculaire).
Chaque particule actuelle résulterait d'un système d'ondes coextensif à l'Univers (avec cependant une intensité variable en fonction de la distance) : onde d'information venant du futur vers le présent de la particule, onde d'information allant du passé de la particule vers son présent, dialogue permanent entre la plus humble des particules et la totalité de ses sœurs et de leur parentèle qui peuplent l'Univers.

Il me semble que cela rejoint un peu la théorie des "cordes" relatée plus haut, mais sans faire appel à des hyper-espaces à douze dimensions.

Il n'y aurait plus de Big Bang. Avant l'apparition de la matière, l'Univers était une vaste étendue informe (on pourrait l'appeler "Ether") parcourue par des ondes ayant la nature de la lumière, ondes qui se seraient progressivement organisées en électrons et finalement en matière.

On ne peut s'empêcher de remarquer qu'on en revient toujours aux premiers versets de la Genèse !

A coté des spécialistes de la physique théorique, on trouve des approches pluridisciplinaires. En particulier, des biologistes qui philosophent sur les étapes de l'évolution universelle, depuis l'Ether initial, la formation de la matière, la coagulation des objets célestes il y a plus de douze milliards d'années... et une petite branche spéciale pour la vie, la coagulation en espèces et leur évolution ...
Ne s'attardant pas sur ce qu'il a pu y avoir dans les tréfonds d'un passé antérieur aux douze milliards d'années du Cosmos, ou d'un passé d'environ quatre milliards d'années pour la construction de la vie sur terre, ces apprentis philosophes s'interrogent sur ce qui pourrait émerger au cours des quelques quatre milliards d'années qui nous restent avant le début de l'extinction de notre soleil.


Complexité croissante

    "La complexité donne le sens des limites, elle nous convie à l’humilité ;
Elle nous donne à comprendre, comme le disait Shakespeare, qu’il y a une infinité de chose dans l’univers
qui surpasse tout ce que notre philosophie a pu en dire.
Et tout ce que notre science a prétendu expliquer."


    Serge Carfantan
Philosophie et spiritualité

Quand, à une dizaine d'années d'intervalle, on parcourt les publications scientifiques, particulièrement dans les domaines de la biologie, on est frappé par l'augmentation de la quantité de détails engrangés et de mécanismes locaux décortiqués. On a l'impression qu'on entasse des références, sans pour autant y voir plus clair au global. Trouver peut-être des pistes d'action contre la maladie et les divers accidents de la vie ordinaire, sans bien en saisir tous les effets secondaires à l'échelle de temps de l'humanité.

Pour les idéalistes, ceux qui voudraient mieux comprendre le monde extérieur, leur seule certitude c'est la découverte du principe de complexité croissante de la connaissance. Le réel recule devant nous. Peut-être la complexité est elle à la connaissance ce que l'entropie est à la thermodynamique ?

Pour les pragmatiques, ceux qui se contentent d'avoir des outils plus puissants pour agir sur le monde extérieur, leur seule certitude c'est qu'à chaque nouvelle avancée on ouvre la boite de Pandore. Le réel, même s'il n'est plus "chosique" comme ils disent, se défend de façon imprévisible.

De l'autre coté du miroir

    "S’incarner est aujourd’hui une expérience difficile.
Songez-y : il faut idéalement être capable de focaliser très intensément son attention dans la réalité physique,
habiter suffisamment son corps pour percevoir le monde et agir dedans,
et aussi savoir tourner son regard vers l’intérieur sans perdre ses repères."

    Vahé Zartarian
L'homme de demain

En parallèle à l'escalade de complexités mathématiques, au recours à de nouvelles dimensions, visibles ou invisibles, bref de la quête d'outils permettant de nous rapprocher de la toute-puissance sur la matière, une autre approche de l'insatisfaction congénitale de l'homme voit le jour. De nombreux penseurs, philosophes, chercheurs non orthodoxes, se tournent vers une autre facette de la condition humaine : la dimension spirituelle.

Il faut trier dans cette mouvance qui "ne se satisfait pas d'un futur réduit au progrès technologique, qui mécanise la vie et l’homme, et qui évacue la beauté, la joie, l’amour, et le sens" .

On y rencontre les gourous, fondateurs de sectes, professeurs de yoga et autres techniques de méditation, mais aussi les intégristes de telle ou telle religion, les prêcheurs du retour aux sources de la Bible ou du Coran, les nostalgiques de la messe en latin. On y rencontre aussi des illuminés syncrétistes qui picorent ici ou là des bribes de doctrine pour se rassurer en fonction des circonstances.

On y rencontre enfin ceux qui cherchent à ouvrir les voies d'une nouvelle spiritualité, ceux qui ne renient pas les avancées de la science, mais essayent d'éviter les impasses en passant à coté. Ils font appel à leur intuition, essayent de bâtir  de nouvelles philosophies, cherchent les supports de l'information omniprésente dans la Nature. Cette information, ils l'appellent pensée, esprit, âme, idée, eidos ... Elle meuble le vide des physiciens, elle est cœxtensive à l'univers, elle est le Tout et la Partie ...

On peut citer Vahé Zartarian : "La plus grande réussite  de l'homme est sans conteste sa capacité à se focaliser sur la réalité physique. Il a exploré cette facette avec une telle intensité que, du coup, il en a perdu ses repères dans les espaces intérieurs. C’est ainsi que nous en sommes presque tous réduits à croire naïvement que la matière est solide alors qu’elle a la consistance de la pensée, que les objets que nous percevons existent au-dehors et indépendamment de nous, tandis que les pensées qui nous viennent nous appartiennent en propre."
 

Esprit es-tu là ?

    "Il y aura toujours une frontière entre ce que l'on peut appeler le connu conscient et l'inconnu,
mais on finira bien par s'apercevoir un jour que tout cela n'est que question de terminologie,
tout est matière, tout est esprit, question de mots. "

    Martine Castello

Dans un texte précédent , j'ai soutenu un point de vue sans doute réductionniste, savoir que mon esprit est le résultat de l'activité des neuromédiateurs et autres molécules chimiques dans mon cerveau, activité qui cesse avec la mort, et même parfois avant, dans les cas sévères de maladie d'Altzheimer. Il est donc difficile d'admettre que cet esprit là soit immortel.

J'ai qualifié l'âme, supposée individuelle, de concept, c'est à dire une entité immatérielle, un peu à la façon des objets mathématiques. Il n'y a pas de réticence à admettre qu'un concept soit éternel.

Je l'ai même qualifiée de concept socioculturel, ce qui signifie qu'elle a autant rapport avec la façon dont l'Autre me représente dans son esprit, qu'avec la façon dont je me représente moi-même dans mon propre esprit, c'est le coté social. Qu'elle a un rapport avec ma tradition, sans se poser la question de savoir si  une partie de ces conditionnements est inscrite dans mes chromosomes ou pas, c'est le coté culturel.

J'ai fait référence à quelques auteurs publiés sur Internet . Je m'aperçois maintenant qu'il y a pléthore de recherches philosophiques passionnantes et sûrement beaucoup plus pertinentes que tout ce que je suis en mesure de dire.

Un peu partout on voit se développer un courant de pensée "finaliste".

Après deux ou trois siècles du "tout matière", faut-il s'engouffrer dans la bifurcation du " tout mental" ? Il me semble qu'il suffirait de revenir au "Mens sana in corpore sano "; à notre échelle humaine ce ne serait pas si mal.

Peut être est-il plus prudent pour notre santé d'atteindre les états modifiés de la conscience ( qui sont clairement des afflux de neurotransmetteurs et autres molécules actives dans notre cerveau ) en méditant sur la pitié du Bouddha, la vie et la passion du Christ, la miséricorde d'Allah, la vacuité de la matière, ou même la plénitude du vide, plutôt que d'absorber du LSD ou autres psychotropes. D'ailleurs a-t-on besoin d'états modifiés de la conscience pour savoir intuitivement que nous avons une âme ? Il suffit de méditer en marchant dans les rues, en évitant cependant de se faire écraser par un fiacre.

C'est vrai que le sort de l'âme après la mort pose question. Ceux qui croient à une âme collective, savent qu'ils en sont les dépositaires temporaires, et s'en contentent. Ceux qui croient à une âme individuelle, ressentent le gâchis de substance mentale, le gâchis d'amour accumulé qui résulterait de l'anéantissement de nos âmes. Dans toutes les traditions religieuses, occidentales et orientales, comme dans les philosophies athées, le sort de l'âme dépend de nos œuvres dans notre vie terrestre, et c'est très bien comme ça.







CONCLUSION PROVISOIRE

    "Ce qui reste à découvrir est encore plus vaste que ce que l'on sait...
En ce sens plus la science avance, plus elle fait progresser l'ignorance."

    Serge Carfantan
Philosophie et spiritualité - Leçon N°32

Ayant essayé d'examiner, à la lumière de la raison, la nature de la matière, de l'esprit et de l'âme, sommes nous plus avancés vers une quelconque sagesse ? ou au contraire submergés par les contradictions ? A chacun de faire son propre travail et tirer ses conclusions.

De toutes façons, cette quête est éternelle.


*  *  *    PJMB    * *  *
Janvier 2007

P.S. Ne manquez pas d'aller jeter un coup d'œil  aux sites Internet (voir bibliographie ci-dessous) sur les théories ondulatoires de la matière, ou encore, sur la structure universelle du vivant et du non vivant. Même si on ne comprend pas tout, ils sont passionnants et graphiquement très beaux.

Vous pouvez ainsi méditer la leçon N°110 de Serge Carfantan, qui expose les perspectives attirantes d'une nouvelle logique potentiellement capable de " rendre raison de la complexité du réel". Pour ce faire, il faudrait sortir des oppositions binaires matière - esprit, vrai - faux, onde - particule, continu - discontinu, bien - mal, et ainsi de suite. "Laisser de coté les oppositions duales inconciliables" et " résoudre un problème en restant au niveau du problème". Utiliser une autre logique, dite du "tiers inclus", qui "révèle une unité sous la dualité. Cela qui réunit les contraires et en fait des complémentaires."





BIBLIOGRAPHIE


LIVRES

Le phénomène humain - 1955 -Pierre Teilhard de Chardin
La relativité - 1956 - Albert Einstein
Mister Tomkins - 1936  1965- George Gamov
Eléments d'une théorie unitaire d'univers - 1962 - Jean Charon.
Les objets fractals : forme, hasard, et dimension  - 1973 - Benoît Mandelbrot
Le Macroscope - 1975 - Joël de Rosnay
Patience dans l'azur - 1981 - Hubert Reeves
Paraboles et catastrophes - 1983 -René Thom.
L'homme neuronal - 1983 - Jean-Pierre Changeux
Une brève histoire du temps - 1989 - Stephen Hawking
La relativité dans tous ses états - 1998 - Laurent Nottale
L'univers élégant - 2000 - Brian Greene.
L'effondrement radical et définitif de la Théorie de la relativité - 1998/2003 -  Maurice Allais

INTERNET

Brève histoire de l'âme - Marc Alain Descamps -
http://www.europsy.org/marc-alain/amein.html

Philosophie et spiritualité - Serge Carfantan - http://sergecar.club.fr/

La matière est faite d'ondes - Gabriel Lafrenière - http://www.glafreniere.com/matiere.htm

Structure universelle du vivant et du non vivant - Denys Lepinard-
http://www.ontostat.com/franc/biologie_fr.htm


Astronomie & Astrophysique -Olivier Esslinger - http://www.astronomes.com/index.html

L'information génétique - Gilles Bourbonnais -
http://ici.cegep-ste-foy.qc.ca/profs/gbourbonnais/pascal/nya/genetique/notesadn/adn1.htm


Un mathématicien très éclectique - Sylvain Poirier - http://spoirier.lautre.net/index.htm

Recherches scientifiques et épistémologiques -  Vahé Zartarian - http://co-creation.net/weid/

Maurice Allais économiste et scientifique - - http://allais.maurice.free.fr/index.htm


Wikipedia (notions avancées) - - http://fr.wikipedia.org