VAINCRE LES PEURS
la philosophie comme amour de la sagesse
Luc Ferry  -  2006 -

Notes de lectures
PJMB



Ce livre comprend trois parties :

* Une première partie reprend une conférence présentant le livre précédent « APPRENDRE À VIVRE ».  

* Une seconde partie reproduit des échanges de correspondance avec André Comte-Sponville, philosophe , Hippolyte Simon, évêque de Clermont-Ferrand, et Michel Quesnel, recteur de l'Université catholique de Lyon.

* Une troisième partie donne un aperçu succinct de divers mouvements philosophiques qui n’avaient pas été détaillés dans le premier ouvrage. En particulier Hegel, les existentialistes, Popper, Heidegger, les utilitaristes anglo-saxons. Mais toujours Rousseau, Kant, Pascal.

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Dans APPRENDRE A VIVRE, Luc Ferry nous explique que toute doctrine philosophique complète comprend trois volets:
- La conception que l’homme se fait du monde dans lequel il est plongé.
- La morale, ou éthique, ensemble des règles de conduite pour mener une vie en société « bonne », c'est à dire juste et heureuse.
- °  °  °La vision des fins dernières. Croyance ou sagesse (la doctrine du salut) qui lui permet d’affronter plus sereinement la douleur et la mort.

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André Comte-Sponville fait remarquer que le cheminement décrit par Luc Ferry est incomplet. Il y a eu des philosophies du salut avec Dieu (Malebranche, Pascal, Kierkegaard, Simone Weil...),  des oeuvres philosophiques sans doctrine du salut (Machiavel, Hume, Popper...), des philosophes qui ne croient pas au salut (... dont nombre de contemporains). Par moments, le reste de l’échange d’arguments avec Comte-Sponville est trop savant pour moi.

Michel Quesnel relève que, pour le théologien ou le chrétien cultivé, la foi et la raison ne s'opposent pas. Le doute fait partie de la démarche de la foi. D'ailleurs dit-il, le programme de Luc Ferry n'est pas très éloigné de l'attitude des croyants.

Hippolyte Simon résume la démarche de Luc Ferry en disant qu'il explore la question "qu'est ce qu'une vie réussie ? ". H.Simon fait remarquer, lui aussi, que le doute n'est pas le contraire de la foi, il en serait plutôt la condition. L'ensemble de l'échange est très intéressant.

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De la troisième partie, j'ai plus particulièrement noté:

*Karl Popper ( 1902-1994) a étudié le critère de démarcation entre le discours scientifique et les autres discours, notamment philosophique ou religieux. Il introduit la notion que la science n'a pas pour but de "vérifier" les hypothèses, mais de faire le maximum pour tenter de les réfuter (il dit "les falsifier"). Il est impossible de prouver empiriquement (c'est à dire par une expérience) qu'une proposition est vraie. Il est possible de prouver en toute rigueur qu'elle est fausse.

* L'utilitarisme anglo-saxon (Jeremy Bentham 1768-1832). Une action est bonne quand elle tend à réaliser la plus grande somme de bonheur dans l'univers pour le plus grand nombre possible d'êtres concernés par cette action. Elle est mauvaise dans le cas contraire, c'est à dire quand elle tend à augmenter la somme globale de malheur dans le monde.


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En conclusion Luc Ferry nous dit :  
Restons modestes. La religion, la psychanalyse, la philosophie, ne suppriment pas les peurs ( les angoisses, les douleurs...). Elles aident à apprivoiser une réalité toujours effrayante.